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Club Bruges: la métamorphose de Mats Rits

Le succès du Club Bruges a de nombreux architectes et certains préfèrent rester dans l’ombre. Comme Mats Rits: régulier, il obtient toujours un 6 et flirte avec le 7 dans nos colonnes. Son passage de box-to-box à médian défensif lui a donc réussi.

C’est Hugo Broos qui relève ses mérites, alors que nous parlons de l’évolution d’ Odilon Kossounou. L’ancien entraîneur juge Mats Rits, repositionné comme numéro 6, important pour la stabilité de la défense. Le Brugeois lui rappelle Timmy Simons: un homme qui se met au service de l’équipe, veille à son équilibre, est le premier à relancer le jeu, et court sans relâche. C’est grâce à lui que Ruud Vormer, Hans Vanaken, les ailiers et l’arrière droit Clinton Mata peuvent placer leurs attaques. Rits, lui, surveille la défense avec Brandon Mechele et Kossounou, sous les ordres de Mignolet. Mais voilà, Rits a été contaminé alors que le Club disputait ses matches de Coupe. Comble de l’ironie, en Europe, le Dynamo Kiev a marqué d’une place qu’il gardait habituellement.

Initialement, Rits était un médian offensif, un 10 ou un 8. Ça se remarque.

Mats Rits effectue ses débuts à seize ans, mais ne devient régulier qu’à 22. Transféré à 19 ans de l’Ajax à Malines, il s’y impose avant de confirmer son talent. « Les joueurs prêts plus tôt sur le plan physique sont des exceptions, souvent des Africains. À 22 ans, j’ai été régulier toute la saison. Dans les moins bons jours, je m’acquittais quand même de mes tâches. Avant, j’aurais voulu forcer les choses. Il est plus facile de gérer les moments difficiles quand on les connaît. D’autre part, je suis d’un naturel positif et je ne me fais pas trop de soucis. Tout le monde s’est déjà retrouvé dans la poubelle, au Club. Le jeune va se demander pourquoi ça lui arrive et se fâcher sur les autres, parfois sur lui-même. Avec l’âge, on relativise et on se demande simplement comment revenir dans l’équipe. »

LA CONCURRENCE

Rits s’épanouit aujourd’hui à une place qui n’est pourtant pas la sienne, en tant que milieu défensif. Chez les jeunes, il évoluait comme numéro 10 ou 8, bref, comme un élément plus offensif. Et ça se remarque. En décembre, le virus a privé Vormer des matches à l’Antwerp et à Malines, entre autres. Rits, qui jouait comme 8 au Bosuil, a marqué et délivré un assist contre Malines. Il n’a manifestement pas perdu le sens du but. D’ailleurs, l’entraîneur l’autorise à s’infiltrer, surtout dans les matches où le Club domine, ou quand l’adversaire opère un marquage strict sur Vormer et Vanaken. Il claque donc quelques buts par saison, malgré un poste plus reculé.

Rits sait depuis le début qu’il était impossible d’écarter des tauliers comme Vanaken ou Vormer. Depuis trois ans, il se concentre sur son devoir, un cran plus bas. Un poste qu’il occupe dès son arrivée, durant l’été 2018, alors que Marvelous Nakamba est blessé. À cette époque, Ivan Leko ne fait pas reculer Vormer, préférant recycler Rits à cette position.

Celui-ci a déjà été posté à plusieurs endroits du terrain à Malines, mais avant son transfert à Bruges, il n’a jamais joué seul en tant que médian défensif. Son nouveau rôle ne l’a jamais effrayé, car il sait qu’il possède assez d’expérience pour y faire bonne figure. Il n’en a pas moins dû apprendre, notamment grâce à Timmy Simons, qui entamait son stage d’entraîneur à l’arrivée de Rits. Tous deux analysaient des situations de jeu ou passaient l’équipe adverse en revue.

Nakamba avait deux atouts forts dans sa manche: son punch dans les duels et cette faculté à harceler l’homme en possession du ballon. Son problème? Il ne se méfiait pas de ce qui se tramait dans son dos ou se laissait attirer sur les flancs. Rits était quant à lui conscient de ces dangers.

Un milieu défensif doit savoir récupérer le ballon, arrêter un contre, mais aussi relancer le jeu, ce que Rits sait faire depuis toujours. Il a toutefois dû apprendre à se brider. « Les infiltrations sont un de mes atouts, mais je suis limité à mon poste. Parfois, je décèle des brèches, mais je ne peux pas m’y engouffrer sous peine de découvrir la défense. On me demande de ne pas entreprendre d’actions, mais de relancer le ballon à dix ou vingt mètres. »

Dès la fin de sa première saison à Bruges, qui devait être une saison d’intégration, Rits est titularisé dans 25 des trente matches de la phase régulière et durant tous les PO1. Suite au départ de Nakamba à Aston Villa, le Club enrôle le Colombien Éder Balanta, « un homme intelligent et calme en dehors du terrain, une bête en match », explique-t-on en Suisse, d’où il débarque au Breydel. Philippe Clement, le successeur de Leko, a un autre type de 6 que Rits en tête, mais celui-ci reprend finalement la main sur son nouveau rival. Au début, Clement fait moins tourner son noyau. Balanta entame la saison, mais après un zéro sur six initial, Rits reçoit sa chance et ne la lâche plus, jusqu’à sa contamination.

INTELLIGENCE

Rits est plus mobile, il bouge plus aisément, a plus de dispositions offensives et s’appuie sur son intelligence. Comme Leko, Clement lui demande de jouer simplement, mais contrairement à d’autres médians défensifs, Rits est capable d’écarter le jeu. Il est certes moins fort de la tête, mais Bruges peut compenser cette carence en demandant à un des défenseurs centraux de s’engager dans les duels aériens, Rits se chargeant alors de l’adversaire en course.

SiebeSchrijvers avait relevé cet atout à la fin de leur première année au Club, dans une double interview: « Si tu récupères autant de ballons, c’est parce que tu lis bien le jeu! Je pense que nous avons tous deux énormément de contacts avec le ballon. Dans certains matches, nous ne pouvons pas trop nous investir dans la construction du jeu, mais nous n’avons pas peur de recevoir le ballon. » Ni d’explorer de nouveaux terrains de jeu.

Un avenir chez les Diables?

Intelligent et disert, Mats Rits est une valeur sûre du Club, à 27 ans. Sur base de ses statistiques, excellentes, il apporte un peu plus au jeu offensif du Club, tandis que Balanta se concentre plus sur le travail défensif.

Axel Witsel étant blessé, Roberto Martínez doit se demander s’il est en mesure de franchir un palier supplémentaire. Est-il meilleur que Sambi Lokonga à ce poste? Pas d’après les chiffres: Rits est moins actif en défense et donne moins de bonnes passes. Mais a-t-il progressé ou est-il aidé par une autre occupation de terrain? Vormer et Vanaken montent souvent, laissant Rits seul pour abattre le travail devant la défense, alors que Lokonga est épaulé par Josh Cullen, qui se charge du sale boulot.

Sous contrat jusqu’en 2024, Rits peut rester dans l’ossature brugeoise, formée par Mignolet, Mechele, Vormer, Vanaken, Dost, histoire de permettre aux jeunes de progresser. Ou obtenir un transfert dans le subtop européen, du style Atalanta, Villarreal, les équipes romaines ou le Borussia Mönchengladbach.

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