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Sterling: « Je ne pense pas que la discrimination positive soit une bonne idée »

Joueur majeur de la sélection anglaise et de Manchester City, Raheem Sterling ne se contente pas d’être une star du foot. L’ailier de 25 ans est aussi une icône qui n’hésite pas à prendre position. Entretien de Pierre-Etienne Minonzio issu de Le Magazine L’Equipe.

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Raheem Sterling à propos…

… de la discrimination positive :« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Parce qu’en imposant un tel système, on forcerait les choses. Et quand les clubs étudieraient les CV des trois ou quatre personnes qui profiteraient chaque année de cette discrimination positive, ils se diraient : Ces gars-là ont été privilégiés. Il faudrait arriver à faire en sorte que tous les candidats à des postes dans le football soient considérés de la même manière. Or, je pense qu’aujourd’hui un candidat noir à un poste d’entraîneur ne se voit pas offrir les mêmes opportunités que les autres. »

… du rôle des médias :« J’ai voulu faire comprendre aux journalistes qui écrivent dans ces journaux qu’ils ont une responsabilité. Je ne les ai pas accusés de publier des contenus racistes, mais d’attiser occasionnellement le racisme. J’imagine un Anglais moyen de 45 ans, assis chez lui en train de lire le journal, et qui découvre sans la moindre mise en perspective qu’un joueur de 19 ans refuse de toucher le salaire de 70.000 livres (84 374 euros, ndlr) par semaine que lui propose son club (en 2014, alors qu’il évoluait à Liverpool, Sterling avait décliné une offre salariale de ce type, la jugeant trop faible, ndlr). À l’époque, des personnes ont pensé que j’étais vraiment un sale mec, sur la foi de ce qu’elles lisaient. La manière dont j’étais dépeint dans les médias explique pourquoi beaucoup de gens dans mon pays m’ont haï. Je me souviens que lorsque Danny Welbeck a signé à Arsenal, il a acheté une maison, ce qui a fait les gros titres sur le thème : « Welbeck dépense un fric fou… » Tous les articles parlaient d’argent, du prix de la maison, de son côté bling-bling. Au même moment, Jack Wilshere avait, lui, acquis une grande maison pour sa mère, ce qui était présenté comme une démarche simple et généreuse. Mais vous savez, cette différence de traitement ne se limite pas au football. J’ai lu récemment un papier consacré à un écolier blanc qui avait été surpris avec de la cocaïne. Le ton était assez léger, avec un titre du genre : « Comme punition, cet écolier va devoir recopier de drôles de lignes. » Je peux vous certifier que si ce gamin avait été noir, le contenu de l’article aurait été bien plus négatif. Et notre Anglais moyen aurait eu une opinion assez arrêtée sur cet écolier…Au final, ce que je veux mettre en avant, c’est qu’on a tous des responsabilités. J’en ai sur le terrain et en dehors. Mais les journaux en ont aussi, notamment pour faire en sorte que les jeunes joueurs noirs se soient pas pénalisés par un traitement médiatique défavorable. »

… de son image : « Parfois, je vois des spectateurs qui sont sur le point de me hurler dessus. Pas forcément des insultes racistes, mais quelque chose de méchant. Je vois la colère dans leurs yeux, mais ils se retiennent de dire quoi que ce soit. Peut-être parce qu’ils pensent qu’ils risquent d’être filmés et que ça pourrait se retourner contre eux… Mais c’est vrai que je sens, plus globalement, que le regard que les gens posent sur moi a changé. J’avais auparavant l’impression d’être systématiquement représenté négativement. Aujourd’hui, depuis un an, on a une perception plus juste de ma personnalité, d’une certaine manière. »

Entretien de Pierre-Etienne Minonzio issu de Le Magazine L’Equipe.

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