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Progreso, un village argentin meurtri par la mort de son héros Emiliano Sala

A Progreso, petit bourg agricole de la Pampa, en Argentine, la confirmation officielle jeudi de la mort de l’enfant prodige Emiliano Sala a suscité douleur et consternation.

Profondément meurtri par l’annonce officielle de l’identification de son fils, Horacio Sala, père du footballeur, est resté reclus dans sa maison jeudi soir. Effondré, selon des voisins, qui esquivent les questions des journalistes. Séparé depuis 10 ans de la mère d’Emiliano Sala, Horacio est devenu une figure de Progreso au gré des succès de son fils, qui y a vécu de 3 à 15 ans.

« Depuis que nous avons appris (l’identification du corps), les gens ne parlent que de ça, le village est très affecté. Il était très aimé et admiré de tous. Ici c’est petit, tout le monde se connaît », a confié à l’AFP le patron du restaurant La Sociedad Italiana, Oscar Heymo. Ami d’Horacio Sala, le restaurateur n’a pas eu le courage de lui rendre visite jeudi. « Cette histoire, c’est terrible, vous n’imaginez pas la douleur qu’on ressent », dit Oscar Heymo.

Idole de Progreso, Emiliano Sala jouait au foot avec les jeunes du village à chacune de ses visites, pendant la trêve estivale ou hivernale avec le FC Nantes.

Alors que les footballeurs argentins évoluant en Europe paradent dans de belles voitures quand ils retournent au pays, Sala faisait toujours profil bas. « Il était bon, mais sincèrement on ne pouvait pas prévoir qu’il atteindrait l’élite, il a fait beaucoup de sacrifices, c’était sa passion », se souvient Diego Solis, son entraîneur au club San Martin de Progreso, avant qu’il ne parte à San Francisco, l’académie des Girondins de Bordeaux dans la province voisine de Cordoba.

Diego Solis conserve les deux maillots de Bordeaux offerts par Sala à ses filles. « C’est une personne remarquable, il ne parlait jamais de lui, il demandait des nouvelles de tout le monde », dit-il, « nous sommes en état de choc ».

Julio Muller, le maire de Progreso, 3.000 habitants, raconte comment ses administrés suivaient son parcours footballistique. « Ce n’était pas si facile, on ne diffuse pas beaucoup de matches du championnat français en Argentine ». Le village de Progreso se gargarisait des succès de l’enfant du pays. Après chaque match de Nantes, on commentait les buts marqués par Sala. « On essayait de voir ses buts et on les célébrait », souligne le maire.

« Son délire », poursuit-il, « c’était le ballon, jouer au football. C’est pour cela qu’il est arrivé à ce niveau ».

A Progreso, le jour de la disparition d’Emiliano Sala a été vécu comme un séisme. « Il y a un avant et un après. Nous sommes un peuple triste, qui souffre… Notre ambassadeur, Emi », lâche le maire sans pouvoir terminer sa phrase, étouffé par l’émotion.

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