© REUTERS

Un « Kloppsico » historique

LE match retour des huitièmes de finale de la Ligue Europa est sans conteste celui opposant Liverpool à Dortmund. Déjà à l’aller, la rencontre conjuguait beau jeu et suspense. Mais ce jeudi, l’opposition a pris des dimensions sportive et émotionnelle inestimables. Un match d’ores et déjà historique.

Tant à Liverpool qu’à Dortmund, la passion a envahi les tribunes. Peu de clubs peuvent se targuer de bénéficier d’une telle ferveur de leurs supporters, supporters qui manient le chant « You’ll never walk alone » à la perfection. Jurgen Klopp ne s’y est pas trompé en rejoignant Liverpool, lui dont le caractère et le comportement passionnés correspondent parfaitement à l’esprit « borussen ». Anfield Road est son jardin comme le Signal Iduna Park le fût jadis.

Le « Kloppsico » avait donc tout pour tenir ses promesses à Liverpool alors que le score du match aller (1-1) offrait la possibilité aux deux clubs de croire en leurs chances de qualification pour les demies. Et bien avant le coup de sifflet initial de la rencontre, les supporters du Borussia ont rencontré ceux de Liverpool dans le centre-ville. Là où la tension serait habituellement montée, l’ambiance était bon enfant avec des chants. Des images trop rares.

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Quelques heures plus tard, le célèbre chant sonnant comme l’hymne des deux clubs et repris en choeur par les 45.000 supporters présents au stade. Frissons garantis.

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Un hommage a été rendu aux 96 supporters de Liverpool décédés lors de la tragédie d’Hillsborough survenue le 15 avril 1989. Là, encore les Borussen se sont fait remarquer positivement par un tifo reprenant le nombre « 96 ».

Sportivement, dans une ambiance des grands soirs, c’est l’équipe de Thomas Tuchel, successeur de Jürgen Klopp au Borussia, qui a commencé le match pied au plancher. Sur un rapide contre, Castro a trouvé Aubameyang dont la reprise a été repoussée par Simon Mignolet. Henrikh Mkhitaryan, à l’affût, a ouvert le score (0-1, 5e). Sur un nouveau contre mené avec brio, Reus a envoyé une passe trois étoiles dans la course de Pierre-Emerick Aubameyang, qui a trompé Mignolet d’une frappe dans le plafond (0-2, 9e).

Malgré ça, les Reds se sont ensuite montrés dangereux à plusieurs reprises. Divock Origi a eu deux occasions, la première repoussée par un défenseur (17e), la deuxième est passée à côté du poteau de Weidenfeller (25e). Après une belle parade de Mignolet sur un centre dangereux de Lukasz Piszczek (32e), Coutinho a tenté sa chance, en vain (38e).

Dès le retour des vestiaires, Liverpool a fait mouche sur sa première frappe cadrée du match. Lancé idéalement par Emre Can dans l’axe, Divock Origi a glissé le cuir hors de portée de Weidenfeller d’un pointu entre ses jambes (1-2, 48e). C’est le quatrième but en une semaine pour le Diable Rouge.

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Marco Reus, trouvé sur son aile gauche grâce à la couverture hasardeuse de Mamadou Sakho, a ouvert le pied pour envoyer le cuir dans le filet opposé et tromper Mignolet, impuissant (1-3, 57e).

Alors que tout le monde voyait les Allemands gérer leur avance jusqu’au coup de sifflet final, Liverpool a continué à pousser. Sur un magnifique une-deux avec James Milner, Coutinho a fait mouche d’une frappe de l’extérieur du rectangle (2-3, 66e). La remontée de Liverpool s’est poursuivie dans le dernier quart d’heure. Sur un corner de Coutinho, Mamadou Sakho, seul au petit rectangle, a égalisé d’une tête rageuse (3-3, 78e).

Dans un rush final typiquement anglais, Liverpool a réalisé l’impensable. Sur un coup franc joué à terre, Daniel Sturridge a trouvé Milner qui a centré au deuxième poteau pour Dejan Lovren, qui a propulsé le ballon dans les filets d’une tête imparable (4-3, 90e+1).

Revenu du diable vauvert, Liverpool s’est donc qualifié au terme d’un match qui restera dans les annales du football européen et dans les têtes des amateurs.

Réactions

Thomas Tuchel (entraîneur de Dortmund): « Je ne peux pas expliquer, ce n’est pas logique, mais c’était très émouvant. A la fin, à 3-3, tout le monde croyait qu’il devait en être ainsi, que c’était le destin. Si vous croyez très fort à quelque chose, cela peut se produire. On avait un objectif, on n’y est pas arrivé. Le sport, c’est la victoire et on n’y est pas parvenu. Il faut l’accepter et être un bon perdant donc félicitations à Liverpool. On doit accepter la défaite comme un champion. On a perdu le contrôle et je ne sais pas pourquoi. A 0-2, cela aurait dû être suffisant. Et même ensuite à 1-3 car on avait bien répondu à leur 1er but en en remettant un ».

Divock Origi (Liverpool, au micro BT Sport): « On pourra raconter ça à nos enfants et nos petits-enfants. Quand on a marqué le premier but, on a senti que cela pouvait devenir spécial ».

Dejan Lovren (Liverpool, au micro de BT Sport): « C’est une sensation incroyable. C’est l’un des meilleurs matchs des 2-3 dernières années. On n’a jamais cessé de croire en nous et on a tous fait un effort incroyable. Par contre on ne s’attendait pas à commencer comme on l’a fait… »

Mamadou Sakho (Liverpool, au micro de BT Sport): « Le plus important, c’est que l’équipe a joué avec son coeur et que les supporters ne nous ont jamais laissés tomber. C’est une victoire pour tout le pays de Liverpool ».

Jürgen Klopp (entraîneur de Liverpool): « C’est difficile à expliquer. C’est une nuit merveilleuse à Anfield mais pour être franc, ce match a été très étrange. Quand on a fait entrer Sturridge et Allen, on leur a dit que le message c’était qu’on devait montrer du caractère. Je m’en foutais de perdre, il fallait montrer qu’on le voulait plus qu’eux. C’est le foot européen dans ce qu’il a de meilleur. C’est difficile d’y croire. A la pause, c’est compliqué de rester courageux mais on a convenu qu’il fallait se faire mal. Après ce match, tous les fans de foot, pas uniquement ceux de Liverpool ou Dortmund, peuvent dire: +Ok, le foot c’est sympa+. On s’est battu comme des diables et c’est mérité. Un peu chanceux également. C’est une nuit que l’on n’oubliera pas ».

Liverpool est coutumier du fait

En 2005, la finale de la Ligue des Champions voit s’opposer Liverpool et l’AC Milan. Après 52 secondes jeu seulement, Paolo Maldini plante un but. Il est imité aux 39 et 44e minutes par Hernan Crespo. À la mi-temps, le score est donc de 3-0 en faveur des Italiens. Tout le monde pense le match terminé, il n’en est rien. Dix minutes après la reprise, Steven Gerrard redonne de l’espoir aux Anglais. Deux minutes plus tard, Smicer marque le 2-3. À la 60e, Xabi Alonso hérite d’un pénalty. Dida l’arrête et le repousse dans les pieds de l’Espagnol qui ne se fait pas prier pour fixer le score à 3-3. Le tableau d’affichage n’évolue plus. Aux tirs au but, la tension est palpable. LFC remporte finalement le sacre contre toute attente. Cette rencontre a été longtemps considérée par certains comme le plus beau match de football de l’histoire du sport.

Quentin Droussin (avec Belga)

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