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West Ham, dans l’ombre des géants

Dans l’ombre des trois grands clubs londoniens (Chelsea, Arsenal et Tottenham), West Hamse bat pour être reconnu. Pour ça, David Moyes a construit un ensemble solide, chapeauté par quelques figures marquantes. Présentation du locataire du London Stadium, qui recevra Genk ce jeudi.

Liverpool a son You’ll Never Walk Alone, West Ham a le Forever blowing bubbles, bubbles blowing in the air, une chanson qui vous prend aux tripes, elle aussi. Elle a été écrite juste après la Première Guerre mondiale et a servi de support publicitaire pour une marque de savon. Jadis, la fanfare qui animait les matches à Upton Park l’avait dans son répertoire.

On ne sait pas très bien pourquoi les fans l’ont adoptée. Peut-être à cause de la publicité? Ou peut-être aussi parce que pendant la Grande Guerre, on fredonnait cette chanson dans les caves et dans les couloirs du métro où les Londoniens trouvaient refuge pendant les bombardements. Ce n’est pourtant qu’en 1940, lorsque West Ham a remporté la finale de la Football League War Cup à Wembley, que ses fans se sont mis à entamer la chanson.

Comme Villarreal

Les bulles des Hammers sont-elles trop faciles à percer? Pas du tout, même si le club fait peu parler de lui. En écoutant le podcast de la BBC sur le football, on constate qu’à Londres, seuls trois clubs semblent encore exister. On ne parle que d’Arsenal, Tottenham et Chelsea. Rarement de Crystal Palace, Fulham ou West Ham. « À tort », disait Joe Cole en septembre dans une interview à The Athletic. « Villarreal a bien remporté l’Europa League la saison dernière, et à mes yeux, cette équipe n’est pas plus forte que West Ham. »

Avec un six sur six et une différence de buts de 4-0 en Coupe d’Europe, l’équipe de David Moyes ne déçoit pas. Pas plus qu’en championnat. Au moment de la trêve internationale, après sept matches, elle comptait un point d’avance sur Arsenal et un de retard sur Tottenham. En League Cup, elle avait éliminé Manchester United chez lui alors que Moyes avait fait tourner davantage qu’ Ole Gunnar Solskjaer. C’est dire si le noyau est large.

Évidemment, en tant qu’ancien joueur de West Ham, il faut nuancer les propos de Joe Cole, mais il est clair que l’équipe est en progrès. C’est la troisième fois qu’elle se qualifie pour l’Europa League depuis 2015, mais la première qu’elle atteint la phase de poules. La saison dernière, elle a terminé sixième et le public s’est petit à petit habitué au London Stadium, où le club a déménagé après avoir sévi à Upton Park. La moyenne de spectateurs est passée de 34.000 à 58.000. Presque en faillite à l’époque des dirigeants islandais, le club est à nouveau au mains de deux Britanniques et dispose de plus en plus de moyens. Moyes, revenu en décembre, a beaucoup plus de succès que lors de son premier passage. En juin, il a même prolongé pour trois ans.

La force de l’expérience

L’équipe est très expérimentée. Moyes donne de temps en temps sa chance à un jeune (il en a lancé huit depuis le début de saison), mais la base de l’équipe est constituée de vieux routiers: le gardien Lukasz Fabianski (en concurrence avec le Français Alphonse Areola) a 36 ans, le défenseur italien Angelo Ogbonna 33 et l’arrière gauche anglais Aaron Cresswell 31, tout comme Craig Dawson, le médian offensif ukrainien Andriy Yarmolenko et l’attaquant Michail Antonio. Conscient qu’il fallait rajeunir, Moyes a fait venir Kurt Zouma (26 ans), Areola (28 ans), Alex Kral (23 ans) et Nikola Vlasic (24 ans) fin août.

Seules exceptions à la règle: l’international anglais Declan Rice, âgé de 22 ans, et l’international tchèque Tomas Soucek, 26 ans. Le premier est un médian défensif qui regarde des vidéos de Patrick Vieira ou Yaya Touré pour apprendre à soigner sa relance. Le second est un box-to box très fort la saison dernière, mais moins bon depuis l’EURO. Comme l’extérieur gauche Pablo Fornals et le médian offensif algérien Saïd Benrahma, il apporte le danger de la deuxième ligne.

Bons baisers de Jamaïque

Depuis le 23 août, Michail Antonio est l’attaquant qui a inscrit le plus de buts pour le compte de West Ham en Premier League. Il a détrôné Paolo Di Canio. Antonio n’a pourtant pas été transféré comme attaquant, mais a servi de rustine à peu près partout: arrière droit, arrière gauche, milieu gauche, milieu droit, deuxième attaquant… Moyes ne l’a aligné en pointe que quand Sébastien Haller, aujourd’hui à l’Ajax, s’est blessé et que Marko Arnautovic est parti en Chine. Aujourd’hui, le joueur porte le maillot de la sélection jamaïcaine.

Né à Londres, il a longtemps attendu avant d’accepter la proposition de la Jamaïque, car il espérait que Gareth Southgate l’appelle. Il a en effet été appelé trois fois (une fois par Sam Allardyce et deux fois par Southgate), mais n’a pas joué une seule minute. Il a alors demandé conseil à Leon Bailey et a fini par opter pour le pays de ses parents. Lors de la dernière trêve internationale, il a cependant décliné sa sélection « pour raisons logistiques ». La Jamaïque est dernière de son groupe et n’a pratiquement plus aucune chance de se qualifier pour le Qatar.

The Athletic a cherché à savoir comment il inscrivait ses buts: 24 du droit, 18 de la tête et sept du gauche. Il est donc assez complet et pourtant, il dit détester cette position d’attaquant de pointe. « Je joue dos au but, je sens tout le temps l’adversaire dans mon dos et je dois essayer de contrôler le ballon et de faire une bonne passe. »

Bientôt la reprise?

Dans un championnat où de plus en plus de clubs appartiennent à des investisseurs étrangers, le succès de West Ham ne passe pas inaperçu. Avant le crash financier de 2008, le club a appartenu à des Islandais mais à présent, ses deux actionnaires majoritaires sont Britanniques.

Cet été, ils ont été approchés par des Américains et par un fonds d’investissement, PAI Capital. Ce fonds est dirigé par Nasib Piriyev, supporter de West Ham depuis des années. C’est son père qui a créé le fonds. Il est originaire d’Azerbaïdjan et a des projets dans son pays d’origine, ainsi qu’en Russie. Ça fait un bout de temps qu’il cherche à acheter un club. En 2020, on a parlé de lui à l’Olympique de Marseille.

Jusqu’ici, les Londoniens tiennent bon, car la famille Piriyev n’a pas bonne réputation. Elle fait l’objet d’une enquête dans son pays. On affirme que c’est surtout l’immobilier qui l’intéresse. PAI veut développer l’Olympic Parc en y organisant des événements et en y intégrant le centre d’entraînement. Il a déjà fait plusieurs offres, mais n’a jamais présenté de véritable plan. Il a juste promis d’investir 150 millions d’euros. Pour les propriétaires actuels, c’est insuffisant.

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