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Arnaud Bodart: « Ce que je n’aime pas dans la société, c’est que tout le monde se tire la tronche »

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Arnaud Bodart ne semble jamais avoir les gants qui brûlent. La marque d’un homme qui sait aussi bien d’où il vient qu’où il va. Rencontre avec le gardien des portes de l’Enfer liégeois.

Toi, tu sembles complètement hermétique à la pression.

ARNAUD BODART: On me l’a toujours appris, et ça fait partie du travail du gardien. Dans les moments difficiles, on se fait taper sur les doigts et il faut réagir puis dans les bons moments, on est porté aux nues. Pour un gardien, il n’y a pas de juste milieu. Je sais que plus je serai fort mentalement, plus je saurai me développer, et mon obsession est d’aller vers le haut. Depuis que je joue, j’ai remarqué que ce qui pouvait entacher la progression de certains joueurs, c’est tout ce qu’il y a autour. Avec les réseaux sociaux, on peut parfois lire des choses où on se fait attaquer, juger, insulter… Malheureusement, on doit faire avec ça, ne pas se laisser déstabiliser.

Les gens sont devenus très durs avec les joueurs?

BODART: On n’a pas le droit à l’erreur. Prends l’exemple de la réaction de Payet contre Nice. À un moment, l’excès de colère lui fait péter un câble, à juste titre ou non, mais les supporters ont fait pareil.

Sauf que contrairement à eux, Payet gagne beaucoup d’argent pour jouer au foot. On a l’impression que ce statut donne plein d’obligations aux joueurs.

BODART: On a la chance de jouer au foot, de bien gagner notre vie, mais avant d’être footballeur, on reste humain. J’ai la chance de faire ce métier, mais je reste un gars comme tout le monde. Je ne suis pas toujours d’accord avec certaines choses, mais j’essaie de faire abstraction parce que ça fait partie du travail. On doit faire notre taf et essayer de prendre un maximum de choses positivement. L’influence des réseaux sociaux ou les paroles des gens, je ne pourrai pas les changer tout seul.

Tu as du mal à vivre avec ça quand tu y accordes de l’attention?

BODART: Ce que je n’aime pas à l’heure actuelle dans la société, c’est que tout le monde se tire la tronche. J’ai l’impression que les gens sont de moins en moins souriants, alors que l’important c’est d’être positif. La gentillesse, l’humilité, ce sont les meilleures des choses. Ma devise, c’est que je suis comme tout le monde et que ce n’est pas parce que je joue au foot que je dois me voir différemment. J’espère qu’on me voit comme quelqu’un d’agréable, de souriant et de sympa, parce que ce sont des qualités qu’on retrouve trop peu dans le monde actuel pour moi.

On en revient à l’entourage, c’est important de ne pas avoir de gens trop « toxiques » autour de toi…

BODART: Dans ce milieu, la confiance est primordiale. Si on est ici, c’est qu’on sait tous jouer au foot, mais ce qui peut entacher les qualités d’un joueur, c’est la façon dont les choses sont gérées à l’extérieur.

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