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Strass et Payet : quand le numéro 10 de l’OM réalise la meilleure saison de sa carrière

Contre Feyenoord, Marseille devra rattraper un retard d’un but pour s’offrir la finale. Le club phocéen compte sur son capitaine Dimitri Payet, auteur à bientôt 35 ans de la meilleure saison de sa carrière, pour renverser la vapeur. Et pour être « à jamais les premiers » de la petite dernière des compétitions européennes, l’OM aura bien besoin du génie de son numéro 10 réunionnais.

« Cent buts et Cent passes décisives en Ligue 1. C’est l’objectif. Personne ne l’a encore fait (…) Si je peux laisser cette trace, ça montrera une régularité et on s’en souviendra.« , clamait l’international français aux 38 sélections à l’entame de la nouvelle saison. Alors qu’il restait sur une saison honnête (7 buts et 10 assists en 33 matches), mais qu’il approchait des 35 ans, personne ou presque ne l’imaginait être capable de mener à bien son pari. Avec douze buts et 10 passes décisives lors de cet exercice 2021-22, le Réunionnais a déjà accompli la première partie de son contrat en atteignant la barre des 100 assists. Il n’a plus qu’une petite rose à planter pour en faire de même avec les réalisations.

Si l’on se fie aux statistiques de la Ligue de Football Professionnelle (LFP), Dimitri Payet a offert son premier caviar chez les pros le 11 août 2007. A l’époque, il portait les couleurs vertes de Saint-Etienne et permettait à Bafétimbi Gomis, autre joueur passé ensuite par la Canebière, de marquer. Payet a ainsi été le fournisseur de buts de Florian Thauvin à 8 reprises et d’André-Pierre Gignac à six, deux joueurs qui font désormais le bonheur de la formation mexicaine des Tigres.

Malgré sa dégaine de Sud-américain qui lui aurait permis de passer incognito dans un championnat d’Amérique latine, le natif de Saint-Pierre est désormais fidèle au maillot olympien depuis cinq ans. Il était revenu dans l’Hexagone en provenance de West Ham (une autre équipe qui briguera ce soir une finale européenne) et servait de tête de gondole aux ambitions de Frank McCourt, le propriétaire américain du club phocéen et de son OM Champions Project.

L’homme d’affaires avait dépensé 35 millions d’euros pour ramener l’international en bordure de Méditerranée. Même si le titre suprême dans l’Hexagone (et un titre tout court) se fait toujours attendre à l’ombre de Notre-Dame-de-la-Garde, le retour sur investissement s’avère plutôt intéressant. Et pour devenir une vraie bonne affaire, Payet pourrait offrir au peuple marseillais la toute nouvelle Conference League. L’occasion, là aussi, de permettre à son club d’être « à jamais le premier. »

Dans cette compétition, Dimitri Payet s’est aussi illustré de fort belle manière, notamment en expédiant dans la lucarne du PAOK Salonique une volée magistrale en-dehors du rectangle. En six matches de Conference League, il a marqué trois fois et délivré trois balles de but.

La qualité de passes du numéro 10 olympien n’est plus à démontrer. Que ce soit du droit ou du gauche, le maestro du stade Vélodrome peut placer n’importe lequel de ses partenaires dans des conditions idéales pour faire trembler les filets. Mais c’est surtout sur les ballons arrêtés que sa précision est la plus démoniaque que d’autres joueurs. 39% de ses assists viennent en effet de ce type d’action. Ce qui veut dire que les autres 61% proviennent de situations de plein jeu. L’équilibre entre les deux est plutôt rare que pour ne pas être soulignés.

Le talent et le génie du Réunionnais font en tout cas l’unanimité, même si le côté inconstant et caractériel du joueur lui a souvent joué des mauvais tours. Antoine Kombouaré, l’entraîneur du FC Nantes, qui ne l’a jamais eu sous ses ordres au long de sa carrière, dépeint les traits de caractère de Payet. . « Ce n’est pas un garçon facile à gérer. il est capable de bouder mais c’est un gagneur, un compétiteur avec de grosses statistiques. J’aime aussi le garçon avec son tempérament« , confiait l’ancien joueur du PSG dans un entretien pour France Télévisions Outre-mer . » J’ai souvent essayé le faire venir dans mes équipes et ça s’est joué à deux doigts au PSG. Il avait fait des choses dingues pour nous rejoindre. J’ai beaucoup d’attachement pour le joueur, mais aussi l’homme. J’aime les gens de caractère.« , poursuit-il. Adversaire de l’OM sur le banc des Canaris, Kombouaré a pu observer l’importance de l’international français dans le jeu phocéen. « Il est souvent décisif et c’est même le joueur phare de cette équipe marseillaise, le patron technique. Il est sorti du centre de formation de Nantes et forcément, ça me parle (…)« , poursuit-il avec un sourire en coin.

Dimitri Payet distribue les caviars et empile les buts cette saison, tant sur la scène française qu'européenne.
Dimitri Payet distribue les caviars et empile les buts cette saison, tant sur la scène française qu’européenne.© iStock

L’international turc Under Cengiz côtoie au quotidien le meneur de jeu de son équipe. « Dimitri Payet est un grand joueur et son implication à son âge est un exemple. Pendant ma carrière, j’ai évolué avec des joueurs de talent. Trois me viennent directement en tête : Daniele De Rossi et Edin Dzeko à La Roma, et Jamie Vardy à Leicester. Mais Payet est peut-être le plus talentueux de tous. C’est un battant. On voit qu’il aime encore jouer au ballon. Je suis très chanceux d’évoluer avec lui. Sa présence nous motive et nous aide à progresser.« , explique l’ailier de poche.

Cette renaissance de Payet n’est sans doute pas étrangère à la présence sur le banc marseillais de l’électrique Jorge Sampaoli, un entraîneur connu pour son football total. Le petit technicien au crâne rasé ne tarit pas d’éloges non plus au moment d’évoquer son numéro 10. « J’ai eu la chance de diriger de très bon joueurs qui m’ont permis de survivre dans cette profession (…). Evidemment , il y a le meilleur de tous, Lionel Messi. Il y a deux joueurs français dont je me souviendrais toujours, Samir Nasri et Dimitri Payet. Je considère que ce dernier joue encore à un très haut niveau. Dans ma carrière, c’est l’un des meilleurs joueurs avec lesquels j’ai pu collaborer »

Toutes compétitions confondues cette saison, Dimitri Payet a inscrit 16 buts et adressé 13 passes décisives. Dans l’émission « Late Football Club » sur Canal + », le consultant Christophe Jallet , qui fut l’équipier de Payet en sélection française, estime que le Marseillais pourrait encore faire partie de la sélection de Didier Deschamps pour le Mondial au Qatar. « C‘est dans un coin de ma tête. Tant que je pourrais jouer au niveau international ça sera dans un coin de ma tête. Je suis sélectionnable. Mais quand voit le potentiel offensif des Bleus les places sont chères. Je travaille quand même dans cet espoir.« , avait affirmé Payer sur l’antenne de RMC.

S’il devra encore patienter pour planter sa 100e rose en Ligue 1 et réussir ainsi un double-double à trois chiffres historique dans l’histoire du football français, Dimitri Payet peut encore écrire sa belle histoire en marquant un but qui enverrait les siens en finale de la nouvelle Conference League. Et ainsi rêver d’un titre qui manque toujours à son actif et lui vaut d’être charrié par ses petits camarades (notamment Amine Harit). « C’est touchant parce qu’ils savent que je cours après ça depuis pas mal d’années. C’est des petits cons, c’est un peu chambreur. C’est comme pour la victoire à Bordeaux, ils m’ont dit qu’il fallait les appeler avant, qu’ils auraient réglé le problème bien avant tout ça. », expliquait-il récemment en souriant.

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