© AFP

Sur les traces de… Navas, gardien héros du Costa Rica

Repéré dès l’âge de huit ans, le gardien de but costaricien Keylor Navas a d’abord quitté son village, puis son pays, pour briller au Real Madrid et devenir la star de la sélection nationale.

Pourtant, son parcours a commencé sur un échec: lorsqu’il a passé les tests pour entrer dans la section jeunes du Pérez Zeledon, club de première division de sa région, dans le sud du Costa Rica, on ne l’a pas gardé.

Alors patron d’une société d’autobus, Juan de Dios Madriz était en train de créer une école de football dans le petit village de Pedregoso, non loin de là. « Mon frère m’a parlé d’un gamin qui était bon gardien et moi j’en cherchais un. Je suis allé à la maison de Keylor, j’ai parlé avec sa mère et nous nous sommes mis d’accord pour qu’il intègre l’école », raconte-t-il à l’AFP dans son café à San Isidro, près du stade de Pérez Zeledon. C’est ainsi que Keylor Navas, né le 15 février 1986, débute, à huit ans seulement, une carrière qui le mènera au sommet du football et à devenir le principal atout du Costa Rica au Mondial en Russie.

Six ans plus tard, il quitte son village natal pour rejoindre la capitale et les rangs du club Saprissa, où il fera ses débuts en équipe première en 2005. Vient ensuite le grand saut vers l’étranger: il part jouer à Albacete en deuxième division espagnole, avant de grimper d’une division un an plus tard, à Levante.

-Grande pauvreté-

En 2014, c’est la consécration quand il intègre l’effectif du Real Madrid, après avoir impressionné avec sa sélection au Mondial au Brésil. Avec l’équipe espagnole, il décroche trois Ligues des champions de suite (2016, 2017, 2018)… un exploit impensable pour le joueur costaricien dont le premier entraîneur était un simple chauffeur de bus, autrefois gardien amateur, Didier Ureña.

« Keylor avait un style clinquant, sans aucune timidité et très habile avec ses pieds », se souvient cet entraîneur. Et « il était très discipliné quand il s’agissait de travailler ». Juan de Dios Madriz a lui été marqué par la pauvreté du garçon: « Il fallait tout donner à Keylor. On demandait aux parents une mensualité et une aide pour la tombola qui couvrait les frais de l’école (de foot), mais dans le cas de Keylor, sa famille ne pouvait rien verser ». Keylor a gardé un lien très fort avec Juan, à qui il a payé des billets d’avion, pour lui et sa femme, afin d’assister le 14 février dernier au match aller des huitièmes de finale de la Ligue des champions, face au PSG. Il les a logés dans sa maison.

Roger Mora, actuel entraîneur des gardiens de Saprissa, n’a pas oublié le talent du jeune prodige: « Mentalement, il était très solide, il savait ce qu’il voulait, il était plus attentif que les autres garçons, il était puissant, fort, rapide. Peut-être que, techniquement, il n’était pas si doué car il était en plein apprentissage, mais il avait les gènes que l’on cherche chez les gardiens ».

-Loin du terrain de boue-

Puis, « au bout de quelques mois, on a vu comment il s’améliorait, il nous a prouvé qu’il serait l’un des meilleurs gardiens du Costa Rica, même si on n’avait jamais imaginé qu’il irait aussi vite ».

Keylor a connu son grand moment de gloire, en sélection, lors du match contre la Grèce, en huitièmes de finales du Mondial-2014. Les deux équipes, à égalité (1-1) à l’issue de la prolongation, ont été départagées aux tirs au but. Navas, en stoppant deux tirs grecs, a permis au Costa Rica de déjouer tous les pronostics et de se hisser en quarts de finale, pour la première fois de son Histoire.

Roger Mora ne peut cacher son émotion quand il repense à ce match décisif. En voyant l’exploit de son poulain, « j’ai commencé à me rappeler de tout depuis ses débuts, de tous les sacrifices qu’il avait faits pour arriver jusque-là. J’ai fait partie de cela, j’ai apporté mon grain de sable ». Et « à partir de là, on s’est dit +Keylor est parti, il va jouer dans une grande équipe européenne+. Peu après est venue la surprise de son recrutement par le Real Madrid ».

Juan de Dios Madriz a lui aussi peine à croire quand il mesure le chemin parcouru: « Je l’entraînais sur ce terrain de Pedregal, plein de boue et de trous, et ensuite le voir sur ce terrain parfait du Real Madrid… C’est incroyable ».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire