© EPA (PETER KLAUNZER)

Quand le Tsar Nicolas Lombaerts faisait les beaux jours du Zenit

Ce mardi, le Club Bruges entame sa campagne en Ligue des Champions contre le Zenit. Il y a treize ans, Nicolas Lombaerts, qui a fait ses classes au Club, y était transféré. Il y est resté dix ans.

Un tour en bateau sur les canaux de Saint-Pétersbourg, pour la séance photos ? Nicolas Lombaerts, qui a alors 22 ans, accepte avec enthousiasme. Il se promène sans être dérangé sur l’immense place qui s’ouvre devant l’Ermitage. Nul ne le reconnaît. Il est arrivé quatre semaines plus tôt dans la ville connue sous le nom de Leningrad de 1917 à 1991, la ville où a grandi l’actuel président russe, Vladimir Poutine. Ce jour-là, fin juillet 2007, il est stupéfait quand quelques jeunes lui demandent un autographe, à l’issue de la promenade en bateau. Il pense à une plaisanterie, mais non, ces jeunes veulent vraiment un autographe et le remercient chaleureusement. Lombaerts lui-même leur témoigne sa reconnaissance pour leur intérêt.

Il a moins de succès quand il tente d’emmener ses hôtes belges dans le stade. Le garde refuse et tient bon, même quand le joueur précise son identité. « I’m a player, Nicolas Lombaerts, number six. » Puis un coup de fil au team manager change tout. Le rude garde devient l’amabilité en personne, mais à la véritable entrée du stade, c’est la même chanson. La concierge est formelle, et il faut de nouveau téléphoner au team manager.

Il espérait évoluer en Bundesliga, au Hertha BSC, mais Michel Louwagie, avait appris que le Zenit était prêt à payer deux fois plus que le club allemand.

Lombaerts se plaît au Zenit dès le premier jour, même si ce n’était pas son premier choix, pas plus que le Dynamo Kiev, qui le convoitait également. Il espérait évoluer en Bundesliga, au Hertha BSC, mais le manager de La Gantoise, Michel Louwagie, avait appris que le Zenit était prêt à payer deux fois plus que le club allemand et avait raisonné l’entourage de Lombaerts : les quatre millions perçus pour son transfert apuraient le solde des dettes de Gand. Plus tard, Lombaerts a obtenu un bar à son nom à la Ghelamco Arena. Un juste retour des choses.

À peine arrivé à Saint-Pétersbourg, où le coach Dick Advocaat le convoitait, Lombaerts oublie sa déception. Il enlève d’emblée la Coupe de l’UEFA avec le Zenit et découvre une ville formidable, qui lui offre de nombreuses distractions et qui peut se targuer d’une culture prodigieuse. Il conquiert les coeurs du noyau dur comme des supporters plus modérés. Il ne lui faut pas longtemps pour accorder des interviewes en russe.

Pendant les négociations, qui se déroulent sur un bateau privé qui mouille dans le port, il a le vertige en apprenant combien il va gagner. « Jamais un grand club belge ne pourrait payer ça. Même l’Allemagne n’aurait pu me verser en brut ce que je gagne en net ici. » Quand il demande des billets d’avion pour sa famille, les Russes estiment qu’il exagère, son salaire lui permet de les payer. « C’est exact. »

Peu après notre visite, il rate le concert des Rolling Stones, car il a un match le même jour. Il a déjà visité l’Ermitage zet il peut nous indiquer dans quelle salle les primitifs flamands, ces grands peintres de la fin du Moyen-Âge, sont exposés.

Le Club Bruges, qui l’avait formé, ne le jugeait pas suffisamment bon pour lui offrir un contrat professionnel.

Lombaerts doit toutefois interrompre ses études de droit. À 18 ans, il avait jugé logique d’entreprendre des études universitaires, d’autant que le Club Bruges, qui l’avait formé, ne le jugeait pas suffisamment bon pour lui offrir un contrat professionnel. Le directeur sportif du moment, Marc Degryse, avait d’autres priorités, compte tenu de la qualité de cette levée. « Mes coéquipiers ont obtenu un contrat pro, les uns après les autres. Le Club a hésité en ce qui me concernait et j’ai signé à Gand. Le Club m’a alors proposé un contrat, mais c’était trop tard. »

Il veut intégrer le noyau A de La Gantoise, mais il est surpris que Georges Leekens le titularise d’emblée.  » Si vous m’aviez demandé à 18 ans si je voulais devenir footballeur professionnel, je vous aurais ri au nez en répondant : non, évidemment « , explique-t-il dans un délicieux restaurant au centre de Saint-Pétersbourg. » Un sélectionneur en équipe nationale d’âge le lui avait fait comprendre :  » Ne pense pas que tu joueras un jour en première division. Tu peux éventuellement réussir un échelon plus bas.  »

Lombaerts restera dix ans au Zenit. Il y sera toujours titulaire, sauf lors de sa dernière saison. Il est revenu de Russie avec une valise remplie de trophées : la Coupe de l’UEFA, quatre titres et deux Coupes nationales. En plus, il s’est produit à 39 reprises avec les Diables rouges, de 2006 à 2016.

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