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Décryptage: Francs Borains, rêves d’une équipe de Bouchez

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Le président du MR devient celui de l’ambitieux club du Borinage, en route vers l’élite du football amateur.

La mise en scène a des allures grotesques, tant la grandiloquence de l’accueil musical contraste avec l’assemblée clairsemée et précautionneusement dispersée sur la pelouse locale. Les baffles crachent du Queen, un air de circonstance pour fêter le titre que les hommes de Dante Brogno auraient indéniablement fêté en ce mois d’avril si la crise sanitaire n’avait pas renvoyé les festivités à la maison. Le titre, c’est donc Georges-Louis Bouchez qui l’obtient. Le président du MR devient celui des Francs Borains, promus en D1 amateurs au terme – anticipé – d’une saison dominée de bout en bout. La surprise est de taille. En même temps, le slogan du club avait prévenu: « Les Verts vont vous étonner ».

Nettoyé par les faillites, le football hennuyer se résume aujourd’hui à un Charleroi en pleine ascension et à un Mouscron au bord du gouffre. Une place est donc à prendre à l’ouest de la Wallonie, et nombreux sont ceux qui semblent prêts à sauter sur l’occasion. Si Nicolas Martin, le bourgmestre socialiste de Mons, souhaitait accueillir les ambitieux Francs Borains entre ses murs et ainsi ranimer son Tondreau à travers un grand projet de fusion Mons/Borinage, le président du Mouvement Réformateur a été plus prompt à associer football et politique, un mariage dont les précédents hennuyers ne laissent pas que de bons souvenirs. Au vu de l’absence de garanties financières offertes par le pan montois de la fusion, les Borains ont préféré activer leur plan B: l’arrivée de Georges-Louis Bouchez, avec « des gens à moi, des investisseurs et un conseiller sportif qui est un gars de la région. »

L’ambition saute aux yeux dans le club soutenu par David Lasaracina, agent de joueurs passé à la postérité pour avoir envoyé Radja Nainggolan vers sa carrière italienne. Véritable amoureux des couleurs boraines, agissant sous un costume toujours tendancieux de « conseiller sportif », il profite notamment de ses excellents rapports avec le club de Charleroi pour obtenir les services de quelques jeunes prometteurs du club dont l’horizon zébré semblait bouché, comme Nathan Durieux, Malick Keita ou Thomas Wildemeersch. Dans le Pays Noir, le Mambour est devenu le lieu par excellence où les liens entre politique et football se tissent. Georges-Louis Bouchez était, ainsi, l’une des quelques figures politiques de renom présentes dans les tribunes carolos lors du duel entre Charleroi et le Standard, à la fin du mois de février dernier. De quoi expliquer que son discours d’intronisation à la tête du club borain semble puiser de nombreuses inspirations dans les monologues ambitieux de Mehdi Bayat ?

Les Francs Borains ne cachent pas leurs ambitions, avec une structure mise en place qui se rapproche de plus en plus des codes du professionnalisme. Le genre de projet qui semble s’immuniser contre le doute au moment de se présenter face à la commission des Licences, à chaque fin de saison. Une attitude qui n’a pas toujours été la norme dans le football hennuyer.

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