Sur les traces du Ninja

Le chemin de Roberto Martinez ne mène pas à Rome. Par contre, toutes les routes de la Ville Éternelle mènent à Radja Nainggolan. Promenade dans la capitale italienne, sur les traces d’un amour inconditionnel entre une cité ensoleillée et un Ninja devenu gladiateur.

Distinguer la couleur des murs est presque une épreuve. La faute aux cadres et aux maillots qui donnent à l’établissement une allure de Hall of Fame à 360 degrés. Une ambiance de High School américaine, mais pas un seul mot dans la langue de Shakespeare, ni même dans celle de Donald Trump, capable de sortir de la bouche de Giulio Lucarelli. Le propriétaire des lieux reçoit uniquement en romain.  » Moi, c’est seulement la Roma « , précise-t-il avec les mains, pointées vers tous les murs de son restaurant pour désigner des maillots dédicacés par Francesco Totti, Daniele De Rossi ou Alessandro Florenzi, enfants de la ville aux sept collines.

Quand la conversation s’oriente vers la crête la plus célèbre de la capitale, Giulio offre une courte promenade digestive avant que l’entrecôte ne cède sa place au tiramisu. Direction l’autre bout du restaurant, où trône une photo de Radja Nainggolan, dédicacée par le Ninja.  » Non, il n’est jamais venu manger ici « , regrette le patron du Core di Roma, niché à un coin de rue du sud-est de la Ville Éternelle.  » S’il lit votre article, il saura qu’il est le bienvenu.  »

 » Votre sélectionneur, è un pazzo (c’est un fou, en VF) « , enchaîne Giulio.  » Moi, je vous le dis : Radja, s’il était italien, il serait titulaire avec la Nazionale, c’est sûr ! Enfin, nous, égoïstement, on est content qu’il reste, ça lui fera de la fatigue en moins.  » Dans une ville où on trouve des oeuvres d’art à tous les carrefours, Radja est traité avec le respect que Rome accorde à ses monuments.

 » Je suis déçu pour Radja mais grâce à ça, j’ai la chance de conserver à mes côtés un des meilleurs milieux de terrain d’Europe « , confirme Eusebio Di Francesco. Le coach de la Roma profite pendant la trêve internationale d’un Nainggolan impliqué, auteur d’un doublé dans un match d’entraînement à Trigoria, villégiature du football giallorosso.

Tout comme ses prédécesseurs, Rudi Garcia et Luciano Spalletti, l’ancien entraîneur de Sassuolo a rapidement placé son Belge au centre du projet de jeu romain. La première rencontre de Radja avec la presse de la Ville Éternelle, quand un journaliste lui avait demandé comment il vivait le fait d’être un remplaçant qui avait coûté autant d’argent, semble aujourd’hui surréaliste. Le sourire forcé du Ninja et ses mots conventionnels avaient alors rapidement cédé leur place à une réponse sur le terrain, dévoré plus rapidement que prévu suite à une blessure de Kevin Strootman. Le festin de Nainggolan s’est prolongé et dure désormais depuis près de quatre ans.

Avec sa longévité, et son caractère aussi exubérant que son apparence et son football, Radja a conquis le quotidien de Trigoria. Toujours flanqué de Miralem Pjanic, jusqu’au départ du Bosnien pour la Juve, et de Kostas Manolas, il s’est ensuite rapproché de Francesco Totti, allant jusqu’à partager les vacances du Capitano sur les plages de Mykonos l’été dernier.  » C’est un vrai leader dans le vestiaire, il a toujours le sourire et ne manque jamais l’occasion de faire des blagues « , raconte l’un de ses anciens équipiers à Rome.  » Tout le monde reconnaît son leadership, parce qu’il est vraiment considéré comme un vrai Romain, dans le vestiaire et par les tifosi.  »

Par Guillaume Gautier

Retrouvez l’intégralité de l’article consacré à Radja Nainggolan dans votre Sport/Foot Magazine