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Cinq questions qu’on n’osait pas poser à Patrick Declerck

Patrick Declerck est président de Mouscron, qui est la meilleure équipe de 2019 jusqu’à présent.

1. Félicitations : votre équipe a déjà assuré son maintien et tout le monde loue la manière dont elle y est parvenue. Pouvez-vous savourer ce moment ou redoutez-vous l’Opération Mains Propres, les Football Leaks et la commission des licences ?

Je vous assure que Paul Allaerts, Edward Van Daele et moi-même sommes très sereins. J’ai peut-être sous-estimé l’émotivité du milieu du football à mes débuts mais en tant que chef d’entreprise, avec 40 ans d’expérience, j’ai une certaine résistance. Celui qui pourra affirmer que Declerck a dérapé n’est pas encore né.

2. La nouvelle de la semaine, c’est que la fédération va interroger les joueurs sur le 4-0 d’Eupen-Mouscron, lors de la dernière journée de la saison passée, un résultat qui a entériné la relégation de Malines au lieu de celle d’Eupen. Vous ne vous tracassez vraiment pas ?

On en a déjà beaucoup parlé mais Malines lui-même a été battu 4-1 à Eupen la saison passée, en encaissant trois buts en neuf minutes ! Ne faut-il pas se pencher sur ce match aussi ? Paul Allaerts s’est rendu dans le vestiaire avant notre match à Eupen, pour avertir les joueurs :  » C’est un match sensible, chacun doit se battre !  » Quels sont les faits ? Ce qui est certain, c’est que Waasland-Beveren s’est vu proposer 200.000 euros pour ne pas se donner à fond contre Malines. La police a effectué une perquisition à six heures du matin dans notre club. Le juge d’instruction a tout remué. Résultat : personne n’a été inculpé, personne n’a été privé de liberté et depuis, nous n’avons plus eu la moindre nouvelle.

L’objectif n’est pas de continuer à souffrir pour survivre.  » Patrick Declerck

3. Êtes-vous certain de savoir tout ce qui s’est passé en coulisses dans votre club ?

Oui. Nous avons été repris par l’agent Pini Zahavi à un moment où c’était encore permis. Nous avons réglé le problème quand ça a été interdit. C’était avant mon arrivée mais pensez-vous qu’un avocat de la classe d’Edward Van Daele se salirait les mains après une si belle carrière ? Certainement pas ! Notre actionnaire majoritaire actuel, Pairoj Piempongsant, n’a jamais été manager. Il est l’ami de Zahavi, et alors ? Si je dois justifier toutes mes amitiés, où allons-nous ? D’ailleurs, ils n’ont jamais fait d’affaires ensemble. Que pouvons-nous faire, si ce n’est prouver que notre argent vient de nos actionnaires ou d’avocats qui ont servi d’intermédiaires ? Je n’ai pas à me mêler de l’endroit où ils ont trouvé leur argent.

4. Après six journées et un zéro sur 18, Mouscron paraissait plongé dans le coma. Le changement d’entraîneur a apporté une métamorphose rarement vue. Quel est le secret de Bernd Storck ?

Peut-être Frank Defays est-il devenu T1 en division un un peu trop tôt. En tout cas, Bernd Storck a mis toute la tactique au point et a motivé les joueurs. Il abat énormément de travail, est très consciencieux et est toujours sur le terrain alors que Glen De Boeck, par exemple, était davantage à son ordinateur. Storck obtient aussi tout ce qu’il demande. Ainsi, l’équipe loge à l’hôtel avant chaque match, sur insistance du coach qui veut préparer l’équipe de manière optimale. Paul Allaerts m’a dit une fois :  » Il se croit au Bayern.  » Pour le moment, il fait déraper notre budget.

5. Comment un club qui a un tel déficit structurel parvient-il à survivre ?

Ces dernières années, nous avons un déficit chronique de 1,5 à 2 millions. La dette de nos actionnaires se chiffre à huit ou dix millions. La seule manière de récupérer cet argent est de procéder à quelques bons transferts sortants et de générer des talents grâce au Futurosport, notre académie. Nous sommes de plus en plus une maternité pour les jeunes joueurs. Prenez Taiwo Awoniyi. Il était à Liverpool et il a supplié Gand de pouvoir revenir ici. Mais, de fait, si nous ne parvenons pas à faire passer notre budget de huit à dix ou douze millions à moyen terme et à douze ou quinze millions à long terme, nous disparaîtrons de la compétition. L’objectif n’est évidemment pas de continuer à souffrir pour survivre.

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