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Bruges a l’attaque la plus prolifique, mais pourquoi ne possède-t-il pas le meilleur buteur ?

Quelle que soit la météo, dimanche sera chaud au Jan Breydel : le Club reçoit Anderlecht. Après l’agitation suscitée par les gardiens, passons aux avants. Pourquoi l’équipe la plus prolifique du championnat ne possède-t-elle pas le meilleur buteur ?

Dimanche 29 octobre. Bruges reçoit Saint-Trond, l’ancien club d’Ivan Leko. Ce n’est pas une promenade de santé. Leko change son duo d’attaque plus tôt qu’à l’accoutumée. Diaby remplace Dennis puis Vossen relaie Wesley. Ce sont des changements stables. Depuis des semaines, Leko aligne le même onze quand blessures et suspensions le lui permettent. Le duo Wesley-Dennis peut généralement se reposer à un quart d’heure de la fin.

Vossen et Diaby débordent d’énergie et renversent le cours du match. Leko les titularise la semaine suivante à Anderlecht. Le Club combine bien au début mais Diaby rate des occasions, comme les Mauves ensuite. Leko maintient sa confiance à Diaby et Vossen mais ils ne trouvent plus le chemin des filets. À Eupen, sans Vossen, c’était de nouveau le tour des deux premiers cités. Comme dimanche ?

Quels sont les atouts respectifs des deux duos ? Pourquoi les deux premiers jouent-ils plus souvent et pourquoi ont-ils été écartés avant le trip à Bruxelles ? Autant de questions posées à Rudi Cossey, l’assistant de Leko.  » Wesley (21 ans) et Dennis (20 ans) sont jeunes, talentueux mais irréguliers. Wesley est plutôt un avant-centre, meilleur dos au but tout en étant rapide. Son péché mignon : il préfère trop le duel à la profondeur sans ballon, ce qui facilite la vie des défenseurs, d’autant qu’il est encore vert. Il manque encore de sang-froid dans le rectangle. Par contre, rien à dire sur son travail collectif. Il possède un énorme potentiel.  »

Après plusieurs mois sur le banc, Wesley a été le joker de Michel Preud’homme en PO1. Il a inscrit cinq buts. Le Brésilien a changé de mode de vie, se faisant même accompagner du team manager pour ses achats.  » Son été lui a joué des tours. Une méningite, ce n’est pas rien « , précise Cossey.  » Or, un attaquant fatigué manque de précision devant le but. C’est pour ça qu’il est irrégulier cette saison.  »

Jeunesse vs expérience

Éviter les duels est essentiel dans la tactique de Leko, qui veut que ses joueurs courent. Le Brésilien a dû s’y faire. Il dépend aussi de son partenaire, qui est presque toujours Dennis.  » Sur papier, c’est le meilleur duo. Il allie l’explosivité de Dennis à la puissance de Wesley. L’un sait conserver le ballon et assurer la liaison avec l’entrejeu, l’autre court, plonge dans les brèches et attend la dernière passe. Puis, un moment donné, ils se sont mis tous les deux à courir, à appeler le ballon, à tirer et Dennis a trop cherché l’action individuelle, handicapant Wesley « .

Le Nigérian a pris un formidable départ, avec à la clef quatre buts en trois matches.  » L’effet de surprise, joint à la volonté de se montrer « , analyse le T2.  » Il a travaillé d’arrache-pied. Il s’est attiré les compliments et il a mal géré la situation, pensant devoir faire la différence à lui seul. Ivan l’a ménagé à quelques reprises et lui a montré que le Club pouvait se passer de lui mais il n’empêche : de tous les avants, c’est sans doute Dennis le plus doué. Explosivité, sens du but, il possède d’énormes qualités.  »

Au début, il a procédé du flanc gauche, comblant le vide laissé par José Izquierdo, avant que Anthony Limbombe ne s’y installe.  » Dennis avait plus d’espaces sur le flanc. Au centre, il est marqué plus sévèrement. Il doit apprendre à trouver des solutions, sur base de ses qualités. Il doit repérer les coéquipiers démarqués car ses adversaires se sont adaptés à son jeu. Dennis doit rester constamment en mouvement, pour être moins facile à tenir.  »

Leko est donc intervenu après le match contre Saint-Trond, impliquant des joueurs chevronnés, Vossen (28 ans) et Diaby (26 ans).  » Deux gars qui travaillent pour l’équipe et qui sont assez complémentaires « , estime Cossey.  » Diaby assure la profondeur et doit marquer plus facilement dans le rectangle. C’est le cas à l’entraînement mais pas encore en match. Il crée des occasions mais sans plus de réussite que Jelle. Toutefois, ils s’intègrent bien au football demandé par Ivan. Jelle recule, abat du terrain, entre 11 et 12 kilomètres par match. Diaby recule parfois mais trop loin, jusque dans l’entrejeu. Ils n’ont pas l’aspect ludique de l’autre duo mais Ivan veut former une équipe au sein de laquelle chacun accomplit son travail et est capable de marquer. Or, l’autre paire ne maîtrise pas encore ce style de jeu.  »

Bruges a l'attaque la plus prolifique, mais pourquoi ne possède-t-il pas le meilleur buteur ?

Effet de surprise

Un coup d’oeil au classement des buteurs révèle que tous les Brugeois marquent.  » Entre trois et six buts chacun. On ne dépend pas d’un seul avant, ce qui nous permet de varier le jeu. On a un problème de luxe en pointe. Ivan utilise tous ses avants, souvent par paires, pour la complémentarité.  »

Ça peut changer car Leko veut mieux exploiter le sens du but de Hans Vanaken.  » Hans surgit trop peu dans le rectangle. Il veut plutôt délivrer la dernière passe, de son poste sur le flanc gauche. C’est bien mais on aimerait voir plus de variété dans son jeu, comme contre Waasland Beveren. Il est souvent très surveillé et doit donc changer de registre de temps à autre.  » Le Club attend aussi beaucoup de Jordy Clasie, qui retrouve sa meilleure forme. Cossey :  » On a un vaste choix en pointe mais aussi dans l’entrejeu, avec quatre hommes dignes du onze de base. Clasie est différent de Marvelous Nakamba – moins fort à la récupération- et de Vanaken, plus défensif. Il est meilleur footballeur que Nakamba et n’a pas peur de distribuer le jeu assez bas. Ça nous offre d’autres possibilités, comme un losange. À force de toujours aligner la même équipe, on perd l’effet de surprise.  »

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