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Scandale à la FIFA: « C’est la Coupe du monde de la fraude »

L’attribution des Coupes du monde 2010, à l’Afrique du Sud, et 1998, à la France, était « corrompue », ont accusé en substance les autorités américaines mercredi, alors qu’un scandale de corruption frappe la FIFA et que 14 inculpations ont été annoncées à New York contre des responsables et partenaires de la Fédération.

Le Trinidadien Jack Warner, ancien président de la Confédération nord-américaine de football (Concacaf), avait sollicité, et obtenu, des pots-de-vin dans le cadre du processus d’attribution du Mondial-1998, ont annoncé mercredi les autorités américaines.

« Au début des années 1990, M. Warner a commencé, avec l’aide d’un complice, à exercer son influence et à tirer profit de ses postes pour son propre gain personnel », selon les documents du ministère de la Justice qui ont conduit à l’inculpation de quatorze responsables et partenaires de la FIFA, dont Warner, ancien membre du comité exécutif de la Fédération internationale.

« Il a entre autres sollicité et obtenu des pots-de-vin dans le cadre des processus d’attribution des Coupes du monde 1998 et 2010 », poursuit le document. L’organisation de la Coupe du monde 1998 avait été confiée par la FIFA en juillet 1992 à la France, qui était en concurrence avec un seul autre candidat, le Maroc. La France avait remporté le scrutin par douze voix contre sept.

Lors d’une conférence de presse à New York, la ministre américaine de la Justice Loretta Lynch avait évoqué la Coupe du monde en 2010, mais pas le Mondial 1998.

Pour la Coupe du monde 2010 attribuée à l’Afrique du Sud, « même pour cet événement historique, les dirigeants de la FIFA et d’autres ont corrompu le processus en utilisant des pots-de-vin pour influencer la décision d’attribution », avait déclaré Mme Lynch.

Les 14 inculpations de New York ne sont qu’un début

Par ailleurs, les 14 inculpations annoncées à New York contre des responsables et partenaires de la FIFA ne sont « que le début de notre effort » a déclaré mercredi le procureur fédéral de Brooklyn Kelly Currie.

« C’est le début de notre effort, pas la fin », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse durant laquelle la ministre américaine de la justice Loretta Lynch a accusé ces inculpés d’avoir « corrompu les affaires du football mondial pour servir leurs intérêts et pour s’enrichir personnellement ». La ministre a ajouté que la prochaine étape dans ce dossier était une demande d’extradition des accusés vers les Etats-Unis pour y être jugés.

« C’est la Coupe du monde de la fraude. Aujourd’hui nous avons sorti le carton rouge », a lancé Richard Weber, un responsable du fisc américain.

Neuf élus de la FIFA et cinq partenaires de l’instance mondiale du football ont été inculpés mercredi de corruption, racket et blanchiment à New York, accusés d’avoir reçu ou distribué plus de 150 millions de dollars depuis 1991, pour les droits de diffusion de tournois internationaux.

Sept d’entre eux ont été arrêtés à Zurich, ville où siège la FIFA, et où doit être organisée vendredi l’élection du président de la FIFA.

Ils risquent jusqu’à 20 ans de prison.

Les membres de la FIFA inculpés sont Jeffrey Webb, vice-président de la FIFA et président de la Concacaf (Confédération de football d’Amérique du nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes); Eduardo Li, membre des comités exécutifs de la FIFA et de la Concacaf; Julio Rocha, chargé du développement à la FIFA; Costas Takkas, attaché au cabinet du président de la Concacaf; Eugenio Figueredo, actuel vice-président de la FIFA; Rafael Esquivel, membre du comité exécutif de la Conmebol; José Maria Marin, membre du comité d’organisation de la FIFA pour les jeux Olympiques; Nicolas Leoz, ancien membre du comité exécutif de la FIFA, ainsi que Jack Warner, ancien membre du comité exécutif de la FIFA, déjà impliqué dans de nombreuses affaires de corruption.

Les partenaires de la FIFA inculpés sont des professionnels du marketing sportif, soupçonnés d’avoir « payé de manière systématique et accepté de payer bien au-delà de 150 millions de dollars en pots-de-vin et rétrocommissions pour obtenir de lucratifs droits médiatiques et marketing pour des tournois internationaux de football », selon les autorités judiciaires américaines.

Six autres personnes avaient plaidé coupable dans ce dossier entre juillet 2013 et mai 2015, dont Charles Blazer, ancien secrétaire général de la Concacaf et ancien membre du comité exécutif de la FIFA, et deux fils de Jack Warner, a précisé la justice américaine.

Blatter: « Un moment difficile pour le football et la FIFA »

« C’est un moment difficile pour le football, les supporteurs et la FIFA », a réagi le président de l’instance mondiale Sepp Blatter, après le nouveau scandale déclenché par l’arrestation de sept responsables soupçonnés de corruption.

« De tels comportements n’ont pas leur place dans le football et nous nous assurerons que ceux impliqués seront exclus du jeu », a ajouté M. Blatter dans un communiqué où il livrait sa première réaction.

Peu avant, la FIFA avait annoncé avoir suspendu provisoirement 11 personnes, dont Jeffrey Webb, un de ses vice-présidents, après la procédure engagée par la justice américaine.

« Nous continuerons à travailler avec les autorités compétentes et nous nous efforcerons avec vigueur, à l’intérieur de la FIFA, d’éradiquer tout comportement inapproprié, afin de regagner la confiance », a ajouté M. Blatter.

Ces interpellations qui plongent la FIFA dans la crise, interviennent à deux jours de l’élection à la présidence de l’instance mondiale où M. Blatter, 79 ans, en poste depuis 1998, briguera un cinquième mandat. Il trouvera face à lui un seul adversaire, le prince jordanien Ali bin Hussein.

Le président de la fédération anglaise appelle Sepp Blatter à partir

Le président de la fédération anglaise de football (FA) Greg Dyke a appelé jeudi le président de la Fifa Joseph Blatter, candidat à un cinquième mandat à la tête de l’organisation, à quitter son poste après l’arrestation de responsables soupçonnés de corruption.

« Sepp Blatter doit abandonner son poste de président », a déclaré Greg Dyke à l’agence de presse Press Association.

Greg Dyke a ajouté qu’il n’était pas « possible de rétablir la confiance en la Fifa si Sepp Blatter est encore là ». Le président de la Fifa « doit s’en aller en démissionnant, ou il doit être mis en minorité, ou nous devons trouver une troisième voie », a-t-il ajouté.

Le président de la fédération anglaise s’était déjà interrogé mercredi dans un communiqué sur l’intérêt d’élire vendredi le président de la Fifa après l’inculpation de neuf de ses responsables soupçonnés de corruption.

L’Angleterre a été candidate malheureuse pour le Mondial-2018, attribuée finalement à la Russie dans des conditions litigieuses, en même temps que l’édition 2022 qu’organisera le Qatar.

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