Jacques Sys

« Bruges est sous stress intense »

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Découvrez l’édito de Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Que reste-t-il, depuis quelques semaines, de l’aura dégagée par le Club Bruges pendant une grande partie de la phase régulière du championnat? À l’époque, on passait son temps à louer cette équipe qui n’arrêtait pas de creuser le fossé par rapport à la concurrence. Tout le monde était sûr que Bruges, pour la première fois depuis 1977, allait enchaîner deux titres nationaux d’affilée. Un rappel de l’ère Ernst Happel, qui avait glané trois titres à la suite. Le Club marchait alors sur ses adversaires grâce à un jeu offensif, en y ajoutant le sens du bluff, le panache, la mentalité et la qualité.

Bruges est sous stress intense.

Aujourd’hui, il est difficile de corriger les défauts que l’on retrouve dans le jeu brugeois depuis quelques semaines. La difficile victoire contre l’Antwerp, dimanche, a donc été vécue comme un soulagement. Depuis plusieurs semaines, le Club vit sous stress intense. Mais bon, plus personne n’y pensera si l’équipe de Philippe Clement prend, jeudi soir, le point nécessaire à un nouveau titre sur la pelouse d’Anderlecht. Ce serait le 17e de son histoire. Un trophée arraché au forceps, après une longue période de domination totale.

Rien ne dit toutefois que ce point tombera sur les terres de l’ennemi. Le jeu des Mauves est fait de fluctuations depuis l’ouverture du championnat, même quand ce football est meilleur comme c’est le cas depuis plusieurs semaines. En tout cas, on ne peut passer sous silence la marge de progression de cette jeune équipe. Anderlecht est toujours en plein processus d’apprentissage et Vincent Kompany ne se lasse pas de le répéter régulièrement. Pour ça, il faudra remplir correctement les cases manquantes et trouver un attaquant plus présent dans les seize mètres. Il semble difficile de garder le meilleur buteur, Lukas Nmecha, simplement en prêt. Et il n’y a pas beaucoup d’argent disponible pour renforcer le noyau. On sait aussi que le club continuera à piocher parmi les meilleurs produits de son académie.

Hans Vanaken et Bas Dost
Hans Vanaken et Bas Dost© BELGAIMAGE

À Genk aussi, il sera difficile de conserver le groupe actuel. Aucune équipe belge ne joue mieux et n’a un jeu plus reconnaissable que le Racing. John van den Brom joue l’offensive et ses idées enrichissent notre championnat. Il dispose d’une magnifique force offensive avec notamment un Paul Onuachu qui en est maintenant à 32 buts marqués. Le Nigérian va être convoité sur le marché des transferts. S’il part, il faudra peut-être imaginer un autre système. De toute façon, la compétition belge reste une vitrine pour ses meilleurs acteurs.

À cause de tout ça, on assiste chez nous à un éternel recommencement, saison après saison. Ça concerne les joueurs, mais aussi les entraîneurs. Lors de l’été 2020, nous avions mis sur le marché notre traditionnel numéro de début de championnat. Tous les clubs de D1A y étaient passés au peigne fin. Si vous reprenez ce numéro, vous verrez que seulement cinq entraîneurs présents à l’époque seront toujours dans leur club la saison prochaine. Et encore, c’est un maximum. Parce que personne ne peut garantir que Philippe Clement, habile quand il s’agit de partir au meilleur moment, sera toujours à Bruges. Et Alexander Blessin va-t-il rester à Ostende, après son parcours improbable de cette saison? Marc Brys ne risque-t-il pas de recevoir une offre ailleurs? On pourrait assister à un cas de figure où seuls Wouter Vrancken et Francky Dury (qui a survécu à plusieurs tempêtes grâce à son contrat de très longue durée) seraient toujours en place.

Les entraîneurs sont simplement de passage. Ce sont des articles jetables. Et pas seulement chez nous. En Bundesliga, le Werder Brême (menacé de relégation en D2) a viré son coach… à une journée de la fin.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire