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Club Bruges: numéro 1, mode d’emploi

Un rouleau compresseur ne se fabrique pas à la petite semaine. Il existe des raisons précises à la domination brugeoise, et voici pourquoi elle ne devrait pas s’interrompre demain.

Bruges est une machine qui ne s’arrête pas. Le Club veut le meilleur sur tous les plans, le top du top. Par exemple au niveau de ses infrastructures. Le nouveau centre d’entraînement, qui a coûté une quinzaine de millions, est une belle illustration de ce constat. Et le nouveau stade sera dans la même veine, hyper moderne. On nous dit que la direction a regardé ce qui se fait aux États-Unis, au moment de concevoir ses plans. Ce sera un lieu de vie, de plaisir, de distraction, de rencontres, de socialisation. Même si les dirigeants sont bien conscients que la culture des supporters européens n’est pas tout à fait comparable à celle des fans de sport aux USA. Par exemple, on imagine mal un supporter belge rester dans un lounge pour la deuxième mi-temps d’un match, histoire de discuter le coup et de se rassasier, avec un oeil distraitement rivé sur un grand écran retransmettant la rencontre. Nos hommes d’affaires ne sont pas non plus dans cette logique.

Mais le président Bart Verhaeghe et son bras droit commercial Bob Madou analysent quand même attentivement ce qui se fait ailleurs, essentiellement de l’autre côté de l’Atlantique, d’autant que la MLS est à nouveau en pleine bourre. Le grand patron veut innover, il entend faire de chaque match du Club un entertainment de haut vol. Pour lui, un match ne peut plus se résumer à deux périodes de trois quarts d’heure. Il pense, notamment, à faire venir les gens plus tôt. Mais dans le stade actuel, dépassé, c’est inimaginable.

Le prochain bilan financier sera historique

Le nouveau stade pourra accueillir 40.000 personnes, il coûtera plus de cent millions d’euros et il devrait être opérationnel durant l’année 2022. Il devrait permettre au Club de réorienter ses revenus à partir de 2024. Actuellement, les recettes sont surtout nationales avec les abonnements et la billetterie, des sponsors belges et les droits télé. En droits de retransmission, Bruges touche aux alentours de sept ou huit millions par saison depuis quelques années. Avec le nouveau contrat, ça devrait passer au-dessus des onze millions. Un calcul qui sera toutefois à refaire si le nombre de participants au championnat de D1A est modifié, en fonction des décisions de la CBAS dans les dossiers de licences.

À côté de ces recettes nationales, il y a les revenus supranationaux. Comme l’argent reçu pour les campagnes européennes. Sur les trois dernières saisons (on n’a pas encore les résultats de 2019-2020, que l’UEFA doit encore communiquer), le Club a encaissé près de cinquante millions en primes et droits télé. Il faut y ajouter les recettes de billetterie et déduire les primes pour les joueurs et les frais de déplacement. Se maintenir à un bon niveau sur la scène européenne est crucial pour continuer à progresser. Et la progression financière du Club dans le temps est frappante. Il y a dix ans, Bart Verhaeghe réalisait un chiffre d’affaires compris entre 25 et trente millions. Dans le dernier bilan, clôturé le 30 juin 2019, il est passé à 71,5 millions. Dans la rubrique Ventes et prestations, on lit 93 millions. Vu les gros transferts sortants conclus durant l’été de l’année passée et le parcours en Ligue des Champions, le montant franchira à coup sûr le barre des cent millions dans le prochain bilan.

Les opérations de transferts sont une autre variable à intégrer dans la comptabilité et la progression financière. Avoir une bonne équipe et des individualités d’un bon niveau, ça rapporte automatiquement de l’argent si on a su acheter jeune et conclure des deals intelligents. Pour n’importe quel club belge, il est impératif de générer une plus-value dans ce domaine. Et pour Bruges, l’été 2019 a été exceptionnel avec plus de cinquante millions de rentrées pour Denswil, Danjuma, Nakamba et Wesley. En janvier, il y a encore eu les départs de Cools et Amrabat. Même si dans le cas de ce dernier, c’est surtout Vérone qui a fait une affaire en or. Le Hellas a levé l’option d’achat à 3,5 millions et directement revendu le joueur à la Fiorentina pour vingt millions.

Ce sont des chiffres bruts, qui ne correspondent pas au montant qui reste au final dans les caisses. Laisser partir des joueurs implique d’en attirer d’autres. Cela demande des investissements en scouting et en indemnités de transferts. Bruges a quand même dépensé 35 millions depuis l’été passé. David Okereke a coûté huit millions, Simon Mignolet sept millions et Michael Krmencik 6,5 millions. Et il sera difficile de dégager une plus-value avec Mignolet et Krmencik, vu leur âge déjà avancé.

Un exemple de bonne gouvernance

Le Club n’a pas peur de perdre ses sponsors (28 au total) à cause de la crise du coronavirus. Il a une base de 276.000 fans, un carnet de 170.000 adresses mail et un nombre très important de followers sur Facebook, Instagram et Twitter. Pour les parraineurs, ça compte. Et la direction a déjà annoncé qu’elle aurait de la compréhension pour des sponsors qui auraient éventuellement du mal à honorer leurs obligations à cause de la crise sanitaire. Des solutions pourront être envisagées pour chaque problème financier. La devise, c’est de conserver tout le monde à bord. Et c’est plus facile d’être compréhensif quand on sort de cinq saisons très réussies sur le plan sportif. Le trésor de guerre est là.

Sur le marché belge, le Club a la quasi-certitude de rester leader pendant un moment encore. Le noyau est de très bonne qualité, il y a un potentiel de croissance, un centre d’entraînement de pointe, une formation toujours plus performante, un très large soutien populaire et une base importante en sponsoring. Et puis la structure financière est saine, comme à Gand, à Genk et à Charleroi. Pendant ce temps, le reste de la meute est en phase d’investissement (Antwerp) ou confronté à des dettes colossales (Anderlecht et Standard).

Bruges a une réputation de bonne gouvernance (auprès des joueurs et des agents notamment) et l’a encore entretenue ces dernières semaines. Le personnel, les joueurs et le staff n’ont pas été mis au chômage. Cela aura un coût pour la direction, mais elle espère que ça paiera à long terme. Si, demain, des joueurs doivent choisir entre un club qui réduit les salaires en temps de crise et un autre qui continue à honorer ses obligations, le choix pourrait être vite fait. Il faut du temps pour se construire une bonne réputation. Mais ça prend du temps aussi pour se débarrasser d’une mauvaise image.

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