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Comment Kums doit remplacer Tielemans

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Arrivé à Bruxelles dans le costume de remplaçant de Youri Tielemans, Sven Kums va devoir se fondre dans un Anderlecht qui respire sans avoir besoin de ballon pour s’oxygéner.

De l’autre côté de la Manche, la fête du travail n’est pas une affaire de footballeurs. Après tout, dans un pays où on joue même le 1er janvier, pourquoi faudrait-il s’abstenir de taper dans le ballon le 1er mai ? En compagnie de son agent MogiBayat, Sven Kums passe donc son jour libre dans les tribunes de Vicarage Road. La veille, le Soulier d’or 2015 n’a disputé que les trente dernières minutes du déplacement à Bologne, montant au jeu quelques instants après le troisième but des locaux, signé Mattia Destro. Son football et celui de son entraîneur, Luigi Delneri, ne sont pas faits pour s’entendre.

L’avenir de l’ancien maestro de la Ghelamco Arena se situe normalement dans cette équipe de Watford qui, sous ses yeux, abandonne le ballon à un Liverpool entreprenant. La rencontre se termine sur un 0-1 presque flatteur pour les Hornets, abattus par un ciseau télégénique d’Emre Can. Surtout, les hommes de Walter Mazzarri bouclent les nonante minutes avec 40 % de possession au compteur, et bien plus de duels aériens (19) que de dribbles (9). Sven Kums comprend que ce football n’est pas fait pour lui. Un an avant son départ de Gand, il expliquait déjà sa vision du ballon rond, en prenant l’exemple d’un autre club anglais :  » Partir à Norwich pour le triple de mon salaire ? Non car je préfère jouer en Ligue des Champions avec Gand, il me faut un club plus ambitieux. Pas d’équipe de contre non plus, une formation dominante.  »

 » J’aime le football dominant et attrayant « , insiste le nouvel Anderlechtois lors de sa présentation à Neerpede. Pour l’enfant qui a grandi en mauve et blanc, le Sporting est toujours synonyme de ballon confortablement installé dans le camp adverse. Mais depuis son départ de Belgique, les Mauves ont rencontré René Weiler, sabré le champagne avec 49,3 % de possession de balle en play-offs 1 et fait douter Manchester dans sa course européenne avec seulement 37 % de temps passé avec le ballon entre les pieds sur les 210 minutes de la double confrontation.  » De temps en temps, on peut aussi laisser délibérément le ballon à l’adversaire « , déclarait le Suisse lors de ses premiers mois bruxellois. Pas sûr que Sven Kums partage cet avis, lui qui a marché sur la Belgique avec un Gand à 56 % de possession de balle sur la route du titre.

Trebel et le tempo

À première vue, le mariage ne dégouline pas d’amour. Herman Van Holsbeeck se charge pourtant d’organiser la nuit de noces, devant la presse rassemblée au centre d’entraînement du Sporting :  » Weiler attache beaucoup d’importance à la reconversion. À Gand, Kums sentait parfaitement quand il fallait garder le ballon et quand il fallait relancer l’attaque.  »

Avec ou sans la balle, le Bruxellois reste un maître du temps. Son adaptation au système Weiler ne fait pas tellement de doutes. À son arrivée à Udine, le coach Giuseppe Iachini – licencié en cours de saison – évoquait ainsi un joueur  » très disponible pour travailler sur le terrain.  » Les années passées sous Hein Vanhaezebrouck, amateur reconnu des préparations physiques éprouvantes et maniaque de la VO2 max, ont progressivement transformé le frêle artiste en un joueur complet, capable d’avaler les kilomètres avec et sans le ballon. Le coach des Buffalos voyait d’ailleurs en Adrien Trebel le profil parfait pour remplacer son chef d’orchestre, Weiler vivra avec le luxe de pouvoir associer deux joueurs capables de régner aussi bien avec leurs pieds qu’avec leurs poumons.

La complémentarité de Kums avec les autres membres d’un milieu de terrain anderlechtois où il est censé remplacer Youri Tielemans est évidente.  » Kums est complémentaire avec tout le monde « , expliquait d’ailleurs Vanhaezebrouck dans une interview accordée à Het Laatste Nieuws.  » Il a tout.  »

Vivre sans ballon

Sur la pelouse du Parc Astrid, imaginer le costume que devra revêtir Sven Kums est encore un exercice périlleux, car la durée du séjour mauve de Leander Dendoncker reste un point d’interrogation. Si le marathonien de Passendale reste au Sporting, Kums devrait naturellement s’installer à l’un des deux postes devant lui, dans l’avant-dernière ligne du 4-1-4-1 mis en place par René Weiler sur la route des lauriers nationaux.

Le Soulier d’or retrouvera alors un rôle plus offensif, dans une association avec Dendoncker qui rappellera immanquablement son duo avec Renato Neto à la Ghelamco Arena. S’il prend place à la pointe droite du triangle du milieu de terrain, laissant Trebel sur son pied gauche, il ne marchera pas sur les pieds d’un Sofiane Hanni qui aime déserter son flanc pour rentrer dans le jeu et jouer les numéros dix. De l’autre côté du terrain, Alexandru Chipciu est un véritable joueur de couloir à l’ancienne, et ne  » polluera  » pas l’espace entre le milieu et l’attaquant, qui pourrait permettre à Kums de faire à nouveau parler ses qualités offensives, après un épisode italien où il anéantissait beaucoup plus d’occasions (2,6 tacles et 1,3 interception par rencontre) qu’il n’en créait (0,3 tir et une passe-clé par match).

 » C’est important qu’un milieu de terrain sache marquer « , expliquait René Weiler quand une infiltration de Dendoncker a perforé la défense brugeoise au début des play-offs. Une déclaration qui fait écho aux voeux de Sven Kums, recueillis au mois de janvier dernier :  » J’aimerais être plus décisif, marquer des buts et donner des passes décisives. Ici, je suis moins souvent dans le rectangle adverse.  »

L’adaptation la plus difficile sera sans doute celle de son influence sur la possession mauve. Parce qu’à Gand, même en Ligue des Champions, le capitaine buffalo planait à plus de 70 passes par match. À titre de comparaison, la campagne d’Europa League de Youri Tielemans s’est contentée de 44 passes à chaque rencontre. Le Kums européen prenait en charge 15 % des ballons joués par son équipe, bien plus que le Tielemans de Weiler (11%).

Herman Van Holsbeeck se plaît déjà à comparer sa nouvelle recrue à Andrea Pirlo. Mais Kums devra sans doute être autre chose. Parce qu’il est loin d’être sûr que l’Italien aurait été titulaire dans une équipe de René Weiler.

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