Marc Degryse

« Bölöni a fabriqué une machine »

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, l’Antwerp a les moyens de bien ennuyer Genk et le Club Bruges.

On n’a pas été déçu par le clash du week-end, un Genk – Bruges dont on attendait beaucoup et qui nous a offert beaucoup. On avait là deux entraîneurs qui montrent semaine après semaine qu’ils tirent le meilleur de leur noyau et ça s’est encore confirmé. Genk a une fois de plus montré des meilleures sensations que Bruges, mais la très bonne deuxième mi-temps des Brugeois a finalement fait l’équilibre.

Les gars de Philippe Clement ont alors montré des signes de lassitude physique, et qui ne serait pas fatigué en ayant joué trois gros matches en déplacement en l’espace de quelques jours ? Affronter le champion juste après être allé au Besiktas, au Standard et à l’Antwerp, c’était compliqué de faire plus hard comme programme.

On a eu un topo complètement différent, dimanche à Sclessin. Michel Preud’homme et Laszlo Bölöni n’ont pas les mêmes priorités, les mêmes grands principes que Philippe Clement et Ivan Leko. Plutôt que de favoriser un football dominant, ils visent un jeu beaucoup plus tactique, plus organisé. Leur credo, c’est plutôt d’empêcher l’adversaire de jouer. Et là-dedans, Bölöni est particulièrement fort. L’Antwerp est une équipe qui a aussi les moyens d’être créative, mais là-dedans, son coach ne veut pas exagérer. Il a aligné Lior Refaelov au Standard mais il a laissé Ivo Rodrigues sur le banc, par exemple.

Avant d’être créatif, il voulait barrer la route du Standard. On sait toute la créativité, la folie qu’il peut y avoir dans le jeu des Liégeois. Mais à partir du moment où, comme l’Antwerp l’a fait, il y a un plan efficace pour paralyser Mehdi Carcela, tout devient beaucoup plus difficile. Carcela n’était, dès le départ, pas dans son meilleur jour. On n’a pas beaucoup vu Maxime Lestienne et Renaud Emond non plus. Et c’est ainsi que les Anversois ont marché tranquillement vers une victoire qu’ils n’ont pas volée.

À l’Antwerp, on a une bande de guerriers sur le terrain. Dans son analyse d’après-match, on a pu comprendre que Michel Preud’homme était un peu jaloux de ça.

Bölöni a fabriqué une machine. Cette machine aurait pu avoir des ratés après la claque prise en deuxième mi-temps contre Genk. Mais non, elle a été directement opérationnelle ce dimanche. Dans les têtes, les joueurs avaient déjà récupéré de leur désillusion. Et puis il y a cette puissance physique. On a une bande de guerriers sur le terrain. Dans son analyse d’après-match, on a pu comprendre que Michel Preud’homme était un peu jaloux de ça.

La puissance d’Amara Baby et de Jonathan Bolingi dans les duels, il faut se la farcir. On connaît le sens du combat de Jelle Van Damme. Et puis il y a le retour inattendu de Dieumerci Mbokani, le meilleur homme sur la pelouse. Pas de but mais un penalty provoqué et un assist, bienvenue à Sclessin…

Au classement, après une moitié de la phase classique, l’Antwerp se trouve là où on attendait plutôt Anderlecht, le Standard ou Gand. Je ne ferais pas de l’Antwerp un candidat au titre, mais c’est sûr, cette équipe a les moyens pour bien ennuyer Genk et Bruges. Lucien D’Onofrio avait un leitmotiv quand il a composé son noyau : amener plein d’expérience. C’est payant. Des gars comme Mbokani, Van Damme ou Sinan Bolat, ils ont un vécu énorme mais aussi – encore – plein de qualités.

En fait, je vois du talent dans tous les compartiments de l’équipe. Je prends deux autres exemples : Daniel Opare et Aurelio Buta. C’est moins charismatique qu’un Van Damme ou un Mbokani, mais c’est très fort aussi. Et puis il faut voir le banc, où il y a aussi du talent. Dimanche, par exemple, Geoffrey Hairemans n’est même pas monté au jeu.

Je m’attendais clairement à une autre prestation du Standard. Quand tu as pris tout doucement l’habitude d’être considéré comme un team qui est insuffisant contre les petits mais très bon contre les grands, tu dois assumer et justifier quand tu reçois le troisième du classement. Je n’ai rien vu de ça le week-end passé. On voit clairement que le Standard a des soucis dès que l’adversaire lui laisse la possession et l’oblige à faire le jeu.

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