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Tottenham, des Belges et du beau jeu

Stephane Vande Velde

On en oublierait presque Chelsea. Après les Blues, c’est au tour de Tottenham de succomber à la mode des Belges. Ils seront trois dans le noyau des Spurs. Après Moussa Dembélé et Jan Vertonghen, c’est Nacer Chadli qui a rejoint le club du nord de Londres. Mais quelle est la philosophie du grand rival d’Arsenal et est-ce que nos Belges correspondent à celle-ci ?

Tottenham a toujours constitué le temple du beau football à l’extrême. Peu importent les titres, du moment qu’on pratique le football le plus léché du royaume de sa Majesté. Voilà comment on peut résumer l’histoire des Spurs. « Il y a toujours eu une forme d’arrogance », explique James Olley, journaliste au London Evening Standard. « Tottenham s’est toujours cru au-dessus de la mêlée. »

A tous niveaux. Sur le plan financier, grâce à la communauté juive de Londres, Tottenham n’a jamais manqué d’argent. Ce que ses rivaux n’ont jamais manqué de jalouser (et donc de moquer). Sur le plan sportif également. Tottenham n’a remporté que deux titres mais n’a jamais cessé de régaler son public. Contrairement à son rival ancestral, Arsenal, beaucoup plus titré. Jusqu’à l’arrivée d’Arsène Wenger, Arsenal avait la réputation d’une équipe ennuyeuse, calculatrice, se contentant du strict minimum, souvent 1-0 (ce qu’on appela par la suite, le score Arsenal). Rien de tout cela à Tottenham où la règle d’art consistait à confier le jeu à des artistes : Chris Waddle, Glenn Hoddle, Osvaldo Ardiles, Jimmy Greaves, David Ginola ou Gary Lineker étaient tous des joueurs élégants.

Cette philosophie date du premier titre, en 1951. Arthur Rowe, l’entraîneur de l’époque, avait révolutionné le football, en instaurant le push and run, un système de jeu basé sur la possession de balle, les passes et l’utilisation des espaces. On dit même que Rinus Michels, inventeur du football total de l’Ajax se serait inspiré de Rowe. Depuis lors, Tottenham a toujours défendu le beau football à travers les temps.Que ce soit avec le mythique Bill Nicholson ou plus récemment avec Harry Redknapp. Le capitaine de l’ère Nicholson (1958-1974), Danny Blanchflower résumait très bien cette manière de penser en affirmant : « Il faut savoir faire les choses avec élégance et panache, se lancer à l’attaque, ne pas attendre que les adversaires meurent d’ennui. »

Mais à force de privilégier le beau jeu, Tottenham en a oublié de garnir son armoire à trophées. Sous Nicholson, les Spurs pouvaient dicter leur loi à n’importe qui mais n’ont remporté qu’un seul titre. Par contre, ce style de jeu convenait parfaitement aux épreuves à élimination directe (trois Cups, deux League Cup, une Coupe de l’UEFA et une Coupe des Coupes).

Redknapp a redonné le goût de l’offensive à cette formation, quelque peu en léthargie depuis deux décennies. Avec l’entrejeu Scott Parker-Rafaël Van Der Vaart-Luka Modric-Gareth Bale et Aaron Lennon, Tottenham disposait du meilleur entrejeu de Premier League durant deux saisons. Aujourd’hui, André Villas Boas a repris le flambeau. Réputé plus calculateur, il a su s’adapter au style maison, tout en lui conférant un surplus d’organisation. Néanmoins, il a compris qu’à Tottenham, il devait privilégier les artistes.

Le recrutement va d’ailleurs dans ce sens. Vertonghen (acquis par Redknapp) est réputé pour être un défenseur élégant ; Dembélé (voulu par AVB) a du jeu dans les pieds (et est désormais sans doute le numéro six le plus élégant du championnat anglais) et Chadli allie vitesse, détermination et technique.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

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