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De La Masia à Anderlecht, découvrez le parcours de Sergio Gómez

En 2018, Sergio Gómez Martín quitte La Masía avec l’étiquette de grand talent. Mais alors que fait ce Catalan de vingt ans à Anderlecht, où il espère relancer sa carrière après un échec au Borussia Dortmund?

S ergio Gómez passe de paisibles vacances à Fuerteventura, l’une des Îles Canaries, lorsque la sonnerie de son téléphone retentit. Au bout du fil, un certain Vincent Kompany. « Je ne m’étais pas encore entraîné sous sa direction, mais pendant l’entretien, j’ai rapidement remarqué que sa philosophie ressemblait très fort à ce qu’il dégageait comme joueur », affirme Gómez .

Le Sporting est lui-même en pleine reconstruction et offre une chance à beaucoup de jeunes talents de se développer, notamment ceux qui viennent de l’étranger. « Nous voulons d’abord nous qualifier pour la Conference League, mais l’ambition est là. Je débarque dans un club en pleine ascension qui utilise de nombreux joueurs formés en son sein », a expliqué le joueur de vingt ans au quotidien sportif espagnol Marca. Pour 1,5 million d’euros, les Mauves ont attiré un joueur talentueux qui cadre parfaitement à la philosophie du club, tant au niveau du style de jeu que du processus de développement. « J’espère pouvoir contribuer à la mise en place d’un beau football offensif », a déclaré le meneur de jeu lors de sa présentation, tout en précisant: « Je peux être aligné à différentes positions ». Quelques apparitions comme wingback ont suffi à convaincre le directeur sportif Peter Verbeke de mentionner ce poste dans le communiqué de presse. Cela signifie-t-il que Kompany expérimentera différentes options? L’avenir nous l’apprendra. Lors des premières rencontres de championnat, l’Espagnol a en tout cas évolué à l’arrière gauche.

Pour un joueur offensif, il est trop peu présent dans les zones où il peut être impliqué dans les buts.

Trois millions

Sergio Gómez naît à Badalone, une ville côtière située près de Barcelone. Il se révèle rapidement trop bon pour les clubs locaux, le CF Badalona et le CF Trajana, et atterrit dès l’âge de sept ans à l’Espanyol, que le jeune Catalan quitte trois ans plus tard. Il fait ses valises en espérant un déménagement un peu plus haut dans la ville, chez le voisin du Barça. Victoire, les portes de La Masía s’ouvrent, et comme tant d’autres, il a l’occasion de démontrer qu’il a en lui les capacités de défendre les couleurs blaugranas.

Gómez brille dans les différentes équipes d’âge du FC Barcelone, ce qui lui vaut de signer très tôt un contrat professionnel. Durant l’été 2017, il arrive dans sa dernière année de contrat dans la capitale catalane. Le club veut alors le prolonger, afin de le garder un peu plus longtemps, et souhaite également augmenter la clause libératoire qui figure dans son précédent contrat – une obligation en Liga – qui s’élève à peine à trois millions d’euros. Ceci afin d’éviter un nouveau scénario à la Cesc Fàbregas, qui avait vu un jeune talent partir pour une bouchée de pain.

Mais Gómez n’apposera jamais sa signature au bas de ce nouveau contrat, et les recruteurs du Borussia Dortmund tentent donc leur chance en janvier 2018. Depuis qu’il est passé tout près de la faillite au début de ce siècle, le club de Rhénanie du Nord-Westphalie est réputé pour offrir une chance au plus haut niveau à des jeunes talents européens. Sergio Gómez se laisse ainsi séduire. Dans la foulée, Barcelone accroît son budget pour la formation des jeunes, afin d’éviter d’encore devoir lâcher des jeunes talents à des prix bradés.

« Au niveau mondial, c’est l’un des meilleurs joueurs de sa génération », déclare le directeur sportif du BVB Michael Zorc lors du recrutement de Gómez. Le Catalan dispute d’abord la deuxième moitié de saison 2017-18 avec les équipes de jeunes de Dortmund, avant – en tout cas l’espère-t-il – de recevoir sa chance chez les professionnels. En fin de saison, il peut goûter à deux reprises à la Bundesliga en montant au jeu sous la direction de l’entraîneur de l’époque, Peter Stöger.

Mais alors que l’on pense que Lucien Favre, le nouveau coach qui débarque la saison suivante, va lui offrir régulièrement du temps de jeu, Gómez n’a droit qu’ à une une seule apparition en championnat sous la houlette du technicien suisse. En Ligue des Champions, il doit se contenter de quelques minutes de jeu lors d’un déplacement à Monaco. L’adaptation à un nouvel environnement et à une vie indépendante se révèle difficile. Trois cours d’allemand par semaine sont censés l’aider à résoudre ces problèmes, mais l’horizon ne s’éclaircit pas.

Traverser la rue

Alors que d’autres jeunes comme Jadon Sancho et Dan-Axel Zagadou bénéficient régulièrement de temps de jeu, le meneur de jeu, encore un peu tendre, doit lui se contenter d’observer ses comparses depuis le banc ou la tribune. Sebastian Kehl, considéré en son temps comme le possible successeur de Zorc au Borussia Dortmund , reconnaît lui-même que Gómez est encore en pleine période d’adaptation: « Nous essayons de l’aider du mieux que nous pouvons, mais il se retrouve complètement seul ici et nous ne pouvons pas nous occuper de tout. Il arrive un moment où les jeunes doivent même apprendre à traverser la rue. Ça fait aussi partie de l’apprentissage. »

Gómez sous le maillot mauve. L'Espagnol doit s'imposer à Bruxelles après avoir échoué à Dortmund.
Gómez sous le maillot mauve. L’Espagnol doit s’imposer à Bruxelles après avoir échoué à Dortmund.© BELGAIMAGE

Au Signal Iduna Park, on en conclut que le talentueux milieu de terrain a plutôt intérêt à acquérir d’abord de l’expérience dans son propre pays. « Sergio a beaucoup de talent, mais il a besoin de temps de jeu et nous ne pouvons pas le lui garantir », avoue Zorc lors de l’annonce du prêt. Plus près de chez lui, mais toujours seul, Gómez cherche son bonheur dans un prêt à Huesca, une ville dans la province espagnole d’Aragón.

En Liga 2, Goméz est 19 fois titulaire et monte au jeu à plusieurs reprises. Il inscrit un but et délivre trois assists, la plupart du temps comme ailier droit ou numéro 10. À Huesca, il se retrouve dans une équipe défensive, où il n’a pas vraiment l’occasion de s’exprimer totalement. « Gómez ne s’est pas réellement adapté à l’équipe et n’a pas pu endosser le rôle de leader. Il donnait de temps en temps un aperçu de son talent, mais manquait d’expérience pour briller régulièrement », explique Víctor Rapun, qui suit le club pour le journal local Sport Aragón. Son principal point d’amélioration se situe au niveau de la finition: en tant que joueur offensif, il est trop peu présent dans les zones où il peut être impliqué directement dans les buts.

Grâce à sa formation technique, Gómez est habitué à jouer sous pression.

Après avoir été promu au plus haut niveau, la SD Huesca prolonge l’aventure sous forme d’un nouveau prêt, mais sans jamais le transférer à titre définitif. « Durant sa deuxième saison au club, il a surtout été utilisé dans un rôle de remplaçant, afin d’utiliser sa vitesse lorsque l’équipe était menée, et il a même parfois joué comme wingback. Il y a eu des discussions pour prolonger son séjour, mais Gómez voulait franchir un cap comme joueur et il considère Anderlecht comme une occasion de développer son potentiel », explique Rapun.

L’option la plus sûre

Un peu plus de trois ans après son départ pour Dortmund, l’Espagnol doit enfin confirmer son potentiel. Même si sa période en Allemagne a été une expérience enrichissante, le gaucher s’était imaginé son aventure autrement: « Ce fut une période difficile durant laquelle je n’ai pas reçu les minutes de jeu que l’on m’a accordées à Huesca », admet Gómez.

Après le retour de prêt de ses joueurs, la sélection du Borussia Dortmund compte 34 joueurs: c’est trop au goût de Marco Rose, le nouveau coach des Schwarzgelben. On dégraisse donc le noyau, et les joueurs prêtés Marius Wolf, Immanuel Pherai et Sergio Gómez sont priés d’aller voir ailleurs, de préférence avant la reprise des entraînements.

Pour les amateurs du jeu de simulation Football Manager, Sergio Gómez n’est pas un inconnu. Depuis quelques années, les watchers du jeu prédisent un bel avenir au nouveau numéro 17 d’Anderlecht, qui a accepté de faire un pas en arrière en Belgique pour – c’est en tout cas l’objectif – en faire deux en avant, plus tard.

Sa principale qualité réside dans sa capacité à conserver le ballon, tant par son jeu de passes qu’avec ses dribbles. Mais il choisit encore trop souvent l’option la plus sûre. Grâce à ses centres venus du flanc, il amène certes des ballons dans le rectangle, mais il a encore trop tendance à ne pas s’aventurer lui-même dans cette zone, où il pourrait servir un partenaire ou tenter sa chance au but. Lorsque Gómez évolue sur le côté droit, il rentre fréquemment dans le jeu, où il offre des possibilités de passes à l’arrière gauche, au défenseur central ou aux milieux de terrain, et ouvre l’espace à l’arrière droit pour monter.

Grâce à sa formation technique de haut niveau, il est habitué à jouer sous pression. Et comme il analyse constamment son environnement, il peut s’ouvrir un chemin à travers les défenseurs adverses grâce à son football en un temps ou son jeu de pied rapide. On voit directement qu’il a été formé dans une équipe technique qui pratique un football dominant, même si ses prêts successifs ne lui ont pas permis de révéler pleinement ses qualités. Le championnat de Belgique donnera-t-il la possibilité de voir à l’oeuvre le vrai Sergio Gómez?

De La Masia à Anderlecht, découvrez le parcours de Sergio Gómez
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La griffe du Barça

Chez les aleví (U11) du FC Barcelone, Sergio Gómez était le genre de joueur à être décisif dans les grands matches. Progressivement, il a gravi les échelons dans les équipes de jeunes. Dans chaque catégorie d’âge, il était l’un des plus grands talents du Barça. Comme joueur, il est passé du poste d’attaquant de pointe à celui de joueur de flanc, et même de milieu de terrain axial.

Après avoir remporté le championnat d’Europe U17 et U19, et perdu la finale de la Coupe du monde U19 contre l’Angleterre de Phil Foden, en compagnie d’ Eric García (de retour à Barcelone après avoir joué à Manchester City) et de Ferran Torres (Manchester City), il s’est fait un nom en Espagne. Lors de cette finale perdue, Gómez a inscrit deux buts et a été élu deuxième meilleur joueur du tournoi, derrière Foden. À 17 ans, il a décliné les propositions des clubs anglais afin d’essayer de percer à Barcelone, le rêve de beaucoup de jeunes.

Les comparaisons avec Andrés Iniesta sont allées bon train, et Goméz porte d’ailleurs la griffe du Barça: technique raffinée, bon positionnement et toujours conscient des joueurs qui l’entourent. À un stade plus avancé des équipes de jeunes, on s’est cependant aperçu que sa finition faisait défaut.

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