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Comment l’Antwerp se prépare à devenir le grand rival de Bruges

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Le président du Great Old, Paul Gheysens, rêve de mettre un terme à la domination de son grand rival Bart Verhaeghe. Et il y met les moyens.

Un coup d’oeil sur le paysage suffit à mesurer l’ambition. Là où la trêve forcée a mis certains clubs à l’arrêt, l’Antwerp n’a pas freiné son évolution. Le Great Old poursuit sa modernisation en retravaillant les tribunes de l’un des stades les plus vétustes de l’élite. Parce que le poids du passé ne doit plus être un frein aux ambitions futures.

Derrière ce projet, il y a avant tout Paul Gheysens. L’homme d’affaires flandrien injecte les millions pour faire grandir le Bosuil et ceux qui foulent sa pelouse. Comme une manière de concurrencer Bart Verhaeghe, son grand rival de toujours, sans vraiment s’inquiéter de l’endroit d’où il lancera sa campagne de destitution du roi brugeois. À Gand, dont le stade porte le nom de sa société, Gheysens affirmait qu’il serait un jour le président des Buffalos. Il y a trois hivers, il a tenté de prendre les rênes d’Anderlecht, avant de définitivement concentrer ses ambitions et sa fortune sur le développement du Great Old.

Si les transferts de Defour et Mirallas sont des échecs sportifs, ils montrent la puissance financière de l’Antwerp.

En s’assurant la collaboration de Lucien D’Onofrio dès son retour au sein de l’élite, Gheysens avait déjà montré que son Great Old n’était pas là pour faire de la figuration. Au bout d’une première saison aboutie aux portes des play-offs 1, sous les ordres de Laszlo Bölöni, les Anversois passent à la vitesse supérieure en attirant Dieumerci Mbokani ou Lior Refaelov dans la Métropole. Un an plus tard, après une quatrième place qui ouvre les portes des tours préliminaires européens, ce sont Steven Defour et Kevin Mirallas qui endossent le maillot du matricule 1. Si les transferts des Diables sont des échecs sportifs, ils montrent encore une fois la puissance financière d’un club qui veut s’inviter parmi les géants.

À chaque été son palier. Cette fois, c’est au tour de Bölöni, dont les méthodes à l’ancienne contrastaient parfois un peu trop avec un club qui se tournait résolument vers la modernité, de passer le témoin. Le coach roumain cède son siège à Ivan Leko, un choix qui ressemble à un désaveu pour D’Onofrio, qui a l’habitude de puiser des hommes au sein de son réseau et qui brillait par son absence lors de la présentation du nouveau staff technique. Ce serait oublier rapidement que l’ancien homme fort du Standard a toujours eu de bonnes connexions avec le football des Balkans (Tomislav Ivic, Vedran Runje ou Robert Prosinecki, pour ne citer que quelques exemples). Très vite, grâce notamment aux cours de français pris par Leko ces derniers mois, le courant est passé entre les deux hommes. Dans les couloirs du Great Old, Don Luciano s’affiche toujours comme le grand patron sportif.

Ivan Leko rêvait d’un retour sur les bancs belges. Il a préféré l’Antwerp à un beau défi à l’étranger.

Le football de Leko doit faire entrer l’Antwerp dans une dimension plus moderne. Le noyau, surtout construit pour briller à court terme, va être reconstruit autour d’un coach qui a conservé un goût de trop peu au terme de son expérience brugeoise. Longtemps en lice pour un deuxième titre de rang, il avait dû vivre un mercato hivernal privé de recrues pendant que le Genk de Philippe Clement se renforçait avec Junya Ito, décisif dans la lutte pour le titre. Bruges préparait déjà son avenir, et l’imaginait sans lui.

« Je sais que la Belgique est ma maison, et je suis sûr que je reviendrai », avait confié le Croate peu de temps après sa signature dans le Golfe, quand le Footbelgate avait refroidi les possibilités d’un rebond immédiat en Pro League. Malgré l’intérêt marqué d’un club historique d’un grand championnat, aujourd’hui en quête de sa splendeur passée, Leko a rapidement marqué sa préférence pour le projet anversois. L’ancien coach de Bruges est obsédé par la volonté de lutter pour des trophées, et les moyens offerts par l’Antwerp pour contrarier la suprématie de son ancien employeur ont attisé ses envies de revanche.

Le mercato s’annonce très ambitieux, pour renforcer l’équipe dans toutes ses lignes. Et l’espoir de conserver Dieumerci Mbokani est loin d’être abandonné.

Aux côtés d’une Gantoise où Vadis Odjidja prend de plus en plus d’importance, mais où l’été sera peut-être marqué par le départ de Jonathan David, le Great Old se profile désormais comme le nouveau grand rival de Bruges, en attendant le possible réveil anderlechtois. Le tout grâce à un voyage vers le futur, avec des avancées considérables prévues dans le domaine des datas qui était souvent tourné en dérision par Laszlo Bölöni. Quand on lui disait que les charges de l’entraînement matinal avaient été trop lourdes et qu’il vaudrait mieux annuler la séance de l’après-midi, le Roumain avait tendance à programmer un entraînement physique après le repas.

Une approche à l’ancienne, dans les séances comme dans la mise en place tactique, qui cadrait mal avec l’image de club moderne que souhaite afficher le New Great Old. Le mercato, qui s’annonce très ambitieux pour renforcer l’équipe dans toutes ses lignes et avec de bons espoirs de conserver Dieumerci Mbokani, confirmera les ambitions d’un club qui rêve de titre à tous les étages de son organigramme.

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