© Belga (Jasper Jacobs)

Comment Anderlecht est parvenu à s’offrir Tessa Wullaert

Aurelie Herman
Aurelie Herman Journaliste pour Sport/Foot Magazine

La meilleure buteuse des Red Flames revient en Belgique, à 27 ans. Et malgré des contacts avec des grands d’Europe. Explications.

Pour la deuxième année consécutive, Anderlecht réalise l’énorme coup de la saison sur le marché des transferts. Sauf que cette fois, c’est du côté de la section féminine qu’il faut regarder. En parvenant à rapatrier Tessa Wullaert gratuitement, le Sporting s’est offert un sacré frisson. C’est une affaire en or pour le triple champion en titre, qui s’érige plus que jamais comme le principal favori à sa propre succession en Superleague. Mais comment le club a-t-il réussi à enrôler la meilleure joueuse belge actuelle, titrée partout où elle est passée, et encore élue Soulier d’Or au début de cette année ?

Une partie de la réponse tient en un mot : famille. Wullaert n’a jamais caché sa lassitude grandissante à l’idée d’être séparée de son clan. Car il est impossible pour les joueuses, fussent-elles à Manchester City, de pouvoir embarquer toute leur smala avec elles au moment de rejoindre l’étranger. Dans le cas de la numéro 9 des Red Flames, cela faisait cinq ans qu’elle vivait loin des siens, soit depuis son départ pour Wolfsburg en 2015.

« Maintenant, je réalise encore plus ce que j’ai manqué. En vieillissant, il y a d’autres choses qui prennent de l’importance. »

Tessa Wullaert, dans Het Laatste Nieuws

Un éloignement qui a pris fin mi-mars, au retour d’une Algarve Cup mi-figue, mi-raisin. Lockdown oblige, c’est d’abord chez ses parents, puis avec son compagnon Mathias, avec lequel elle vient d’emménager pas loin de son fief courtraisien, que l’attaquante a passé les cinq derniers mois. Une pause bienvenue pour celle qui ne voyait ses proches que quelques jours par mois habituellement. Ce break lui a permis de se recentrer et de réévaluer ces sacrifices personnels auxquels elle n’était plus forcément prête à consentir, même si cette envie de revenir, elle la « ressentait depuis le mois de janvier, au moment des premiers contacts avec le club », a-t-elle déclaré lors de sa présentation officielle. À cette époque, elle avait déjà demandé son bon de sortie à City, où il lui restait six mois de contrat. Une demande à laquelle le club anglais avait dit non, même si la néo-Mauve n’était plus une titulaire indiscutable au sein de l’effectif skyblue.

Le déferlement du Covid-19 sur l’Europe a manifestement accéléré les choses. « Grâce à cet arrêt, je réalise encore plus ce que j’ai manqué. En vieillissant, il y a d’autres choses qui prennent de l’importance », expliquait-elle dans Het Laatste Nieuws au début du mois. C’est donc sans grande surprise qu’elle annonçait fin juin ne pas prolonger son contrat avec City, où elle était arrivée au coeur de l’été 2018, après trois saisons à Wolfsburg.

Quant aux finances du club, qui ne peut se permettre de folie, elles n’ont pas été fortement touchées par une joueuse débarquée pour 0 euro à Neerpede, et dont les émoluments ne sont pas de nature à donner des sueurs froides à Karel Van Eetvelt, le CEO anderlechtois

Le PSV et l’Atlético refoulés

Sportivement, toutefois, ce retour étonne, car à 27 ans, Wullaert avait la possibilité de signer dans des équipes plus prestigieuses au niveau européen. C’est surtout le PSV Eindhoven, où évolue son équipière en sélection Julie Biesmans, et l’Atlético de Madrid, qui avait sorti… Manchester City en huitièmes de finale de la Ligue des Champions cette saison, qui semblaient les plus concrets. Le PSG et l’Ajax ont également été évoqués. Mais tous ces projets, pourtant alléchants d’un point de vue sportif, n’ont pas suffi à inverser la tendance.

L’internationale aura l’occasion de porter son équipe en championnat, mais aussi en Ligue des Champions.

C’est donc le choix du coeur, mais aussi celui de la raison, a insisté l’internationale au moment de sa présentation. Car celle-ci aura l’occasion de porter son équipe en championnat, mais également en Ligue des Champions. Une compèt’ où les Mauves avaient atteint les 16e de finale en septembre 2019, et ce pour la première fois de leur histoire. Elles pourraient bien y avoir pris goût…

Les infrastructures du Sporting, déjà parmi les meilleures de Belgique et qui s’améliorent de saison en saison, la qualité d’un noyau renforcé avant même son arrivée et la perspective d’allonger un palmarès déjà riche de titres allemands (deux championnats, trois Coupes, deux finales de Ligue des Champions), anglais (FA Cup et League Cup 2018/2019) et belges (deux fois championne et deux fois vainqueure de la Coupe) ont fini de convaincre la Flandrienne de revenir au sein d’un club qu’elle avait déjà connu en 2012/2013. À l’époque, elle y avait soulevé une Coupe de Belgique. C’était avant de prendre son envol définitif au Standard, avec en point d’orgue la victoire en Beneleague sur la pelouse de Sclessin en 2015.

Un championnat déséquilibré ?

Cette arrivée médiatique s’avère toutefois à double tranchant pour la Superleague. Diffusé pour la première fois en télé (sur Eleven Sports), le championnat féminin ne pouvait rêver d’une meilleure tête d’affiche pour dynamiser son offre et rameuter un maximum de public.

Petit souci, Anderlecht semble tellement au-dessus de ses neuf autres adversaires que le suspense risque de ne pas être etouffant cette saison. Un manque de concurrence au sein de l’élite qui pourrait rebuter une partie des spectateurs, malgré un plateau relevé par la présence d’autres Red Flames revenues au bercail (Heleen Jacques à Gand, Davinia Vanmechelen au Standard, par exemple).

Qu’importe pour Wullaert, qui, elle, est de retour à la maison avec un sourire grand comme ça.

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