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Comment Vercauteren a réanimé Anderlecht

Depuis l’arrivée de Frank Vercauteren à Neerpede, Anderlecht a signé un six sur six en championnat. Comment s’y est-il pris pour faire revivre le Sporting en si peu de temps ?

À la veille du déplacement à Charleroi, la direction d’Anderlecht appliquait un plan de bataille éprouvé : en cas de crise, elle rappelle une icône du club. C’est ainsi qu’après Pär Zetterberg, Vincent Kompany et Frank Arnesen, Frank Vercauteren effectuait son retour au bercail. À Neerpede, personne n’avait senti venir le coup : comme pour l’arrivée de Kompany, la direction avait réussi à garder le secret jusqu’au dernier moment. Aussi étonnant que sa puisse paraître : même Arnesen n’était pas au courant.

La question demeure : Vercauteren a-t-il été imposé à Kompany ou la réorganisation du staff a-t-elle été discutée en interne et acceptée de plein gré par Vincent ?

Autant vous dire qu’il ne savait pas non plus qu’il allait être limogé : le sexagénaire danois avait même invité ses collaborateurs à manger un morceau de tarte et il se montrait bien trop euphorique. Ce n’était pas l’attitude de quelqu’un qui savait qu’il allait perdre son boulot. Mais en interne, cette énième mise à l’écart ne pose même plus question. Depuis l’arrivée de Marc Coucke, les gens se sont habitués à une succession de départs. Ils en rigolent même : qui sera le prochain sur la liste ?

La nomination de Vercauteren aurait dû réconforter les supporters mais au Stade du Pays de Charleroi, on les sentait plus divisés que jamais. Le célèbre Brussels Casual Service (BCS) déployait une banderole minuscule dont le message était clair : Coucke buiten ! Un peu plus loin, dans le même bloc réservé aux visiteurs, la Mauves Army soutenait ouvertement le club : Ne jamais rien lâcher.

Le décor était apocalyptique et lorsque le rideau de fumée causé par les feux de Bengale s’est estompé, le visage de Vercauteren est apparu. À sa gauche, un Kompany stoïque. Extérieurement, il donnait l’apparence d’être serein. Lui et sa clique sont dans une bulle. Hormis ses amis proches, personne ne sait exactement comment Vince se sent. Dans les couloirs, les gens se posent une question : Vercauteren lui a-t-il été imposé ou cette réorganisation du staff a-t-elle été discutée en interne et acceptée de plein gré par Kompany ? Après la victoire à Charleroi, un membre important du staff technique reconnaissait que la réforme avait eu un impact important sur l’état d’esprit de tous les entraîneurs.

POSITIVISME

Deux semaines plus tard, après une absence de plus de 4300 jours, Vercauteren célébrait son retour au Parc Astrid par une nette victoire (4-1) contre Saint-Trond. Mais son premier vrai test, il l’avait déjà passé la veille lorsqu’il a appris que de nombreux titulaires étaient malades ou blessés. Certains d’entre eux n’avaient pu s’entraîner samedi et d’autres n’avaient pu accompagner l’équipe en mise au vert. Des témoins oculaires parlent même de préparation chaotique. Mais malgré cette confusion, Vercauteren a conservé la tête froide.

Jusqu’à mercredi, l’ex-conseiller sportif d’OHL s’est tenu à l’écart à Neerpede. Il n’a pas parlé beaucoup – la plupart des joueurs n’avaient même jamais entendu le son de sa voix – et s’est consacré à son rôle d’observateur. Il a analysé ses joueurs de la tête aux pieds. Sur le plan de l’organisation, pas grand-chose n’a changé : Simon Davies donne l’entraînement et Kompany fait toujours office de leader, d’exemple pour l’équipe.

Il a, certes, dû abandonner certaines compétences mais, au sein du vestiaire, il a toujours autant de crédit. Les joueurs ont toujours beaucoup d’estime pour lui car il connaît le football. Vince peut parler de tout, il analyse parfaitement les matches et il sait ce qu’un joueur doit faire sur le plan tactique.

Mais Michael Verschueren et Kompany ont oublié que cet exercice pouvait être une saison de transition. Le staff n’a donc cessé de répéter : dès que nous gagnerons un match, nous serons lancés. Lors des playoffs 1, tout est possible, même le titre. Ça partait d’un bon sentiment, c’était une façon de faire preuve de positivisme à l’égard du groupe et les joueurs, même les plus expérimentés, répétaient en public que tout allait bien se terminer.

Après la défaite à Bruges, Alexis Saelemaekers a même prétendu qu’Anderlecht pouvait encore être champion. Le lendemain, c’est à peine si Kompany ne l’embrassait pas pour avoir pris ses responsabilités. La tâche de Vercauteren sera d’apporter du réalisme sur le terrain comme dans le vestiaire.  » Nous ne voulons pas nous fixer d’objectifs mais nous savons où nous voulons en venir « , disait Vercauteren après le match contre Saint-Trond.

AUDIT

Vercauteren s’est mis au travail de façon très prévenante. Il n’a pas l’intention de tout chambouler d’un seul coup mais il entend façonner ce jeune groupe en y allant progressivement. Une de ses premières décisions a été de retitulariser Trebel.  » On ne peut pas continuellement parler du passé. Trebel est un joueur comme les autres et, après une bonne discussion, il sait exactement ce que nous attendons de lui. Il a fait son boulot et son rendement a été bon.  »

Malgré son petit creux du mois de septembre, Vercauteren n’a pas l’intention de laisser tomber Killian Sardella, qui serait suivi par plusieurs clubs étrangers. Dans l’entourage de Sardella, on est convaincu d’une chose : s’il avait dix centimètres de plus, il pourrait concurrencer Philippe Sandler pour une place dans l’axe de la défense.

Entre-temps, la direction a exprimé l’intention de prolonger le contrat de l’arrière central converti en arrière latéral. Et dès que Vercauteren aura terminé l’audit de son noyau, il pourra préparer le mercato hivernal. La priorité, c’est un nouvel arrière gauche. Il faudrait également un gardien afin de titiller Hendrik Van Crombrugge et Thomas Didillon. Davy Roef et Frank Boeckx arrivent en fin de contrat et l’un d’entre eux pourra déjà partir cet hiver.

Sur le plan de l’organisation, pas grand-chose n’a changé : Simon Davies donne l’entraînement et Kompany fait toujours office de leader, d’exemple pour l’équipe.

Avec des matches face à Eupen, Gand, le Cercle Bruges et Zulte Waregem au programme avant le mini-break international, on verra si la formule de Vercauteren, basée sur l’efficacité et le football vertical, plaît au public.  » La verticalité est importante dans le football actuel et les joueurs l’ont bien compris. Mais ils doivent aussi faire preuve d’audace et prendre des initiatives « , concluait Vercauteren. L’Anderlecht nouveau est arrivé.

Vercauteren en chiffres

1 La seule défaite de Vercauteren face à Saint-Trond remonte au 10 mars 2006 lorsque Désiré M’Bonabucya et Tamás Hajnal ont fait joujou avec la défense bruxelloise. Ce jour-là, peu avant l’heure de jeu, Pär Zetterberg avait été remplacé par… Anthony Vanden Borre. Vercauteren a gagné sept des neuf autres matches contre Saint-Trond, celui de dimanche dernier inclus.

7 Depuis le dernier titre, remporté en 2017 sous la conduite de René Weiler, Vercauteren est déjà le septième T1 à prendre place officiellement sur le banc anderlechtois. Avant lui il y a eu successivement Nicolas Frutos, Hein Vanhaezebrouck, Karim Belhocine, Fred Rutten, Simon Davies et Jonas De Roeck.

12 La dernière victoire de Vercauteren avec Anderlecht remontait à la 12e journée de la saison 2007-2008 face à Westerlo (3-1). Bart Goor et Serhat Akin avaient inscrit les buts bruxellois, Stef Wils avait égalisé pour Westerlo.

25 Vercauteren a entamé sa carrière d’entraîneur à Anderlecht le 12 février 2005. Il s’est incliné 0-1 face à Ostende avant de signer une série de 25 matches de championnat sans défaite. Celle-ci a été interrompue fin novembre 2005 à Westerlo (2-1). En deux ans et demi au Parc Astrid, Vercauteren a signé deux autres belles séries en championnat : 20 matches sans défaite du 20 novembre 2006 au 12 mai 2007 et 15 matches sans défaite du 18 mats 2006 au 22 septembre 2006. Des statistiques qui, aujourd’hui, laissent tout le monde rêveur à Anderlecht.

1008 Vercauteren a été entraîneur d’Anderlecht pendant 1008 jours au cours de son premier passage. Il a été limogé le 12 novembre 2007, au lendemain de la défaite au Germinal Beerschot (2-0).

4342 C’est le nombre de jours qui se sont écoulés entre la date de son licenciement en 2007 et son retour, le 3 octobre dernier. Pendant ce temps, il a entraîné les Diables Rouges, Genk, Al Jazira Club (Émirats Arabes Unis), le Sporting Clube Portugal (Portugal), le FC Malines, Krylia Sovetov Samara (Russie), le Cercle Bruges et Al-Batin (Arabie saoudite).

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