Poelvoorde : « Le monde du foot est angoissant et violent »

Le plus grand acteur belge est en pleine promotion de son dernier film sur les à-côtés du football (« Les rayures du zèbre », où il campe un agent belge prospectant en Afrique), qui sera dans les salles le 5 février. Sa vision du foot ? Décalée ! Il s’est confié à Sport Foot Magazine.

Agent de footballeur et imprésario d’artiste, même combat ?
« Ça se ressemble. Par exemple, on ne peut pas entretenir un rapport sain avec son agent ou son imprésario, ça reste quelqu’un qui prend 10% sur ce que tu gagnes ! Le jour où tu ne lui rapportes plus le pourcentage, il t’envoie ch… Mais ça ne fait pas de lui un salaud, c’est son métier qui veut ça. »

Le foot n’est pas du tout votre truc !
« Ça ne m’intéresse pas. Je n’ai rien contre mais je n’arrive pas à regarder. Les gens qui aiment le foot… c’est quand même des forcenés. Respect ! »

Ce film est censé illustrer des réalités de ce sport : ça vous surprend ? « Beaucoup. J’ai trouvé ça vachement violent. Et j’ai compris entre-temps que ça se passait vraiment comme ça, c’est ça le pire. Le jeune joueur africain qui vient ici et ne réussit pas, il doit retourner. On l’évacue, il rentre la queue entre les jambes. Pour lui, le foot, c’est fini. Mets-toi dans la peau de l’agent qui doit le ramener à l’aéroport. Et dans la peau du joueur. Ce n’est plus le même voyage qu’à l’aller ! Le film illustre cette réalité qui peut être terrible. On rigole mais il y a des scènes tragiques. C’est un film qui a des couilles ! »

Le gamin africain prêt à tout pour faire carrière en Europe, il vous inspire de l’admiration ? De la pitié ?
« Il faut être très fort pour y arriver. Et il n’a pas tout en mains. Un acteur nul peut tenir quelques années. Je connais quelques solides malentendus… En foot, le naze ne réussira jamais. Mais le plus terrible, c’est que même le surdoué n’a aucune garantie, tellement les paramètres sont nombreux. Ils arrivent ici, ils pètent de froid, ils ne parlent pas la langue. Il y a une espèce de sélection naturelle et le facteur chance joue beaucoup. Prends l’exil des buffles en Afrique, c’est pareil : le pauvre a pris à droite et ne remontera pas parce qu’il y a trop de boue, alors que c’était peut-être un des meilleurs… Dans le foot, tu fais un pas de travers, tu paies cash. Et il y a cette peur. L’angoisse de la foule. J’ai dû donner un coup d’envoi à Lens. Je devais bêtement aller au milieu du terrain et taper dans le ballon. J’étais tétanisé par le public. »

C’est quand même plus stressant de passer en direct dans le JT de TF1, avec des millions de téléspectateurs ?
« Mais non ! Tu t’en fous, tu ne les vois pas. Tu vois juste deux pelés derrière la caméra. En plus, j’étais bourré. On m’avait fait boire. Les salauds… C’est le lendemain que je me suis rendu compte de l’impact, quand j’ai appris que 8 millions de Français m’avaient vu. Ça se passe autrement dans un stade de foot, tu as l’angoisse tout de suite, cash. Si tu joues comme une savate, tu as 20.000 personnes qui font -Ouhhhhhhhhhhhh… Connard. Fous le camp. Dehors. Moi, un truc comme ça m’arrive, je sors mon portefeuille, je rembourse tout le monde, je paie une tournée à tout le stade et je me casse. Et imagine l’angoisse du gars qui doit tirer un penalty à la Coupe du Monde. Il le rate. Si c’est moi, je fonce à l’hôpital, je me fais refaire la tronche, je me laisse pousser la moustache et je me tire en Colombie. Au moins, là-bas, personne ne viendra me rechercher. »

Retrouvez l’intégralité du reportage consacré à ce film (avec interviews de l’ancien agent Serge Trimpont qui a inspiré le scénario, du second rôle Marc Zinga et du réalisateur Benoît Mariage) dans Sport Foot Magazine. Pierre Danvoye

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