© Belga Image

Cinq questions qu’on n’osait pas poser à Michel Renquin

Michel Renquin vient de se présenter sur les listes du Parti Populaire. L’ancien international (55 sélections) revient sur cet engagement dans un entretien pour Sport/Foot Magazine

Tu seras sur les listes du Parti Populaire qu’on considère comme raciste, et dès que ça a été annoncé, on a rappelé ton salut hithlérien du temps où tu jouais au Standard : ça t’étonne ? Pas du tout. C’est une nouvelle preuve que certains médias sont sous l’emprise de certains partis. Volontairement sortie de son contexte, cette vidéo est de la manipulation. Qui plus est, la personne qui l’a postée écrit « pour les jeunes » en sachant que les gens plus âgés qui ont vécu cette épisode de ma vie en connaissent le sens. Elle n’a pas pris la peine d’en rappeler la signification, pourtant je l’avais bien expliquée et les gens l’avaient comprise. Finalement, en voulant être malveillante, cette personne a fait une publicité extraordinaire au PP. J’avais voulu faire un pied de nez aux événements de la guerre. On a voulu insinuer qu’un néo-nazi rejoignait le PP diabolique ! Non, c’est un homme avec ses défauts et ses qualités, viscéralement opposé à toute forme de racisme et d’extrémisme qui rejoint le PP. Je veux du respect pour mon père qui a été prisonnier de guerre en Allemagne pendant près de cinq ans. Après ce fameux match à Cologne, j’ai reçu des lettres de félicitations d’anciens combattants et les partis traditionnels m’ont pratiquement remis une « médaille » en saluant mon culot. C’était uniquement un devoir de mémoire pour dire « plus jamais ça ». Certains partis m’ont approché pendant de nombreuses années pour que je les rejoigne. Je n’ai jamais accepté parce que ce n’était pas le moment. Je suis libéral mais pas MR, social mais pas socialiste, chrétien mais pas CDH, écologiste mais pas Ecolo… Ces dernières années, j’ai retrouvé de bonnes idées dans le programme de chaque parti mais elles n’ont jamais été appliquées. J’ai mon choix, un autre choix, qui m’appartient. Mais affirmer que le PP est un mouvement raciste, c’est à nouveau essayer de tromper les gens. Ce n’est pas parce qu’on est protectionniste qu’on est raciste ou extrémiste. En Suisse, où j’ai longtemps habité, ils ont compris qu’il était primordial d’être protectionniste, la population a eu le courage de prendre cette décision. L’immigration contrôlée et le racisme, ce sont deux choses très différentes.

Le bilan des anciens footballeurs qui se sont reconvertis en politique n’est pas folichon. Tu en vois un qui a apporté quelque chose ? Non, pas vraiment. Mais le bilan des reconvertis venant d’autres horizons est-il plus folichon ? Je vais essayer d’aider à changer les choses. Quand je vois le bilan de certains hommes qui ont fait de hautes études politiques, je me dis qu’un ancien footballeur, un primaire en politique comme disent ces gens-là, peut donner de la fraîcheur. Un homme sans menottes comme moi pourra soutenir les bonnes propositions, d’où qu’elles viennent. Faut-il être allé à l’université pour avoir envie de changer le système ou regarder les vrais problèmes en face ? La pension ridicule du petit vieux qui a cotisé pendant 40 ans mais qui ne lui donne pas les moyens de s’acheter un nouveau dentier ou d’offrir un Kinder à ses petits-enfants, vous trouvez ça normal ? Pendant ce temps-là, on entretient des gens qui ne font rien ou qui n’ont jamais cotisé.

Benoît Thans se lance aussi, mais lui, il a plus le profil d’un politicien. Il ménage les gens, il n’aime pas fâcher. Tu pourrais entrer dans le même moule ? Je n’ai pas de conseil à donner à Benoît Thans et je ne sais pas s’il est comme ça. Mais moi, à 58 ans, je ne changerai plus. J’ai mon franc-parler et je le garde.

Encore un gars du foot qui se met à la politique : Jérôme Nzolo. Un arbitre est pourtant censé incarner la neutralité. Tu ne crains pas qu’il ait des problèmes dans certains stades ? Bonne chance à lui, il me donne l’image d’un homme bien. Peut-être qu’il devra entendre des bêtises sur son engagement politique, aussi énormes que celles que l’on a dites sur moi.

Roland Duchâtelet a fait le trajet inverse, il est passé de la politique au foot. Il a bien fait de changer de passion ? Quand je vois ce qu’il est occupé à faire avec mon club de coeur, je me dis qu’il a très bien fait ! Il fait à nouveau sourire des supporters qui sont descendus dans la rue pour l’éjecter du Standard. Il s’est sorti brillamment des attaques. Et dans des situations pareilles, il en faut dans le pantalon pour dire : « Je pars si on n’est pas dans les trois premiers à la fin de la saison. » Il a assumé tous ses choix, et aujourd’hui, son équipe se bat pour le titre.

PAR PIERRE DANVOYE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire