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PSG-Basaksehir, devenu symbolique, s’achève dans l’émotion et le jeu

Devenu symbolique de la lutte contre le racisme dans le foot, l’affiche de Ligue des champions entre le Paris SG et le Basaksehir Istanbul a trouvé mercredi un épilogue émouvant et spectaculaire (5-1), au lendemain de son interruption sur fond d’accusations visant un arbitre.

Au Parc des Princes, des banderoles ont été déployées et les joueurs ont posé un genou à terre, un geste associé à la lutte antiraciste, pour montrer que l’atmosphère a bien changé en un jour, au lendemain d’une soirée au retentissement mondial: mardi, les joueurs avaient choisi de quitter la pelouse et de ne pas reprendre le jeu en réaction aux propos du quatrième arbitre.

Souhaitant sanctionner l’entraîneur adjoint de Basaksehir, le Camerounais Pierre Achille Webo, d’un carton rouge pour protestation, le Roumain Sebastian Coltescu l’avait désigné à l’arbitre principal comme « le noir » en roumain (« negru »), provoquant la colère et l’indignation des deux équipes.

Le match ayant été arrêté à 0-0 à la 13e minute de jeu, il a repris mercredi soir au même chronométrage, avec une nouvelle équipe arbitrale. Le Paris SG, déjà assuré d’être en huitièmes de finale, s’est imposé sur un score de 5-1, avec un somptueux triplé du Brésilien Neymar (21e, 38e, 50e), s’assurant la première place de sa poule et un tirage a priori plus favorable.

Mais si le spectacle et le jeu ont été au rendez-vous, l’issue sportive était presque secondaire dans cette rencontre qui a marqué les esprits.

Durant l’échauffement, les joueurs et les arbitres avaient revêtu un tee-shirt « NO TO RACISM » (Non au racisme). Puis, juste avant la reprise du jeu, les joueurs et les nouveaux arbitres désignés se sont rassemblés dans le rond central pendant la diffusion du célèbre hymne de la compétition, posant un genou à terre, un geste devenu un symbole du mouvement « Black Lives Matter » contre le racisme et les violences policières.

La majorité d’entre eux, dont les superstars Kylian Mbappé et Neymar, ont également levé le poing et pour certains baissé la tête.

« Non au racisme », pouvait-on lire sur une bâche installée dans l’une des tribunes centrales, alors que dans le virage Auteuil les ultras ont affiché leur « soutien à M. Webo » et leur « fierté » devant l’attitude des joueurs.

– Webo bien présent –

Sur le banc de touche, Pierre Achille Webo était bien présent, un autre symbole fort. Malgré lui, il a été l’un des protagonistes de cette polémique conclue par le retour au vestiaire de tous les joueurs, un geste fort et inédit à ce niveau, dans un monde du football souvent taxé de laxisme et d’indifférence sur ce sujet.

L’UEFA avait finalement annoncé tard mardi, après plusieurs heures de polémique, l’ouverture d’une « enquête approfondie ». Mercredi, elle a désigné un inspecteur disciplinaire et suspendu le carton rouge visant Webo.

Le controversé Ovidiu Hategan a été remplacé au sifflet par l’expérimenté Néerlandais Danny Makkelie. Un changement d’arbitre était l’une des conditions des joueurs pour reprendre le match.

Le règlement disciplinaire prévoit une suspension d’au moins dix matches pour un comportement raciste ou discriminatoire.

Mercredi, le monde sportif a salué à l’unanimité la décision des joueurs parisiens et stambouliotes de rentrer au vestiaire.

« Un geste d’une dimension inédite et d’une incroyable portée », s’est réjoui le quotidien sportif français L’Équipe, en titrant sur « Le ras-le-bol ». « Les joueurs ont dit stop! », décrit Le Parisien.

– « Un tournant » –

Mbappé, Neymar et d’autres figures du PSG ont pour leur part exprimé sur les réseaux sociaux leur engagement contre le racisme.

« Une symbolique forte », a déclaré en France la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu, tandis que son homologue roumain Ionut Stroea présentait ses « excuses au nom du sport roumain ».

La dimension sportive est passée au second plan d’une rencontre qui symbolise la fin d’une année 2020 marquée par l’engagement militant croissant du monde sportif, notamment dans le football alors que l’UEFA, jusque-là, voulait éloigner au maximum la politique des stades.

L’indignation de nombreux sportifs américains contre l’injustice raciale, au sein du mouvement « Black Lives Matter », a marqué une prise de conscience collective de l’autre côté de l’Atlantique.

En France récemment, plusieurs footballeurs, comme Mbappé ou Antoine Griezmann, se sont élevés contre les violences policières.

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