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Décès de Roger Lambrecht : et soudain le président se réveilla alors qu’il dormait derrière le volant de sa voiture

Jacques Sys
Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Notre rédacteur en chef Jacques Sys revient sur la vie d’un homme qu’il considère comme le dernier président de l’ancienne école.

Les anciens joueurs de Lokeren aimaient raconter cette histoire en interview. Lorsque Roger Lambrecht garait sa voiture au bord du terrain d’entraînement et suivait tout depuis son poste, il lui arrivait parfois de s’endormir derrière son volant. Les joueurs envoyaient alors le ballon exprès en direction de la vitre de la voiture de leur président qui se réveillait en sursaut. Cette situation a provoqué quelques beaux éclats de rire.

Cette anecdote illustre les différentes époques auxquelles Lokeren a vécu. Roger Lambrecht dirigeait le club à l’ancienne et semblait ignorer toute forme d’innovation. Il a essayé que les finances de Lokeren restent stables, comme cela avait été le cas avec les présidents précédents.

Etienne Rogiers était à la tête de Lokeren au début des années 80 lorsque l’équipe était composée de joueurs de classe mondiale. L’attaque Lato-Lubanski-Larsen est la meilleure qui ait jamais foulé les terrains de Belgique. Grâce à la générosité du président Rogiers.

Des footballeurs intelligents

Roger Lambrecht n’a au départ pas investi d’argent dans le club. Cela a changé par la suite. Il appelait ces investissements des prêts sans intérêt. Lambrecht était un passionné de football, il aimait les footballeurs intelligents comme l’Islandais Runar Kristinsson ou tous les footballeurs africains qui sont passés par Daknam. Patrice Zéré était le leader, il se faisait appeler « Monsieur le Président » par ses coéquipiers et Lambrecht adorait ça.

Le président aimait la technique pure des footballeurs africains, leur créativité sur le terrain. Un jour, quelqu’un a désigné Lokeren comme un arbre blanc aux branches noires. Un arbre qui fleurissait parfois, mais parfois pas.

Autoritaire

Avec le décès de Roger Lambrecht, une page s’est tournée, non seulement à Lokeren, mais aussi dans le football belge en général. Il était le dernier président de l’ancienne école.

Les clubs étaient autrefois dirigés par des présidents très autoritaires, des autocrates qui restaient longtemps à la barre de leur club. Constant Vanden Stock et Roger Petit il y a longtemps à Anderlecht et au Standard respectivement, Eddy Wauters à Anvers, Roger Lambrecht beaucoup plus tard, à partir de la moitié de l’année 1994 à Lokeren. Ils sont venus, ont payé et ont décidé.

28 entraîneurs sous sa présidence…

Lambrecht a hissé Lokeren à un niveau supérieur, mais il savait qu’un club situé à mi-chemin entre Gand et Anvers serait difficile à garder dans la durée dans le subtop belge. Néanmoins, il a continué à s’engager sans faire appel à aucune contribution. C’est également de cette manière qu’il a fondé et développé son entreprise de pneumatiques, en travaillant dur. Lambrecht détestait les gens qui prenaient des raccourcis. Il était exigeant. En premier lieu à lui-même.

La patience n’était en revanche pas le fort de Roger Lambrecht. En un quart de siècle, Lokeren a connu 28 changements d’entraîneur, même si Peter Maes est resté sur le banc pendant cinq ans lors de son premier mandat. Lambrecht ne supportait pas non plus la critique. Il n’avait pas peur de s’en prendre aux journalistes lors des conférences de presse, lorsqu’ils l’accusaient de ne pas accepter que le club soit repris ou soutenu financièrement pas d’autres personnes. Lambrecht n’a pas fait cela. Il ne voulait simplement pas entendre parler d’investisseurs étrangers comme dans d’autres clubs voisins.

Lorsque sa santé ne lui a plus permis d’exercer son métier et sa passion à plein temps, il a finalement vendu son club à la fin de la saison 2019, après 25 ans de présidence, à l’ex-courtier Louis de Vries. C’était le début de la fin. Lambrecht a souffert de la destruction de l’oeuvre de sa vie. Mais il ne l’a jamais révélé au grand public et est ensuite resté dans l’ombre jusqu’à la fin de sa vie.

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