© AFP

Que faut-il retenir de la carrière du légendaire Raúl ?

Stagiaire

A 38 ans, l’élégant Raúl González Blanco a mis un terme à sa carrière de footballeur. Comme un symbole, il raccroche les crampons sur un titre de champion avec le New York Cosmos en seconde division nord-américaine. Adulé par ses supporters et respecté par ses adversaires, Raúl a rarement déçu. Retour sur le parcours de l’emblématique numéro 7 du Real Madrid.

Raúl n’a joué que pour quatre équipes différentes dans sa carrière professionnelle : le Real Madrid (1994-2010), Schalke 04 (2010-2012), Al-Sadd (2012-2014) et le New York Cosmos (2015). L’homme est du genre fidèle et honnête. Pourtant, son parcours dans les équipes d’âge ne le laissait pas forcément penser.

Pour ceux qui l’avaient oublié, le Madrilène a évolué dans les équipes de jeunes de l’Atlético Madrid pendant deux ans. En réalité, il n’a pas vraiment eu le choix. Sa famille était de fervents supporters des Colchoneros. Sa carrière aurait pu être bien différente si le deuxième club de la capitale n’avait pas eu des problèmes financiers. Raison pour laquelle il rejoint l’ennemi à l’âge de 15 ans. La machine à marquer est lâchée dans l’enceinte du Santiago Bernabéu un soir d’octobre 1994. Elle s’est définitivement arrêtée dans la nuit de dimanche à lundi.

Les clubs dans lesquels l’attaquant d’1m80 a évolués n’ont jamais regretté de l’avoir eu dans leur rang. Partout où il est passé, il a marqué des buts. Sans aucun doute la marque des plus grands. Florentino Pérez, le président des Merengues, lui a d’ailleurs rendu un hommage à la hauteur de son talent sur le site du club : « Raúl est exemple d’honnêteté, de travail, de refus de la défaite et de passion pour le ballon. » Il précise ensuite que « l’Espagnol est important afin de pouvoir comprendre l’histoire récente du Real Madrid. »

Raúl, une valeur sûre en club

Le moins que l’on puisse dire c’est que Raúl n’a pas perdu le chemin de son armoire à trophées lorsqu’il évoluait sous les couleurs madrilènes. En seize saisons, l’Espagnol a notamment remporté la Liga à six reprises, 3 Ligues des Champions en cinq ans et 4 Supercoupes d’Espagne. Malgré ce palmarès extraordinaire, il quittera la capitale espagnole avec deux grands regrets.

Aussi improbable que cela puisse paraître, Raúl n’a jamais gagné la Coupe d’Espagne. En 2002 et 2004, le Real échoue en finale face au Deportivo La Corogne et Saragosse. La quête désespérée de la Decima, tant désirée par les socios, constitue sa seconde déception. Au début de la saison 2003-2004, il hérite du brassard de capitaine à la place de Fernando Hierro. Ces dernières années, l’emblématique défenseur central a emmené les Merengues vers les sommets européens. Raúl espère en faire de même. Il échouera à cause de la fameuse malédiction des huitièmes de finales qui frappent le Real Madrid six fois de suite, de 2004 à 2010, année de son départ.

Des statistiques impressionnantes sous le maillot du Real

Le chat noir de l’équipe en Champions League serait-il le capitaine Raúl ? Une seule statistique suffit à balayer les doutes des plus superstitieux. Avec 71 buts (dont cinq avec Schalke) dans cette compétition, il en est le troisième meilleur buteur de l’histoire. Seuls Cristiano Ronaldo (83) et Lionel Messi (77) l’ont récemment dépassé.

D’autres chiffres permettent de comprendre, davantage encore, la place si importante que le Galactique occupait dans l’équipe :

  • Raúl est le joueur le plus capé de l’histoire du Real Madrid avec 741 apparitions, dont 550 en Liga.
  • Avec 323 buts, il fut le meilleur artificier du club, toutes compétitions confondues, jusqu’au 17 octobre. Ce jour-là, CR7 l’a dépassé grâce à un but inscrit face à Levante. Le Portugais en est désormais à 326.
  • En seize saisons, Raúl n’est descendu que deux fois sous la barre des 30 matches en Liga. Il a pris part à 28 rencontres lors de sa première année. Et en 2005-2006, il n’a joué que 26 matches à cause d’une blessure encourue à la mi-novembre. Celle-ci l’a obligé à rester sur la touche pendant trois mois.

Son départ du Real Madrid vers Schalke 04 a laissé beaucoup d’observateurs sceptiques. Quitter son premier amour, après 16 ans de vie commune, n’est pas anodin. D’autant plus que, hormis une petite période de turbulence entre 2004 et 2007 (trois saisons de suite sous la barre des 10 buts en championnat), tout s’était toujours très bien passé. Beaucoup de supporters du club espéraient que le couple allait tenir jusqu’à leurs noces de porcelaine (20 ans de mariage). Ce ne fut pas le cas. Il aura manqué quatre ans. Alors oui, ils auraient pu faire semblant de s’aimer comme au premier jour. Mais le marié, plus aussi désiré et indispensable qu’auparavant, était trop honnête pour s’attacher à tout prix. Suite à un bilan catastrophique en championnat de 5 buts et aucune passe décisive, il annonce son départ le 26 juillet 2010. Sage décision.

Schalke 04 sous le charme de l’Espagnol

Raúl rejoint donc Schalke 04, le club de la Ruhr. C’est tout de suite moins sexy. Mais il ne se laisse pas abattre. Il veut faire taire ses détracteurs et prouver qu’à 33 ans, il est encore assez jeune pour séduire à nouveau. Comme on pouvait s’y attendre, les premières semaines sont difficiles. Avant de faire son trou, il doit se débarrasser de son adversaire le plus sérieux : Klaas-Jan Huntelaar. Pari gagné dès la fin du mois de septembre. L’attaquant marque des points en commençant à secouer les filets adverses. Lorsque le club remporte la Coupe d’Allemagne en 2011, il devient définitivement le chouchou de Gelsenkirchen.

Sous les couleurs de Schalke 04, le bilan personnel de l’Espagnol est excellent : 40 buts en 98 matches. Suffisant pour que Horst Heldt, le directeur sportif des « Königsblauen », annonce que le numéro 7 est définitivement rangé au placard.

Une belle fin de carrière

Par la suite, Raúl vivra encore deux belles aventures dans des pays à la mode depuis quelques années : Al Sadd (Qatar) et New York Cosmos (Etats-Unis). Ces deux destinations lui ont permis de signer deux beaux contrats tout en découvrant de nouvelles cultures. Mais pas seulement. Même à 35 ans, le Madrilène a toujours soif de victoires. S’il a accepté de rejoindre ces deux clubs, c’est qu’ils avaient un ambitieux projet. Et cela s’est confirmé sur le terrain.

L’Espagnol a réussi à être champion avec Al Sadd en 2013 et en 2015 avec les New York Cosmos. Lors de ces deux saisons, il a marqué à chaque fois 9 buts. Au regard de son palmarès au Real Madrid, ces titres ne sont pas très importants d’un point de vue sportif. Par contre, ils démontrent à quel point Raúl fut un compétiteur quel que soit le niveau du championnat dans lequel il évoluait.

Le paradoxe de la Roja

Enfin, il reste à évoquer le parcours de Raúl avec l’équipe nationale. Avec celle-ci, il a participé à 3 Coupes du Monde (1998, 2002 et 2006) et à 2 Championnats d’Europe (2000 et 2004). Son meilleur résultat au Mondial est un quart de finale au Japon et en Corée du Sud. C’est face à cette dernière que la Roja a été éliminée. Après avoir marqué 3 buts en 4 matches, Raúl n’était malheureusement pas présent sur le terrain à cause d’une blessure. Même constat d’échec lors de l’Euro organisé conjointement par la Belgique et les Pays-Bas où les Espagnols se sont également arrêtés en 1/4 de finale.

Et quand la génération dorée voit le jour lors de l’Euro 2008, Luis Aragones décide de ne pas l’appeler. A sa place, il sélectionne l’attaquant de Saragosse Sergio Garcia. Celui-ci vient de terminer la saison avec un total de 5 buts. De son côté, Raúl en a marqué 13 de plus et permet au Real Madrid d’accrocher son 31e titre de champion. Cherchez l’erreur. Cet affront ultime sonnera définitivement le glas de sa carrière internationale. Celle-ci lui laissera donc un goût de trop peu malgré ses 44 buts en 102 matches.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire