© iStock

Brys: « La Belgique est numéro 1 mondiale parce qu’elle n’a pas de style spécifique »

Le coach anversois livre sa vision du métier, entre ses qualités de coach, les échanges d’idées entre les entraîneurs et sa grande flexibilité tactique.

S’il est cité au Cercle, où d’aucuns le voient devenir le successeur de Bernd Storck, Marc Brys n’a pas rangé ses rêves de grand club au placard. L’ancien coach de Saint-Trond, qu’il avait failli emmener en play-offs 1 la saison dernière, évoque son style de coaching et les spécificités de l’approche footballistique belge.

Quelle est votre plus grande qualité en tant que coach ?

Marc Brys: J’ai mes chevaux de bataille, mais je laisse aussi beaucoup de place à la variété. Au cours de ma carrière, j’ai avancé dans différentes directions. Au début, j’étais un coach qui insistait sur la condition physique. Ensuite, un stratège. Puis un coach humain, un coach défensif, un coach offensif… Je prends ça pour un compliment. J’ai une large gamme de qualités, mais je ne pense pas être vraiment meilleur quelque part. Je ne suis pas un coach qui excelle dans un domaine particulier, mais je maîtrise bien toutes les facettes. Je lis beaucoup de livres sur le sujet, et je suis souvent allé observer en Belgique, en Europe ou dans le reste du monde, pour savoir comment les autres coaches travaillaient.

Les entraîneurs étaient-ils ouverts à l’idée que vous observiez leurs entraînements ?

Brys: Imagine que j’aie des problèmes dans la reconversion défensive de mon équipe. Grâce à mon passé à Den Bosch et au FC Eindhoven, je peux par exemple appeler certains collègues néerlandais pour leur demander ce qu’ils feraient, quels entraînements ils donneraient. Aux Pays-Bas, tu peux faire ça sans problème. En Belgique, ce serait moins bien perçu. Il y a quelques années, j’ai donné des cours avec José Riga à la première promotion de la Pro Licence. À des Eric Gerets, Jean-Marie Pfaff, Michel Preud’homme…

Dans le football moderne, le play and move avec des in- and outside runs est devenu la norme. Les systèmes de jeu sont surestimés.

Ils devaient analyser un match de Liverpool et en partant de là, j’avais prévu des entraînements basés sur la possession de balle, la perte de balle et les phases arrêtées. J’ai donc montré ce que je faisais avec mon équipe, sur les touches ou sur les coups francs. Je me souviens que Georges Leekens m’a dit: « Mais Marc, qu’est-ce que tu fais ? Tu nous donnes ta stratégie alors qu’on joue l’un contre l’autre la semaine prochaine. » C’était alors la mentalité dominante : tu ne dois pas partager tes secrets avec les autres coaches.

Tout ça pour dire que chaque pays a sa propre culture. Et vous savez ce qui a fait de nous le numéro 1 mondial ? Nous n’avons pas de style spécifique. Nous avons successivement étudié les Pays-Bas, la France et l’Espagne, et l’avons intégré à notre jeu, en l’assaisonnantavec notre éthique de travail et notre discipline innées.

Vous êtes connu comme un assidu du 3-5-2. Est-ce votre système de jeu préféré ?

Brys: En 2003, j’ai commencé au Beerschot avec un 4-4-2, à plat ou en losange. On avait beaucoup de petits formats qui étaient sans arrêt en mouvement. Deux ans plus tard, j’ai gagné la Coupe en 3-5-2, et j’ai aussi joué très longtemps en 4-3-3. La flexibilité réside dans le potentiel de tes joueurs. Si tu as deux ailiers de top niveau, ce serait criminel de jouer sans véritables flancs. Dans le football moderne, le play and move, avec des in- and outside runs est devenu la norme. Les systèmes sont surestimés.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire