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Pourquoi le Napoli ne fait plus peur en Italie

En prélude du choc entre Naples et l’AS Rome, retour sur les derniers mois parfois chaotiques du club de Dries Mertens.

La dernière décennie rime avec satisfaction du côté des Azzuri. Avec sept podiums dont quatre deuxièmes places, les Napolitains sont devenus des ténors d’un championnat italien en grosse perte de vitesse, avec la régression des deux géants de Milan et de la Roma, accompagnés d’une Juve qui se goinfre de titres, ne laissant que les miettes aux autres. Bien dans son assiette grâce à l’arrivée de Sarri, le Napoli version Maurizio au style très offensif fait des ravages dans le Calcio. Dans un pays qui a vu naître le Catenaccio, la conception du jeu de possession et de passes rapides est synonyme de révolution.

Le départ de Maurizio Sarri à Chelsea fait beaucoup de mal au Napoli.

Avec Marek Hamsik dans le rôle de maestro. Sous Sarri, le Slovaque est avec Jorginho, le joueur-clé dans la construction des attaques rapides mise en place par le coach italien. Avec 93% de jeu court lors de la saison 2017-2018, Mertens and Co incarnent parfaitement ce que Sarri veut instaurer, un « football mécanique » grâce à des déplacements rapides et intelligents qui offrent une multitude d’options pour le porteur du ballon. Ce style de jeu favorise donc des différences collectives plutôt qu’individuelles et permet à certains joueurs de se sublimer, à l’image d’un Faouzi Ghoulam ou d’un Elseid Hysaj, mais permet aussi à certains joueurs de passer un cap comme l’ont fait Mertens ou Hamsik. À son apogée lors de du championnat 2017-2018, le « Sarri-Ball » détrône presque la Juventus d’un Max Allegri, ne terminant qu’à quatre petits points des Bianconeri après avoir passé la majeure partie du championnat en tête.

Mais le départ de Sarri à Chelsea fait beaucoup de mal aux Campaniens. L’arrivée de Carlo Ancelotti sert dans un premier temps de continuité au groupe napolitain, mais lorsque la deuxième saison débute mal pour Naples, tout s’effondre. Septième au bout de quinze journées, le technicien transalpin est finalement licencié dans le chaos le plus total par Aurelio de Laurentiis, juste après une victoire 4-0 en Champions League face à Genk. Timing bizarre ? Non, car l’ambiance est délétère au sein même du club, après que les joueurs aient tout simplement snobé la mise au vert (étrangement) imposée par le président napolitain suite au match nul concédé face à Salzbourg. La guerre est déclarée entre de Laurentiis et les joueurs.

L’arrivée de Gattuso

C’est donc dans un contexte particulier qu’est intronisé Gennaro Gattuso, pas vraiment vanté pour son sens tactique, mais plutôt vu comme un brave meneur d’hommes. Quoi de mieux que de nommer un volcanique personnage afin de calmer l’éruption qui se déroule au pied du Vésuve ? Chargé dans un premier temps de ramener de l’ordre dans un vestiaire désordonné, Rino satisfait ses dirigeants en optant pour un jeu assez sobre, misant beaucoup sur la stabilité défensive et l’organisation.

Avec un début de saison globalement décevant, les hommes de Gattuso essuient une énième déception à la fin du mois de février dernier lorsqu’ils sont sortis en seizième de finale de l’Europa League. Combinée à de nouvelles frictions entre le coach et le président (qui quitte le match à la mi-temps, affligé par la prestation de son équipe), cette élimination face à Grenade suscite de nouvelles tensions. Sans réel fond de jeu, le technicien transalpin a beaucoup de chance de compter en ses rangs Lorenzo Insigne, le seul joueur de l’effectif capable de faire la différence depuis la blessure d’Hirving Lozano. Impliqué dans six des dix derniers buts de son équipe, le capitaine napolitain porte, du haut de son mètre 63, à lui tout seul les derniers espoirs du club de qualification en Ligue des Champions. Il symbolise également tout le mal qu’a Gattuso à mettre en place une tactique stable. Laissant le ballon à Bologne et à Sassuolo lors des deux derniers matches, il change une nouvelle fois son fusil d’épaule, après trois résultats d’affilée décevants, où Naples a largement la possession (Grenade par deux fois et contre l’Atalanta).

Pourquoi le Napoli ne fait plus peur en Italie
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La gestion des transferts de ces dernières années est aussi pointée du doigt en Italie. Les rentrées d’argent des transferts d’Allan, Jorginho, Hamsik ou Verdi n’ont pas été correctement réinvesties. Depuis la perte de leur colonne vertébrale au milieu, aucun transfuge n’a encore pu prendre la dimension qu’avait par exemple un Allan ou un Hamsik. Ni Demme, ni Lobotka ni même Bakayoko, pourtant voulu par Gattuso, n’ont encore réellement donné satisfaction.

L’énorme investissement placé sur Victor Osihmen (environ 80 millions) s’avère être également un flop au vu des performances et des stats du joueur. Mais gêné par quelques blessures et touché par le Covid-19 au début de l’année 2021, l’ancien joueur de Charleroi a déjà laissé entrevoir de belles choses et aura encore l’occasion de justifier le prix de son transfert.

Dans un Napoli 2021 où la régularité reste pour l’instant à quai, les hommes de Gattuso doivent sans plus attendre se remettre sur les rails afin de ne pas louper le wagon de la Ligue des Champions.

Robin Maroutaeff (st.)

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