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Vinicius, bouffée d’air frais à Madrid

A 18 ans, Vinicius est l’une des rares bouffées d’oxygène d’un Real Madrid en apnée cette saison. Dribbleur, provocateur, l’espoir brésilien ne manque pas d’air, au point d’avoir fait son trou en équipe première avant l’affiche contre Séville samedi en Championnat d’Espagne.

Dans la période de turbulences que traverse le Real, l’irruption de cet ailier vif et technique est l’une des rares satisfactions au sein de l’effectif merengue, qu’il a rejoint en cours de saison: le précédent entraîneur Julen Lopetegui trouvait qu’il manquait de « cuisson » et le cantonnait à la réserve.

Avec Santiago Solari, ex-patron de l’équipe B, Vinicius Paixao de Oliveira Junior a saisi sa chance. Jusqu’à devenir en quelques semaines le joueur le plus déséquilibrant, le plus vibrionnant d’un Real en plein trou d’air.

Le tout avec, à ses débuts, un appareil dentaire de collégien (vite retiré) et seulement une poignée de matches chez les professionnels sous les couleurs de Flamengo, son club formateur, qui l’a vendu pour 45 millions d’euros au Real après plusieurs prestations prodigieuses, dont un retentissant triple coup du sombrero en sélection brésilienne de jeunes en 2017…

« Vinicius progresse à grands pas », s’est réjoui Solari la semaine dernière. « Le talent, il l’a toujours eu mais le montrer comme cela au stade Bernabeu, entouré de grands joueurs, cela en dit long sur son effronterie, sa fraîcheur et cette joie qu’il transmet quand il touche le ballon. »

– Lueur d’enthousiasme –

Passeur décisif dès sa première titularisation le 31 octobre contre Melilla (D3) en Coupe du Roi, Vinicius a inscrit son premier but en Liga quelques jours plus tard contre Valladolid (2-0), tirant le Real d’un mauvais pas. Improbable: le grand Real, triple tenant de la Ligue des champions, dépendant d’un gamin à peine majeur!

Et après un premier titre sous le maillot merengue, le Mondial des clubs en décembre, ses prestations sont allées crescendo, à l’image de son accélération flashée à 34 km/h par la presse espagnole mercredi contre Leganés (1-0).

« J’essaie de faire évoluer mon jeu petit à petit pour aider le Real Madrid. Tous les joueurs m’ont beaucoup aidé », a commenté le Brésilien, cornaqué par ses compatriotes Marcelo et Casemiro.

Avec 3 buts et 4 passes décisives en 15 apparitions avec l’équipe première, Vinicius est une lueur d’enthousiasme dans une saison noire pour le Real: le club merengue (4e, 33 pts) est relégué à 10 longueurs du leader Barcelone (1er, 43 pts) avant d’affronter Séville (3e, 33 pts) en ce week-end pour la 20e journée du Championnat d’Espagne.

– Exubérant –

L’exigeant public du stade Santiago-Bernabeu s’est pris d’affection pour ce gamin si talentueux (1,76 m et 73 kg). Le quotidien sportif Marca, le plus lu d’Espagne, dit voir en lui « la principale source d’optimisme d’un public déprimé » et compare sa cote d’amour immédiate à celle dont avait bénéficié l’ex-attaquant Raul Gonzalez dans les années 1990.

Mais le style exubérant de Vinicius peut aussi agacer. En 2018, buteur lors d’un match contre Botafogo, l’ailier avait célébré son but en se frottant les yeux, imitant les « pleurs » des supporters adverses et déclenchant un tollé.

Le week-end dernier, le défenseur du Betis Séville Marc Bartra s’est plaint publiquement du comportement du Brésilien: « Vinicius a passé plus de temps au sol que sur ses deux jambes. Je lui ai demandé d’arrêter de plonger mais il m’a appelé fils de… enfin bref, il a fait allusion à ma mère », a pesté le joueur catalan, avant de conclure: « Il lui reste beaucoup à apprendre. »

Solari ne dit pas autre chose et tente à chaque conférence de presse de protéger le natif de Sao Gonçalo (banlieue de Rio de Janeiro).

« Nous aimons tous le football quand un joueur émerge et montre des choses différentes », s’est réjoui l’Argentin. « Ce talent, rien ne l’arrête, mais il doit se développer petit à petit », a-t-il conclu.

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