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Comment le RAEC Mons est mort

Stephane Vande Velde

Moins d’un an après sa relégation, le RAEC Mons n’est plus. Chronique d’une mort annoncée.

Le RAEC Mons est désormais mort, la faute à ce stade, tourment de la famille Leone depuis plus de dix ans, la faute à cette équipe incapable de fidéliser public, sponsors et joueurs. Incapable de grandir financièrement. Incapable de vivre sans les deniers de son président-mécène, Dominique Leone. Il était écrit que ce club sous perfusion mourrait le jour où Leone débrancherait l’oxygène. C’est ce qui s’est passé, cette année. La saison 2014-2015 commencée en D2 a donc tourné au fiasco. Déclaré en faillite le 16 février, le club n’a pas su trouver de repreneurs.

Restrictions budgétaires

Retour en début de saison. Le RAEC Mons est relégué au terme d’une saison calamiteuse. Dominique Leone en a marre. Marre de crier au loup en voyant ce chancre de stade, auquel il manque deux tribunes. Alors que le désert financier de la D2 se profile, il menace la ville de se retirer si celle-ci ne débloque pas des fonds pour terminer le stade. Alors en pleine campagne électorale, la ville décide de dégager un budget pour le RAEC Mons. Mais la descente en D2 vient une première fois bouleverser les plans.

Pierre François avait déjà compris au mois d’août. Sa campagne de transfert a pour but de faire fortement baisser la masse salariale (qui représentait quand même plus de 50% du budget du club). Les gros salaires qui touchaient 12.000 euros par mois (sans les primes) plus 100.000 euros de prime à la signature par an, doivent changer d’air. Les 18 nouveaux joueurs sont logés à une autre enseigne. Au total, les 18 ne coûtent en masse salariale que 900.000 euros par mois, primes comprises !

La fuite des sponsors

Leone s’est montré soit naïf, soit présomptueux et très vite, il se rend compte que le club continue à perdre de l’argent.  » Mais ce n’était pas nouveau. Quand vous avez une perte de trois millions d’euros sur un budget de 6 à 7 millions d’euros, il y a un problème « , lâche François. Les sponsors ont lâché le club. Le main-sponsor maillot, Les Verandas Willems, qui avait un contrat de trois ans (300.000 euros par an) qui arrivait à échéance en juin ne l’a pas reconduit, autant à cause de la descente que du départ d’Alain Lommers et de Virginie Parijs, la directrice commerciale, avec lesquels Luc Willems, le patron, entretenait des bonnes relations. D’autres sponsors ont revu à la baisse leur participation. A cela s’ajoutait une baisse de la fréquentation (certains matches devant à peine 1.500 spectateurs).

Au mois de novembre, Dominique Leone sort du bois et lance son cri de détresse. Mais cette sortie n’a pas l’effet escompté. Que du contraire ! Un article sorti dans Sport/Foot Magazine dans lequel il s’en prend à Elio Di Rupoest mal perçu du côté de la ville. Di Rupo intime l’ordre de ne pas bouger tant que Leone est président. Jadis complices, les deux hommes ont vu leur relation se refroidir au fil des ans. Le timing de la sortie de Leone est désastreux. La ville n’a que faire du club de foot : elle n’est pas en période électorale et a d’autres chats à fouetter à un mois du lancement de Mons2015, capitale européenne de la culture. Déjà obligé d’injecter 300.000 euros en sponsoring pour boucler ce budget-là, Leone consent une avance sur salaire de 170.000 euros en novembre. A partir de là, Pierre François s’ingénie à placer des rustines à gauche et à droite, tout en cherchant des repreneurs potentiels.

L’épisode Curaba

Le 16 février, en même temps que l’aveu de faillite, un nom sort du bois : celui de Salvatore Curaba. Pierre François lui demande s’il peut donner son nom aux médias. Une manière de chasser une mauvaise nouvelle par l’espoir d’une bonne. Curaba donne son feu vert sans se douter du tourbillon dans lequel cela va le plonger.

 » Avec le recul, je ne trouvais pas cela malin d’annoncer tout le même jour, car je ne voulais pas qu’on associe mon nom à la faillite. L’idéal aurait été de laisser deux-trois jours entre les deux annonces. Après votre article, il y a eu un certain engouement « . Et des doutes commencent à assaillir le fondateur d’EASI.  » J’ai eu peur du dossier. Financièrement, c’était un gouffre. On m’a dit qu’il y avait 1,3 millions de dettes avec un déficit annuel de 900.000 euros mais comme rien n’avait été fait au niveau sponsoring cette saison, je me disais qu’il y avait la possibilité de le réduire. Après analyse, on a vu que la dette s’élevait à 2,6 millions d’euros. « 

Pierre François lui avait pourtant bien dit que Mons avait encore besoin d’1,3 millions pour boucler la saison, cette somme ajoutée à la dette aboutissant bien au chiffre de 2,6 millions.  » Ce n’était pas clair même si Pierre François a bien dit qu’il y avait un besoin de trésorerie d’1,3 millions jusqu’en fin de saison. Cependant, je ne veux pas m’étendre là-dessus car malgré cette mauvaise surprise, j’espérais encore parvenir à une reprise. Je me suis laissé prendre au jeu et j’ai demandé une mobilisation pour le match contre Tubize. Je me suis dit qu’il y avait moyen de trouver des partenaires, de s’arranger avec l’ONSS, la ville et Dominique Leone. « 

Le président montois réclame en effet 850.000 euros de créances. Une somme sujette également à interprétation et palabres. Curaba lui propose 250.000 euros (100.000 et 150.000 en cas de montée en D1). Mais Leone refuse. Quant à l’ONSS, il reste inflexible sur les dettes de 300.000 euros. Avant même le match contre Tubize, Curaba décide de jeter le gant.  » J’ai été choqué de voir comme on m’a fait passer de sauveur à fossoyeur du club. Ce n’est pas moi qui ai mis le club dans cette position.  »

Un dossier vide

La piste Curaba écartée, Pierre François planche sur une autre. Des investisseurs ukrainiens et géorgiens se déplacent au stade Tondreau pour visiter les installations. Sans succès. Suite à ce nouvel échec, Leone accepte d’abandonner ses créances. Ce week-end, Matthew Benham,le propriétaire de Brentford, club de Championship, qui a fait fortune dans les jeux de paris sportifs, montre un intérêt et rencontre les bourgmestres de Mons et de Dour, Elio Di Rupoet Carlo Di Antonio. Sans succès là-aussi. Le curateur se retrouvait donc avec un dossier vide. Il ne lui restait plus qu’à officialiser la mort du RAEC Mons.

Par Stéphane Vande Velde

Retrouvez l’intégralité de l’article consacré à la mort du RAEC Mons dans votre Sport/Foot Magazine

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