Swann Borsellino

« Comme à la maison »

Une chronique de Swann Borsellino.

C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup. Samedi dernier, dans les studios du Eleven Box-to-box, je discutais avec Vincenzo Ciuro et notre éditeur, Thomas van der Linden. Pour pimenter ces journées qui sont toujours un peu longues, on s’adonne à quelques petits pronostics. Avant le OHL-Cercle, entre deux gorgées d’eau et un croc dans un sandwich mou, je lance: « Louvain gagne, but de Sowah« . Loin de moi l’idée de me féliciter dans ces colonnes d’un pronostic réussi puisque, si vous m’avez déjà écouté une fois à l’antenne, vous savez que je suis mauvais quand vient l’heure de se prêter à cet exercice. Le plaisir que j’ai ressenti quand le joueur loué par Leicester a ouvert le score, ressemble plus une satisfaction intellectuelle. Au fait de pouvoir se dire, un peu plus de trois mois après avoir commencé à travailler sur le championnat belge, qu’on commence à se connaître lui et moi. Vous auriez dû me voir cet été, pendant les vacances. Short de bain-schlaps, en famille, à me faire questionner sur les choses les plus basiques de la Pro League que vous, lecteurs, connaissez tous. À commencer par les dix-huit équipes du championnat. J’oubliais souvent Courtrai. Parfois Saint-Trond. Aujourd’hui, j’ai adopté Andrew Hjulsager et je passe des samedis avec Liberato Cacace. S’il faudra au moins des années pour arriver à avoir des connaissances encyclopédiques, ces quelques mois m’auront suffi à ressentir un sentiment d’appartenance important. À dire « on » quand je parle de la Pro League. À avoir envie d’en partager les talents avec ceux qui les ignorent. À vivre cette quinzième journée avec passion. Parce que comme mon travail, le championnat commence à prendre forme.

Ces quelques mois m’auront suffi à ressentir un sentiment d’appartenance important, à dire « on » quand je parle de la Pro League.

Une forme olympique, en ce qui concerne Genk. J’en parlais dans la chronique de la semaine dernière, mais le niveau des coéquipiers de Paul Onuachu donne des envies de radoter. Ce dimanche, ils ont profité du choc face à l’Antwerp pour montrer qu’ils étaient les patrons du 3-4-3 et peut-être d’un peu plus que ça dans le pays. De cette partie, je garderai trois choses en tête. La première, c’est la montée au jeu de Jordan Lukaku. Entré à la place d’un Juklerød que j’ai souvent trouvé aussi disponible que brouillon, notamment en Ligue Europa. La seconde, c’est la nouvelle prestation offensive de Genk, porté par un trident ItoBongonda-Onuachu auquel je trouve des qualités inégalées en Belgique cette année. Une équipe aussi cohérente, qui ne joue que sur un tableau et qui peut faire entrer au jeu Dessers, le jeune Kouassi, que j’aime beaucoup, Limbombe, tout en gardant Wouters ou Oyen sur le banc, est une équipe qui comptera. La troisième, c’est ne pas oublier justement, que l’Antwerp avait joué jeudi et disputera ce jeudi la première place de son groupe de C3 face à Tottenham. Perdre des plumes, c’est normal, surtout quand comme Ivan Leko, et c’est tout à son honneur, on affirme vouloir faire beaucoup mieux que de la figuration à l’échelle continentale. Des ambitions avec un effectif pas si profond qui coûtent forcément, au moment où l’Antwerp n’a pris que cinq points lors des cinq derniers matches de championnat, mais qui ne doivent pas masquer leur excellent début de saison global.

Quand je disais que le classement prenait forme, tout en haut, difficile de ne pas mentionner le Club Bruges. Cela fait deux samedis consécutifs que j’ai droit au champion en titre dans ma petite boite du Box-to-box. Deux samedis que je me dis qu’ils peuvent faire terriblement mieux. Mieux qu’un 0-0 à Mouscron et qu’un 1-0 à domicile face à Saint-Trond. Mieux que des séquences offensives attendues, parfois décousues, et souvent suspendues à l’hyperactivité pleine de personnalité de Noa Lang. Puis je les ai vus face au Zenit. Alors j’attends le match de mardi face à la Lazio, dont le sort sera scellé à l’heure où vous lirez ces lignes. Mais quelle que soit l’issue de ce match, je serai heureux. Le fameux « on », que j’évoquais en début de texte, souhaite que Bruges aille enfin chercher son huitième de finale. Si rien n’est dû en Ligue des Champions, je considère qu’ils montrent assez depuis quelques années pour y avoir le droit. Dans le cas contraire, bonheur égoïste pour ma part, de pouvoir les retrouver en Europa League. Une compétition où je suis sûr qu’ils peuvent au moins aller chercher un quart de finale.

Un championnat, ça se joue aussi en bas. Ici également, ça prend forme. Si vous m’aviez dit en début de saison que Waasland-Beveren serait capable de prendre dix points en quatre matches, je vous aurais probablement ri au nez. Et voilà qu’aujourd’hui, bien malin sera celui qui peut prédire qui va perdre le mini-championnat qui s’est dessiné entre La Gantoise, Zulte, Waasland, Malines, Saint-Trond et Mouscron. Mais ne me demandez surtout pas de pronostic, je vous ai dit: je suis mauvais. En revanche, je sais que j’ai juste quand je dis que j’ai trouvé dans ce championnat quelque chose de rafraîchissant et dont il ne faut surtout pas se plaindre à tort et à travers. En fait, je crois que j’y ai retrouvé quelque chose de chez moi.

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