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Plongée dans l’intimité sage et posée de Nicolas Lombaerts

Pleins feux sur Nicolas Lombaerts, mis autrefois sur une voie de garage au Club Bruges, recyclé à Gand et chouchou, aujourd’hui, du public au Zenit Saint-Pétersbourg.

Par Chris Tetaert

« Quand d’autres parents me demandaient quel niveau mon fils atteindrait, je répondais que je serais déjà heureux qu’il évolue en D2 ou en D3 », dit Jean-Luc Lombaerts, le père de Nicolas. « C’était un défenseur, pas un attaquant capable de dribbler 35 joueurs. Même en équipe nationale de jeunes, il était souvent sur le banc. Nicolas se souvient également que lors des évaluations individuelles, le coach national Bob Browaeys lui disait : Tu n’es pas assez fort pour jouer en D1 mais tu peux peut-être tirer ton épingle du jeu en D2.

Plus de dix ans plus tard, le Brugeois est le chouchou du public du Zenit Saint-Pétersbourg, avec qui il a été trois fois champion de Russie, a remporté la Coupe de l’UEFA (2008) et la Super Coupe d’Europe. Le capitaine du Zenit, élu Meilleur Etranger de la Premjer Liga en 2012, a franchi en novembre 2013 le cap des 190 matches – aucun étranger n’a disputé davantage de rencontres avec Zenitchki. Trois mois plus tôt, il avait prolongé son contrat jusqu’en juin 2018. Un parcours dont il est le premier étonné car en août 2007, lorsqu’il avait quitté La Gantoise, il avait déclaré à Sport/Foot Magazine : « Si, à 18 ans, vous m’aviez demandé si je voulais devenir professionnel, je vous aurais ri au nez. »

Près de sept ans après son départ, il nous résume sa vie en trempant ses lèvres dans un thé vert. « J’ai toujours fait les choix les plus raisonnables », dit-il lorsque nous lui demandons comment il se définirait. C’était notre opinion également juste après celle-ci : « Je suis un des footballeurs les plus sous-estimés de Belgique. » Ce qui le fait sourire. « Si je dis ça, je passe pour un frustré. Je ne cherche pas à attirer l’attention. Je ne ressens pas le besoin d’exprimer mon avis sur Twitter. Si je devais utiliser un jour cet outil, ce serait purement ludique ou afin de rectifier les erreurs commises par les journalistes (il rit). »

Fou de football

Son père affirme que la jeunesse de Nicolas Lombaerts se résume facilement. « Il a grandi sans que nous ne nous en apercevions. Ce n’était pas un rebelle, il ne nous contredisait pas. Je le vois encore jouer au foot dans le jardin avec son parrain. Nicolas se mettait au but et mon père lui envoyait des pointus. »
Nicolas : « J’ai joué des heures avec papy : le mercredi après-midi, le week-end, pendant les vacances… Pour mon anniversaire, je recevais toujours les mêmes cadeaux : un ballon et des gants de gardien. »

En 1990, alors qu’il n’a que cinq ans, ses parents l’inscrivent à l’école des jeunes du Club Bruges. Un choix facile. Son père est supporter des Blauw en Zwart et la maison parentale se situe à 500 mètres à peine de ce qui est encore l’Olympiastadion. « J’avais de l’énergie à revendre. Après le match, alors que les parents nous attendaient à la buvette, je voulais encore jouer et je disais à mon père : -Bois encore une bière comme ça je peux encore m’amuser un peu. »(il rit).
En décembre 1995, son nom apparaît pour la première fois dans le Brugsch Handelsblad : -Nicolas Lombaerts a inscrit le but décisif alors que la deuxième mi-temps était déjà bien entamée. « Jusqu’en préminimes, je jouais en pointe. Je marquais beaucoup, parfois dix buts par match. A l’époque, j’étais fou de football. Quand je suis entré en secondaires, j’allais parfois à l’entraînement avec des pieds de plomb. J’aimais bien m’entraîner mais je ne sortais pas facilement de chez moi. Je m’intéressais toujours au football mais bon… Je grandissais. En primaire, nous jouions toujours sur la cour de récréation mais quand on devient ado, on se dit que c’est pour les gamins, hein ! »

Pourtant, on continue à parler de lui dans le journal : -Après la mi-temps, les buts tombaient. Nicolas Lombaerts en inscrivait deux tandis que Dieter Van Tornhout scorait à quatre reprises. « J’ai joué à tous les postes. En pointe, médian offensif, ailier gauche, arrière gauche, en défense centrale… De là à dire que j’étais au-dessus du lot… Non, car je jouais toujours avec des gars qui avaient un an de plus que moi. »

Lombaerts fait partie d’une génération exceptionnelle qui est championne chaque année et fait office de fournisseur principal de l’équipe nationale. On y retrouve Van Tornhout, Glenn Verbauwhede, Bram De Ly, Vincent Provoost, Wouter Vandendriessche, Thomas Matton, Bart Vlaeminck, Günther Vanaudenaerde. « J’adorais les tournois de jeunes. Nous étions comme des boys scouts : nous dormions ensemble, nous faisions les 400 coups… »

Son départ du Club

En Espoirs, Cedomir Janevski se montre très dur à l’égard des nouveaux venus. « Après quelques semaines, j’avais totalement perdu confiance en moi et j’ai demandé à rejouer quelques matches avec les U19 pour retrouver mon souffle », dit Lombaerts.
Nous sommes en 2004 et Janevski s’explique : « Je mets mes joueurs sous pression car je suis le dernier filtre de leur formation. »
Lombaerts retrouve la confiance avec les gars de son âge et, après quelques semaines, il revient en Espoirs où quatre joueurs -Van Tornhout, Verbauwhede, Provoost et Vlaeminck – apprennent qu’ils pourront s’entraîner avec le noyau A dès la saison suivante. La famille Lombaerts, elle, attend et se pose des questions : Nicolas fait partie des équipes nationales d’âge, il est en fin de contrat…

Mai 2004. Le père Lombaerts, accompagné du manager Willy Hox, va voir Antoine Vanhove, le directeur et administrateur, afin d’évoquer l’avenir de son fils. Les deux hommes se disent que celui-ci sera également invité à entamer la saison avec les pros. Vanhove les reçoit tandis que dans un coin, Marc Degryse, alors manager sportif, assiste à la conversation. « Antoine a d’abord parlé un peu de ses pigeons avant de céder la parole à Degryse », raconte Jean-Luc. « En fait, rien ne changeait : Nicolas devait rester un an de plus en Espoirs. »

Nicolas : « Quand je suis entré dans le bureau après l’entraînement, j’ai compris immédiatement. Je me suis mis à rire et j’ai dit : -Allez, on s’en va. Bien sûr, j’étais déçu, d’autant que je ne me trouvais pas moins bon que les gars conviés à rejoindre le noyau A. »
Maman Lombaerts veut que son fils reste à Bruges mais une semaine plus tard, un entrefilet dans le journal annonce : -Le Club Brugeois perd Nicolas Lombaerts (19) au profit de La Gantoise. Au printemps, Twente, Brescia et Anderlecht s’étaient montrés intéressés mais il lui aurait alors fallu interrompre ses études de droit.
Vanhove, qui est ami avec son grand-père, Robert Mortier, souhaite le garder à Bruges. « Soudain, on m’invitait à rejoindre le noyau A et on m’offrait un meilleur salaire qu’à Gand, qui m’avait proposé un contrat minimum. Mais je savais qu’à Bruges, je ne serais jamais qu’un deuxième choix. Degryse s’en fichait. En fait, je devrais le remercier car si j’étais resté au Club, je n’en serais pas là aujourd’hui. Michel Louwagie a vu les choses différemment car, après quelques mois, il a prolongé mon contrat de deux ans. Et finalement, La Gantoise a touché cinq millions d’euros du Zenit – une partie du stade (il rit) – tandis que le Club n’a eu droit qu’aux indemnités de formation. »

Retrouvez l’intégralité de ce portrait dans votre Sport/Foot Magazine

LES FAVORIS DE NICOLAS

Vacances de rêve: Maldives

Livre préféré: Les cerfs volants de Kaboul

Film préféré: Intouchables

Voiture préférée: Bentley GT Continental

Le resto favori: Boshuis Hertsberge

Musée préféré: Ermitage (Saint-Pétersbourg)

Groupe préféré: The Killers

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