© JAMES MONTAGUE

Plongée au coeur des Ultras: « Quand ils m’ont poursuivi avec des machettes, je me suis dit: c’est fini »

Aucun bruit de fond ne peut combler l’absence de supporters dans les stades. Les Ultras aussi rongent leur frein. Avant que les tribunes se vident, le journaliste James Montague a infiltré les noyaux durs de clubs du monde entier.

Les Ultras ne sont pas des fans comme les autres. Ils ne vont pas au stade pour crier après un but, manger un hot-dog, boire une chope et rentrer gentiment chez eux après le match. Le mot italien ultra signifie excessif, extrême, exceptionnel. « Les Ultras, c’est le bruit, la furie, la fumée. Ce sont eux qui font l’esthétique d’un stade », raconte le journaliste britannique James Montague (41 ans), qui vit en Turquie avec Mitra Nazar, correspondante de la chaîne néerlandaise NOS. « Il est difficile de les définir précisément, car ils sont très différents. D’un côté du spectre, il y a les hooligans néo-nazis. De l’autre, des révolutionnaires qui veulent renverser l’autorité. Et entre les deux, on trouve de tout. »

En Indonésie, des hommes et des femmes voilées chantaient de longues chansons poétiques. Inoubliable. »

James Montague

Pendant des années, Montague a infiltré des groupes ultras aux quatre coins du monde. De La Doce, les barras bravas de Boca Juniors, à Jakmania, en Indonésie. Il a rencontré des Ultras d’extrême gauche en Allemagne, des néo-fascistes en Ukraine, ainsi que l’Albanais qui s’est servi d’un drone pour exhiber un drapeau de son pays lors du match face à la Serbie. « À mes débuts en tant que journaliste indépendant, je n’avais pas toujours de carte de presse. Comme je n’avais pas beaucoup d’argent, j’achetais les places les moins chères, derrière le but, où j’étais entouré d’Ultras. C’était un phénomène mystérieux, attractif, dont je voulais raconter l’histoire. »

Plongée au coeur des Ultras:
© JAMES MONTAGUE

Le résultat de ce travail se retrouve dans le livre 1312: Among the Ultras. Montague y retrace l’histoire du mouvement ultra, du premier supporter fanatique en Uruguay jusqu’aux Ultras de Los Angeles qui se battent pour les droits de la communauté LGBT. Il combine sa passion pour le football et la politique en traçant un portrait nuancé qui va plus loin que le cliché: non, tous les Ultras ne sont pas des alcooliques sans neurones qui se tapent dessus. 1312, c’est aussi un récit de voyages de stade en stade, à travers bois et dans des conditions inconfortables. Montague nous raconte tout ça de l’intérieur. Il reconnaît que, lorsqu’il était adolescent, il a été arrêté une douzaine de fois pour des petits méfaits.

Sur le plan politique, on note surtout que les Ultras haïssent la police. Ce n’est pas pour rien que le livre s’appelle 1312, un chiffre codifié qui signifie ACAB, All Cops Are Bastards, le graffiti qu’on retrouve dans les stades du monde entier. Dans ce milieu, les médias sont rarement accueillis à bras ouverts.

Comment avez-vous gagné la confiance de ces Ultras?

JAMES MONTAGUE: Quand je raconte une histoire, je la vis. Plus on s’approche du sujet, plus on peut être précis. Je m’inspire de George Orwell. Dans Hommage à la Catalogne, il décrit comment il s’est battu contre Franco lors de la guerre civile espagnole. J’ai voulu aborder les choses de cette façon. Après un certain temps, les Ultras ont constaté que je n’étais pas un journaliste comme les autres, que je ne cherchais pas juste à faire dans le sensationnel. J’avais déjà écrit un livre, The Billionaire’s Club, qui m’a ouvert des portes: beaucoup de gens étaient d’accord avec l’idée que l’argent détruit le foot. Malgré cela, il n’a pas été facile de gagner leur confiance. En fait, c’est une chose à laquelle je travaille depuis le début de ma carrière. Je les ai mis devant leurs responsabilités: « Si vous fermez toutes les portes, il est logique que les médias vous fassent passer pour des mauvais ». Le milieu ultra est très réseauté. Si on touche à quelqu’un, les portes se ferment. Mais l’inverse est tout aussi vrai. Parfois, des portes se sont ouvertes alors que je ne m’y attendais pas, comme en Argentine. Et c’est vrai que j’ai vu des choses qui faisaient peur.

Les Ultras du Raja Casablanca (Maroc). James Montague:
Les Ultras du Raja Casablanca (Maroc). James Montague: « Désormais, des groupes qui, au départ, ne voulaient pas collaborer, m’envoient des messages. »© JAMES MONTAGUE

Qu’est-ce qui pousse les gens à rejoindre un groupe d’Ultras?

MONTAGUE: La camaraderie. Au XXIe siècle, où tout vole en éclats, où le sentiment d’appartenance est de plus en plus faible, les Ultras proposent encore une communauté physique, un véritable rassemblement de personnes. C’est quelque chose de puissant qui vous permet même d’être fan du club d’une ville que vous n’avez jamais visitée.

Les Ultras semblent ne pas accepter que le monde change.

MONTAGUE: Ils sont contre la technologie, par exemple. Pour eux, tout repose sur l’anonymat. On est à l’opposé de la société moderne. Ils tentent de tenir bon malgré cette nouvelle réalité. Avec leurs vieux codes. Moi aussi, je crois davantage en l’anonymat qu’en la vie en ligne. En Allemagne, les Ultras sont contre l’E-sport et le football du lundi. Et en Égypte, on peut lire, sur des calicots: « Éteins ta télé et va au stade ». Reste à savoir quelle époque ils tentent de ressusciter. Mon grand-père a cessé d’aller voir West Ham en 1964. Pour lui, c’était devenu trop commercial. Peut-être ne revivra-t-on jamais ces années mythiques du football.

« Il est logique de fomenter une révolution dans un stade »

Les Ultras se rassemblent à Maidan. Pas pour encourager l’Ukraine à rejoindre l’Europe comme la plupart des activistes l’exigent, car on compte beaucoup d’eurosceptiques parmi eux. Un Ultra du Metalist Kharkiv rêve d’une Ukraine indépendante. Indépendante de l’Europe et de la Russie. D’autres opposants étaient du même côté et avaient une qualité rare à Maidan: ils savaient comment affronter la police. (…) Au cours des jours précédant les heures les plus sanglantes de la révolte, c’était le chaos. Selon Filimonov, les Ultras s’étaient mis devant afin de donner un sentiment de sécurité aux manifestants de Maidan.

Un groupe d'Ultras en Égypte.
Un groupe d’Ultras en Égypte.© JAMES MONTAGUE

(Extrait de James Montague – 1312: Among the Ultras)

En Ukraine, les Ultras de droite, nationalistes, se sont alliés aux activistes libéraux pro-européens contre la Russie. Vous avez suivi Sergei Filimonov, un hooligan passionné par les combats dans les bois.

MONTAGUE: Un type fascinant, plein de tatouages néo-fascistes. Son bras droit avait des svastikas derrière les oreilles. Mais il lutte aussi contre la corruption et pour la réhabilitation des activistes libéraux assassinés. Des hommes pareils ne renversent pas seulement des barrières: après Maidan, ils ont été les gardiens de la révolution. Ils se sont lancés dans une guerre avec la Russie, avec des fusils de chasse pour seules armes.

Les Ultras étaient aussi en première ligne sur la place Tahrir du Caire et au Parc Gezi d’Istanbul. C’est pour ça qu’ils jouent un rôle sur la scène politique?

MONTAGUE: Un stade de football, c’est comme une place publique. Les gens parlent du rôle de l’art, de la musique ou de la poésie dans une révolution, mais jamais de celui du football. Or, il est bien plus logique de fomenter une révolution dans un stade: on peut contrôler l’assistance d’un récital de poèmes, pas une tribune. De nombreux dictateurs l’ont vécu. Quand le peuple s’en mêle, c’est la fin. Les Romains l’avaient bien compris.

En Amérique latine et dans les Balkans, les politiciens utilisent les Ultras comme boucliers.

MONTAGUE: La Serbie constitue un bon exemple. Le président Aleksandar Vucic était membre d’un groupe d’Ultras. Il affirme même avoir été présent au stade Maksimir lors du fameux match entre le Dinamo Zagreb et l’Étoile Rouge de Belgrade au début des années 90, lorsque les esprits entre Serbes et Croates se sont échauffés au point que Zvonimir Boban a frappé un policier. Vucic a utilisé ses connexions, le pouvoir des Ultras dans les rues de Belgrade, pour mobiliser des manifestants. C’est pour ça que les groupes d’Ultras ont davantage de liberté de mouvement en Europe de l’Est, surtout dans des pays dirigés par des mouvements populistes ou d’extrême-droite. Ils partagent les mêmes convictions politiques. En échange de leurs services, les leaders de ces mouvements peuvent continuer à pratiquer leurs activités criminelles. Pour de nombreux dirigeants des pays de l’Est, les Ultras sont des pions qu’il faut gérer habilement, sans se montrer trop tolérants, mais sans faire preuve de fermeté excessive non plus. En Serbie, il y a quelques mois, la police a arrêté un leader ultra qui dirigeait un cartel de drogue et aurait décapité des opposants. Tous les dirigeants du pays le savaient, mais comme il contrôlait une armée de personnes, tout le monde fermait les yeux. Ces politiciens savent très bien d’où ils viennent, ils savent très bien qui était en première ligne en 2000, lorsque le parlement s’est battu pour faire tomber Slobodan Milosevic: les Ultras!

Je constate sur Telegram qu’en Belgique, les bagarres dans les bois sont de plus en plus populaires.

James Montague

« Ce qui fait peur aux politiciens, c’est que c’est difficile à contrôler »

Cinquante mille personnes étaient présentes à la Friends Arena, mais le match entre l’AIK et Hammarby a débuté dans le plus grand silence. Comme promis, les Ultras avaient collaboré pour protester dans le plus haut lieu du football suédois. Il y avait des Ultras et des supporters, des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, d’anciens hooligans, des skinheads, des enfants… Il y avait même un groupe de supporters anglais qui avaient débuté dans les tribunes de Nottingham Forest, West Ham et Sheffield United et avaient trouvé ici une nouvelle maison, un endroit qui leur offrait ce qu’ils ne trouvaient plus chez eux: des places debout, de la bière et de la camaraderie.

James Montague:
James Montague: « En Indonésie, la violence entourant le football a déjà fait de nombreux morts. »© JAMES MONTAGUE

(Extrait de James Montague – 1312: Among the Ultras)

Étonnamment, vous dites que, pour les fans, la Suède est le meilleur pays d’Europe. Pourquoi?

MONTAGUE: Les Suédois sont très pragmatiques. Ils se disent: nous ne sommes pas bons en football, mais nous savons mettre une ambiance de feu. Ça nous rapporte de l’argent et des droits de retransmission. Donc, la ligue suédoise est pro-Ultras et les présidents de clubs leurs réservent délibérément plus de places debout. Malheureusement, la police essaie de détruire ça. Elle agit comme la police britannique. Sauf qu’en Suède, il n’y a pas du tout de problèmes avec les Ultras.

Vous ne consacrez aucun chapitre de votre livre à l’Angleterre, votre patrie. Parce qu’il n’y a pas de culture ultra?

MONTAGUE: Au départ, je voulais terminer le bouquin par les divisions inférieures anglaises. En cinquième, sixième, septième ou huitième division, il y a une culture ultra et elle fait des émules. Dans les années 80, l’Angleterre a connu un énorme problème de hooliganisme. La catastrophe de Hillsborough, qui a causé la mort de 98 personnes en 1989, y a mis un terme. On a interdit les tribunes debout et créé la Premier League, transformant le football en jeu réservé à la classe moyenne. Ça permet à la police de contrôler tout ce qu’il se passe autour des stades. Un fan qui commet un méfait près d’un stade est plus lourdement puni qu’un citoyen normal. Les fans de football anglais sont terriblement maltraités. C’est triste, car les fans enrichissent le football.

La violence a quitté les stades, mais elle s’est déplacée vers les bois et les champs. En Belgique, 66 hooligans de l’Antwerp ont comparu devant le juge suite à des bagarres dans un bois. Leurs avocats ont dit qu’ils y avaient participé volontairement et qu’ils en acceptaient les conséquences. Pour eux, il n’y a pas de différence avec des pratiques sado-maso ou du piercing.

MONTAGUE: Ce sont des combats cachés. Chaque semaine, ils sont des milliers à y participer et on en parle à peine. Ils communiquent par messages cryptés sur Telegram et un code d’honneur interne fait en sorte que rien ne filtre. La grande différence avec le sado-masochisme et le piercing, c’est que rien n’est régulé. C’est ça qui fait peur aux politiciens: c’est difficile à contrôler. Des gens meurent, je comprends donc que les autorités veuillent tenir ça à l’oeil. En Suède, j’ai voulu assister à un combat dans les bois, mais l’autre équipe n’est pas venue. Du coup, les Ultras sont descendus sur Stockholm et ont tout cassé. La police a également peur que ces pratiques favorisent la création de machines de combat bien entraînées. On l’a vu récemment aux Pays-Bas et en Allemagne, où des hooligans ont participé à des manifestations contre les mesures sanitaires. En tout cas, je vois sur Telegram que les combats dans les bois en Belgique sont de plus en plus populaires.

1312: Among the Ultras, de James Montague est paru aux éditions Ebury Press.
1312: Among the Ultras, de James Montague est paru aux éditions Ebury Press.

Neuf vies

Bimo était excité, il faisait les cent pas en tirant sur sa cigarette: « C’est dangereux », dit-il. « Si Persib nous trouve ici, ils nous suivront ». Et c’est ce qu’ils ont fait. Bimo est le premier à les avoir vus, rassemblés sur un pont, agitant ce qui ressemblait à des gourdins (…) Ce n’étaient pas des gourdins, mais des machettes. Nous nous sommes tous éloignés de la meute de fous en courant, les hommes comme les femmes. Puis nous nous sommes arrêtés. Un autre groupe fonçait sur nous de l’autre côté. Nous étions pris au piège.

(Extrait de James Montague – 1312: Among the Ultras)

MONTAGUE: En Indonésie, la violence entourant le football a déjà fait de nombreux morts, surtout entre Persija Jakarta et Persib Bandung. Par manque de temps, je n’ai pas assisté ce derby, mais j’ai voyagé avec des Ultras de Persija à un tournoi de préparation à Yogyakarta. À cause d’une erreur administrative, le chauffeur du bus nous a largués près d’une autoroute proche de Bandung. C’est là que les gars sont arrivés avec leurs machettes. J’ai déjà été confronté quelque fois au danger, mais là, je ne voyais pas comment m’en sortir. Bimo avait dit: « Quoi que tu fasses, ne tombe pas ». Sans quoi ils m’auraient tué. C’est comme ça, en Indonésie. Je ne sais toujours pas exactement comment nous avons fait pour nous échapper. Nous avons traversé l’autoroute et causé un accident. Là, je me suis dit que j’avais épuisé une bonne partie de mes neuf vies et que c’était peut-être la dernière fois que j’écrivais ce genre de livre. Je n’aurais pourtant voulu manquer cette expérience pour rien au monde. C’était un tournoi qui ne ressemblait à rien, mais des centaines de bus étaient arrivés de tout Java. Il faisait chaud et humide, il y avait de la vapeur et l’odeur des cigarettes au clou de girofle se mélangeait à celle de la végétation tropicale. Les supporters, pas seulement des hommes, mais aussi des femmes voilées, chantaient de longues chansons poétiques. Inoubliable.

Autre moment fort: l’interview de Fabrizio Piscitelli, alias Diabolik, un célèbre leader ultra de la Lazio qui, quelques mois plus tard, a été assassiné sur un banc dans un parc. Il vous a fait attendre six heures dans une pièce décorée de svastikas et de portraits de Mussolini. Vous n’avez pas flippé?

MONTAGUE: Le matin, quand j’ai compris ce que j’allais faire, j’ai eu la trouille. Une fois que je suis sorti de chez moi, je suis passé en mode survie. Pendant l’interview, des gars lui faisaient passer des messages et lui parlaient à l’oreille. C’était un comportement typiquement mafieux, manifestement destiné à m’intimider. Pourtant, je ne l’ai pas ménagé avec mes questions. Cette interview a démontré qu’il était incroyablement malin et convaincant. En fait, ce genre de personnage me fait bien plus peur qu’un mec qui veut juste me casser la figure. C’est ça qui fait le populisme. J’imagine parfaitement quel impact ses mots peuvent avoir sur un gars de 19 ans issu des quartiers pauvres de Rome.

Comment les Ultras ont-ils accueilli votre bouquin?

MONTAGUE: Plutôt positivement. Ils m’ont dit: « Tu nous a décrits tels que nous sommes, pas comme les médias nous caricaturent ». Désormais, des groupes qui, au départ, ne voulaient pas collaborer, m’envoient des messages.

Y aura-t-il une suite?

MONTAGUE: Qui sait? Je pense aller du Danemark et au Maroc en passant par les Pays-Bas, la Belgique, la France et l’Espagne. Mais je ne suis pas sûr que ma copine veuille bien que je fréquente encore ce milieu (Il rit).

1312: Among the Ultras, de James Montague est paru aux éditions Ebury Press.

Par Tom Peeters

La culture ultra est planétaire. Ici par exemple à Los Angeles.
La culture ultra est planétaire. Ici par exemple à Los Angeles.© JAMES MONTAGUE

Des jeunes motivés qui veulent du changement

Dans votre livre, à plusieurs reprises, vous cassez l’image de l’Ultra dépeint comme un hooligan bête et méchant.

JAMES MONTAGUE: Je trouve que c’est terriblement insultant. J’ai passé beaucoup de temps avec Ultra Ahlawy, un groupe d’Al Ahly. Des hommes et des femmes intelligents issus de toutes les classes sociales qui, plus tard, ont joué un grand rôle dans la révolution de la place Tahrir. La police secrète de Hosni Moubarak les prend peut-être pour des idiots, mais ce sont des jeunes motivés qui veulent du changement dans la société. Amr Fahmy, le leader de ce groupe, est devenu un ami. En tant que leader ultra, il a mené la révolution. À 33 ans, il est devenu secrétaire-général de la CAF, la Confédération africaine de football. Avec sa mentalité d’Ultra, il est parti en croisade contre la corruption dans le football africain. Il a démantelé les pratiques douteuses du président Ahmed, a été banni par la FIFA et est mort l’an dernier d’une tumeur au cerveau. Fahmy était un révolutionnaire qui a sacrifié sa place au sommet du football pour faire le ménage. On ne peut pas dire d’un homme comme ça que c’est un idiot.

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