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Pourquoi l’Ukraine peut être la véritable surprise de l’EURO

La Russie en 2018, l’Islande en 2016 où encore la Colombie en 2014, les grandes compétitions internationales ont l’habitude de nous gratifier d’une belle surprise. Cette année, dans un EURO plus ouvert que jamais, l’Ukraine pourrait faire danser le Vieux Continent.

Le 21 juillet 2016, sur la pelouse du stade Vélodrome, l’arbitre norvégien Svein Oddvar met fin au calvaire de la sélection ukrainienne lors de l’EURO français. Battus 1-0 face à la Pologne, les coéquipiers de Yevhen Konoplyanka essuient leur troisième défaite en autant de match. Pire, ils n’auront pas secoué les filets une seule fois. Une déconvenue que ne peut pas supporter le sélectionner Mykhaylo Fomenko qui démissionnera dans la foulée.

Tout le pays se repose donc, une nouvelle fois, sur sa légende vivante Andriy Shevchenko. Fraîchement nommé à la tête de la Sbirna, le Ballon d’Or 2004 doit redorer un blason ukrainien que les défaites ont rendu bien pâle. Dans la ligne de mire de Sheva, le Mondial 2018. Il veut offrir à son pays une deuxième participation à une phase finale de Coupe du monde. Si, dans un groupe assez relevé, il n’atteint pas sa cible, les nouvelles cartouches sont prometteuses et prennent petit à petit du galon. Des joueurs supérieurs à la moyenne techniquement, qui permettent pour la première fois à l’Ukraine de pratiquer un jeu offensif de possession.

Les progrès sont visibles et se confirment. Les hommes de Shevchenko devancent le Portugal et terminent en tête de leur groupe de qualification pour l’EURO. Le décalage d’un an permet à cette sélection ukrainienne de s’aguerrir. Et, petit coup de pouce du destin, une pépite nommée Ilya Zabarnyi éclot en septembre 2020. Très vite, le blondinet obtient sa première cap. Son arrivée dans le groupe est une aubaine. D’abord parce que c’est tout simplement un des meilleurs centraux de sa génération. Mais surtout, sa qualité de relance fait de lui l’alliance parfaite pour marier la ligne arrière avec les milieux.

Roman Yaremchuk régale dans cet EURO.
Roman Yaremchuk régale dans cet EURO.© IMAGO

Une union qui passe par une transition au sol, indispensable au vu des qualités présentes dans l’axe du jeu, notamment via Ruslan Malinovskyi. Ce dernier a enfin franchi le fameux cap qui l’avait freiné quelques temps lors de son aventure limbourgeoise. Capable de défendre aussi bien qu’il n’attaque, le milieu est plus complet que jamais. Avec son pied gauche magique, les coups de pieds arrêtés sortant de son chapeau sont un spectacle permanent où la frontière entre puissance et toucher n’a jamais semblé si fine.

À ses côtés, la présence d’Oleksandr Zinchenko fluidifie la circulation ukrainienne. Cantonné au poste de latéral gauche sous Pep Guardiola, sa position dans l’entrejeu lui permet d’étaler son impressionnante palette technique. Très calme à côté du chien fou Ruslan, leur complémentarité saute aux yeux. Tout profit pour Sheva qui tient cet équilibre axial si difficile à trouver.

Sur le front de l’attaque, Roman Yaremchuk poursuit sur la lancée de sa campagne en Pro League. Décisif à 31 reprises cette saison, le Buffalo est en train de prendre une autre dimension lors de cet EURO. Deux buts et un assists en deux petites rencontres, le Gantois est au four et au moulin. D’ailleurs, ce n’est pas certain que Michel Louwagie voie d’un bon oeil les bonnes prestations de son poulain qui, s’il continue, changera très vite d’écurie.

Pour l’accompagner, le très expérimenté Andriy Yarmolenko se régale. Sur une voie de garage à West Ham, il rappelle au monde entier, face aux Pays-Bas, qu’il possède un des meilleurs pied gauche d’Europe en détruisant la lucarne de Maarten Stekelenburg. Il ne manquera d’ailleurs pas grand-chose pour que la Sbirna reparte d’Amsterdam avec un point qui aurait pu tout changer.

La victoire de jeudi contre la Macédoine n’a fait que confirmer le danger que peut représenter cette équipe. Avec trois points, les hommes de Shevchenko devront prendre au moins une unité face à l’Autriche pour se hisser en huitième de finale. En tant que deuxième du groupe C, un affrontement titanesque face à la Squadra Azzurra se profile. Un test grandeur nature pour une équipe qui doit faire l’apprentissage de ce genre de match. Pour frapper fort à l’avenir car si l’Ukraine est déjà dangereuse cet été, elle le sera d’autant plus au Qatar en 2022.

Par Valentin Raskin

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