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Comment Raphael Holzhauser a retrouvé son football (et le Beerschot avec)

La renaissance du Beerschot coïncide avec celle de Raphael Holzhauser (28 ans), dont les statistiques s’améliorent. Focus sur une résurrection anversoise.

 » Raphael Holzhauser? Un très bon joueur, à condition d’être bien entouré », nous dit un ex-entraîneur. « Holzhauser? Il est bon balle au pied et maintenant, il rejoue trente mètres plus haut. Au cours des huit premières semaines, il envoyait les mêmes ballons que la saison dernière, mais trente mètres plus bas, ça ne faisait pas le même effet. Rapha ne fera pas quarante sprints pour défendre, mais offensivement, il trouve des espaces et s’il ne doit pas travailler en perte de balle, il a du talent », ajoute un adversaire.

La renaissance du Beerschot après un calamiteux deux sur 36, c’est aussi celle de l’Autrichien, qui cassait la baraque l’an dernier mais qui, au cours des onze premiers matches de la saison, n’avait inscrit qu’un but et délivré trois passes décisives seulement. Le Beerschot a ensuite pris sept points sur douze en championnat et on a revu la meilleure version d’Holzhauser, avec un assist à Anderlecht, des buts contre Seraing et Courtrai, et une nouvelle passe dé’ contre Genk. Le Beerschot joue-t-il mieux parce que Holzhauser est meilleur ou est-ce l’inverse? Quelle est la clé de ce retour? Le nouveau coach? Ou autre chose?

Départs fatals

Premier constat: Holzhauser est un bon joueur seulement s’il est bien entouré. La saison dernière, le Beerschot était troisième après seize journées. Holzhauser avait inscrit neuf buts et délivré trois assists. Dans son dos, RyanSanusi, IsmailaCoulibaly et TomPietermaat travaillaient énormément. Devant lui, il y avait TarikTissoudali et MariusNoubissi. La collaboration entre l’Amstellodamois et l’Autrichien avait rapporté quatre buts aux Rats. De plus, les deux hommes étaient amis et le sont restés après le départ de Tissoudali pour Gand. Encore aujourd’hui, ils vont souvent manger ensemble. Sur le terrain, Holzhauser s’entendait également très bien avec Noubissi, qui avait marqué lors des trois premières journées (avec un neuf sur neuf à la clé), chaque fois sur une passe de Holzhauser, qui convertissait les penalties et tirait les coups francs. En fin de saison, l’Autrichien avait inscrit seize buts, dont sept sur coup de réparation (il en avait raté deux). L’association avec MusashiSuzuki rapportait moins: le Japonais n’avait inscrit qu’un but sur une passe de Holzhauser.

Cet été, le Beerschot s’est donc donné pour mission de bien entourer son meneur de jeu. Le départ de Tissoudali à la trêve hivernale avait laissé un vide tandis que Noubissi, qui avait tout joué jusqu’à fin septembre la saison dernière, n’avait été titularisé que deux fois par la suite. Il était plein de bonne volonté mais très fragile, car il ne supportait pas la charge de travail. S’il jouait nonante minutes, il ne pouvait pratiquement pas s’entraîner au cours des jours suivants. Au plus haut niveau, un attaquant doit pouvoir travailler sans ballon et Noubissi n’en était pas capable. PeterMaes s’en était déjà aperçu et JavierTorrente l’utilise surtout comme joker dans les vingt dernières minutes.

LawrenceShankland (26 ans), son successeur en pointe, est arrivé au Kiel à la mi-août. L’Écossais a mis un peu de temps à s’adapter à notre championnat mais depuis, Holzhauser lui a déjà offert deux buts. Pour l’Autrichien, l’arrivée de deux Sud-Américains s’est avérée tout aussi importante. RamiroVaca a débarqué fin août et MoisésCaicedo, le tout dernier jour du mercato. Ce sont deux bons joueurs qui s’entendent bien avec Holzhauser.

Trente mètres plus haut

Cela nous amène au deuxième constat: Holzhauser joue désormais trente mètres plus haut. Il tire davantage au but et, surtout, ses tirs sont plus souvent cadrés. Il touche moins de ballons, aussi. Le Beerschot ne passe plus seulement par lui, il est donc moins prévisible qu’en début de saison, lorsqu’il délivrait cinquante passes par match au lieu des 25 actuelles.

La saison dernière, Coulibaly et Pietermaat bossaient sans relâche dans son dos, ce qui lui permettait de ne pas trop défendre. Cette saison, Pietermaat a raté le début du championnat, ce qui a obligé l’Autrichien a redescendre d’un cran. Il devait donc procéder par de plus longues balles pour atteindre les attaquants. De plus, Coulibaly n’est pas encore mûr. Le Malien n’a que vingt ans et la saison dernière, il a tellement travaillé qu’il a fini par se blesser. Pour ne pas perdre le ballon qu’il venait de récupérer, il avait trop souvent tendance à jouer latéralement ou en retrait. Ça cassait le rythme et ça empêchait Holzhauser de trouver des espaces car l’adversaire avait le temps de se réorganiser.

Il y a eu des discussions entre le meneur de jeu et Peter Maes, l’entraîneur qui devait intégrer les nouveaux et demandait à chacun de faire un effort. Les deux hommes ne se sont pas rencontrés au meilleur moment. Le coach était très exigeant sur le plan physique, et le joueur, lui, se disait mal entouré. Les arrivées de Caicedo (19 ans) et Vaca (22 ans) ont permis de régler ce problème mais très vite, les deux jeunes joueurs sont rentrés dans leurs pays respectifs (Équateur et Bolivie) pour des matches internationaux. À la mi-septembre, quelques jours après leur retour, le Beerschot s’est incliné à domicile face à Saint-Trond et Maes a été viré.

Il a également fallu un peu de temps à Javier Torrente avant de tirer le meilleur parti du quatuor Vaca-Shankland-Caicedo-Holzhauser, des joueurs talentueux et travailleurs. Outre son sérieux, l’Équatorien est toujours rentré à temps d’Amérique du Sud, Caicedo a amené de la verticalité. Contrairement à Coulibaly, il apporte ce que l’entraîneur argentin du Beerschot demande: de l’énergie et un jeu plus direct vers l’avant. Ça permet à Holzhauser de jouer plus haut et, comme ça va plus vite, de trouver plus facilement des espaces.

Les voyages incessants des deux jeunes vers l’Amérique du Sud – ils y sont retournés en octobre et en novembre – ont un peu fait traîner les choses, mais les prochains déplacements n’auront pas lieu avant fin janvier, ce qui va leur permettre de se reposer et de travailler les automatismes.

Le nombre de ballons touchés par match le prouve: Holzhauser a toujours pris ses responsabilités. Quelques membres du noyau dur ont pu s’en apercevoir l’été dernier. Lorsqu’ils s’en sont pris à un membre féminin du staff médical, Holzhauser a pris sa défense et n’a pas fui la confrontation. Malgré quelques ratés, il s’est également montré sur penalty. Et maintenant qu’il est entouré de joueurs plus talentueux, tout rentre petit à petit dans l’ordre.

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