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Bien que détestés, les Ultras ont pourtant leur utilité

Stagiaire Le Vif

Ultras Inferno, Storm Ultras, Drughi Genk, Mauve Army, PHK, Green Boys, Ultras Mons, South Leaders, North Fanatics… En Belgique, nombreux sont les groupes  » Ultras « . Très différents, ils ont cependant un point commun : celui de subir les foudres médiatiques. Pourtant le football sans eux ne serait pas du tout le même…

« Le mouvement Ultra regroupe des Supporters « acharnés » de leur équipe de football. Prêts à les suivre partout, dans leur championnat, comme en Europe, par tous les moyens possibles. Un Ultra encourage son équipe, de par ses chants durant toute la rencontre, ou ses animations (« Tifo ») à l’entrée des joueurs sur le terrain » explique Max, Président des Ultras Inferno dans une interview accordée à Shoot me again.

Si, parfois, il peut leur être imputé de transgresser les limites du moralement acceptable, que ce soient via des tifos ou des chants « incendiaires », nombreux sont les médias à les décrire comme « des alcooliques notoires, des drogués, des hooligans » souligne encore ce même Max, dans Moustique.

Or, cette interprétation de leurs différents actes est souvent dénuée de toute recherche de compréhension de ce monde à part que sont les « Ultras », de son histoire et des motivations qui s’y rapportent.

Le fait que les médias « entretiennent une image négative » de ce mouvement désole Max. Et ce n’est pas pour rien que les Ultras acceptent très rarement de s’adresser aux journalistes. Un manque de communication entre les parties, conjuguée à un manque de compréhension réciproque, conduit à une « diabolisation » du phénomène des tribunes par les médias et des médias dans les tribunes. « C’est le problème quand on décide de ne pas parler à la presse » ajoute le président des Ultras Inferno dans Moustique. Et pourtant les uns ont besoin des autres !

C’est pour cela qu’il est nécessaire de souligner les côtés positifs que les Ultras ont pour le football ainsi la caractéristique constitutive de ceux-ci dans ce sport.

En France, cette donnée a tendance à être oubliée. La tolérance 0 est de mise afin d’éradiquer la violence des stades et il en est de même en Espagne.

Des mesures que regrette Sammy Traoré, ancien joueur du PSG, dans une interview accordée à France Football : « Quand je jouais, on avait des supporters alors qu’on avait des résultats en dents de scie, alors que l’équipe d’aujourd’hui obtient de magnifiques résultats sans en avoir la reconnaissance. Au bout d’un moment, il va falloir s’asseoir autour d’une table et discuter avec les ultras pour retrouver cette popularité qui anime un stade de foot normalement : quelques fumigènes, quelques drapeaux, quelques banderoles. A Paris, les supporters ont été remplacés par des spectateurs. »

Et pour cause, les Ultras font vivre le football et contribuent à le rendre si populaire. Et même si certains groupes sont coutumiers d’évènements préjudiciables pour l’image du sport, une généralisation de ceux-ci est à proscrire.

C’est une réalité que certains se rendent à une rencontre de football pour y semer la « pagaille » et dont la violence est l’unique moteur. Mais « la violence n’est pas le but premier des Ultras. Contrairement à un groupe de hooligans. Pour un groupe Ultras, supporter vocalement ou visuellement son équipe reste primordial » explique Max.

« Etre Ultra signifie un nouveau point de vue sur la vie, être « extrême », « être déjanté », s’amuser, partager une culture de supporter juvénile autonome. Au contraire des hooligans, les Ultras ne possèdent qu’une identité, la leur, celle des Ultras qu’ils expriment également durant la semaine en dehors des matchs. Tout le reste, qu’il s’agisse de l’école, de la petite amie, de la famille, passe après le football, ce que soit durant la semaine ou le week-end », explique Günter A. Pilz, sociologue allemand à l’Université d’Hanovre.

C’est donc une erreur de confondre les deux mouvements, et leur appliquer des sanctions similaires. Comme il est également illégitime d’associer tous les groupes ultras à un extrémisme propre au hooliganisme des années 80-90. Nombreux, en Belgique, sont les groupes qui s’autoproclament, aujourd’hui, « anti-fascistes ».

Les Ultras contestent l’image généralisée que l’on se fait d’eux : « Nous nous dressons expressément contre l’idée qui consiste à nous présenter comme la partie mal aimée de cet « événement » qu’est le football. Nous sommes l’essentiel ! Nous sommes le match ; nous sommes le club (en l’occurrence, ce qu’il en reste). Nous sommes la raison pour laquelle le football exerce aujourd’hui comme hier une grande fascination sur les hommes. »

Et personne ne leur donnera tort. Peut-être existe-t-il d’autres solutions que celles prônées en France et en Espagne pour éradiquer la violence des stades ?

Parce que le football serait bien fade sans cette ambiance « positivement motivante », cette coloration (plus ou moins) artistique ou ces chants entraînants. Parce qu’il n’est pas juste de voir certains groupes sanctionnés à cause d’autres plus perturbateurs.

Pour eux, être Ultras est un « métier », un choix de vie, qui permet au football d’offrir le spectacle qui est le sien. Des heures, des jours, des semaines de travail… Et pour cela, que des sanctions ne feraient que dénaturer un football, déjà mis à mal par le scandale de la FIFA et le hooliganisme d’antan.

Quentin Droussin

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