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Chatelle : « Si Scifo n’est plus là, c’est d’abord à cause des joueurs « 

L’ex-Anderlechtois n’est pas encore résigné et compte se surpasser pour assurer le maintien de Mons.

A Mons, on se raccroche déjà à l’exploit du Cercle la saison dernière, qui avait réussi à se sauver après avoir fait une phase classique catastrophique ?

Non, nous ne sommes pas encore dans cet état d’esprit. Un bon tiers du championnat est passé, nous sommes mal embarqués mais ici, tout le monde pense encore qu’il est possible d’éviter les PO3. Nous avons le noyau pour y arriver. Malgré la défaite, notre match contre Anderlecht nous a rassurés : nous savons que si nous nous mettons à enchaîner des matches en jouant comme ça, tout est possible. Je sens à nouveau l’envie de se surpasser.

Si tu deviens un jour dirigeant de club, tu t’inspireras de la campagne de transferts de cet été et tu te souviendras que la direction de Mons a fait tout ce qu’il ne fallait pas faire en négligeant les rapports de ses scouts, en ne faisant pas confiance à son directeur sportif et en suivant les avis d’un agent presque unique ?

J’ai un avis sur la question mais je n’ai pas à le donner publiquement. Maintenant, c’est clair que quand on est dirigeant de club, il est impossible de ne pas faire des erreurs de temps en temps. Tu es patron, tu dois prendre les grandes décisions et elles ne peuvent pas toutes être bonnes. Les joueurs n’ont de toute façon pas le droit de juger ce que la direction du club a fait ces derniers mois. Nous sommes censés faire des bonnes choses sur le terrain, aligner de bons résultats, et nous sommes incapables de le faire, donc nous avons juste le droit de nous taire.

Après la défaite contre Anderlecht, des supporters ont scandé le nom d’Enzo Scifo : parce qu’ils ont compris, eux au moins, qu’il n’était pas le principal responsable du classement actuel ?

Si Scifo n’est plus là, c’est d’abord à cause des joueurs ! Notre parcours actuel n’a rien à voir avec celui de la saison passée alors que le noyau n’a pas été chamboulé. A Mons, tout le monde est conscient que c’est un échec collectif, provoqué par les joueurs, le staff et la direction. Personne dans le club n’accuse Scifo plus que d’autres. J’ai l’impression que les supporters en veulent plus aux joueurs qu’à lui. Après notre non-match au Lierse, ils sont venus à une vingtaine à l’entraînement. Ils nous ont reproché de ne pas mouiller notre maillot, de ne pas comprendre la gravité de la situation. Je leur donne raison. Ça a donné un dialogue intéressant. Je trouve qu’il faudrait renforcer la relation entre les supporters et les joueurs quand ça ne va pas bien. C’était comme ça à Genk et ça créait un lien, c’était bénéfique au niveau de l’ambiance dans le stade lors des semaines qui suivaient.

Explique-moi les angoisses que tu as eues en entendant que la direction discutait avec Ariel Jacobs pour remplacer Scifo.

(Il rigole). Evidemment, j’ai directement repensé à mon expérience à Anderlecht, où ça ne s’était pas trop bien passé entre lui et moi. Mais nous ne nous étions quand même pas disputés et je ne pense pas qu’il soit rancunier. S’il était venu à Mons, nous aurions su faire la part des choses. Quand j’ai entendu qu’on parlait de lui pour remplacer Scifo, j’ai d’abord souri, je me suis dit que ce serait cocasse. De là à dire que ça m’a effrayé ? Non. J’ai mûri, j’aurais continué mon petit bonhomme de chemin en me posant moins de questions qu’il y a quelques années.

Mons est l’équipe de D1 qui attire le moins de spectateurs : tu peux trouver trois arguments valables pour convaincre les gens d’aller vous voir ?

J’ai l’impression que ce sera toujours difficile, que Mons n’est pas une vraie ville de foot. Ici, même des bons résultats ne suffisent pas. La saison dernière, nous n’étions pas loin du Top 6 mais il y avait encore moins de spectateurs que cette année. C’est un cercle vicieux. Le monde amène le monde. Si tu vas dans un stade rempli où les gens chantent et s’amusent de la première à la dernière minute, tu as envie d’y retourner quinze jours plus tard. Si tu viens chez nous, dans un stade rempli à un quart de sa capacité, où tu entends les joueurs appeler le ballon tellement c’est calme, pas sûr que tu sois décidé à revenir. J’ai envie de dire aux gens : -Venez nous voir et faites plein de bruit. Un sportif a besoin de ça, c’est une partie de son adrénaline. Quand je vois un club comparable, comme Louvain, la différence est terrible. Là-bas aussi, c’est un petit stade mais c’est souvent bien rempli et les gens s’amusent.

Par Pierre Danvoye

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