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Pierre-Emerick Aubameyang au Barça : vraiment une bonne idée ?

En disgrâce à Arsenal où son contrat a été résilié de « commun accord » après quatre ans, le Gabonais s’est engagé dans la foulée avec le FC Barcelone. Un transfert qui a surpris de nombreux observateurs pour pas mal de raisons parmi lesquelles la durée de son contrat. Mais Aubameyang est-il vraiment l’homme qu’il faut au Barça ?

S’il y a deux choses que Pierre-Emerick Aubameyang a aimé faire dans ses derniers clubs, c’est de marquer lors de sa première apparition et de les quitter à la fin d’un mois de janvier. Dans le cas du Barça, il s’est même officiellement engagé en février et il n’a pas réussi à marquer lors de sa première demi-heure disputée au Camp Nou contre l’Atlético Madrid. Lors de ses débuts à Dortmund, PEA y était allé de son triplé à Augsbourg en guise de cadeau de bienvenue à son nouvel employeur. Avec Arsenal, il ne s’était contenté que d’un des cinq buts des Gunners le 3 février 2018 contre Everton.

Autre point commun entre le BVB et le club londonien, son départ houleux avec une attitude qui a eu le don d’exaspérer ces entraîneurs. Peter Stöger, qui venait à peine de reprendre les rênes du Borussia va vivre un premier mois de l’année 2018 particulièrement difficile. Pierre-Emerick Aubameyang veut absolument forcer son transfert pour Arsenal après avoir passé quasiment cinq ans au Signal Iduna Park. Fort de ses 141 buts en 213 matches, il aspire à une équipe et une compétition plus prestigieuse, las de ne pouvoir réellement concurrencer le Bayern Munich avec les Schwarz-Gelben.

INFERNAL PENDANT SON DERNIER MOIS A DORTMUND

Stöger, qui vient de perdre sa place au Ferencvaros au profit de l’ancien sélectionneur russe Stanislav Cherchesov, était revenu sur cette période compliquée dans les colonnes de Bild. « Il ne m’a pas laissé d’autre choix. Il s’entraînait bien quatre jours par semaine. Mais pour insister sur sa volonté de s’en aller, il sautait des discussions d’avant-match ou refusait de courir pendant le dernier entraînement. Nous avons vraiment essayé de le conserver au moins six mois, mais Auba n’était pas prêt pour cela », pense le technicien autrichien qui explique ensuite que l’attaquant est venu s’excuser auprès de lui pour sa mauvaise conduite. « Auba s’est personnellement excusé auprès de moi avant de rejoindre Arsenal. Il m’a dit que son comportement n’avait rien à voir avec ma personne et qu’il avait senti tout mon soutien ». De toute façon, en matière d’élément pas toujours irréprochable en termes de professionnalisme, Stöger devra ensuite faire face à celui qui remplacera Aubameyang pendant un semestre : notre compatriote Michy Batshuayi.

Aubam, Aubam masqué ohé ohé. Juste un an le début de la pandémie, le Gabonais portait le masque. Un avant-gardiste.
Aubam, Aubam masqué ohé ohé. Juste un an le début de la pandémie, le Gabonais portait le masque. Un avant-gardiste.© iStock

A peine ses valises posées à Londres, le natif de Laval, séduit, un peu comme à Dortmund, directement les observateurs. Les Gunners sont ravis d’avoir enfin pu attirer le gros poisson qui doit leur permettre de retrouver leur superbe au sommet de la hiérarchie anglaise. L’adaptation du Gabonais à son nouvel environnement à l’ombre de l’Emirates Stadium est immédiate : dix buts en treize matches lors de ses six premiers mois puis 44 en deux saisons et 72 matches. Malgré l’efficacité de son attaquant capable d’évoluer sur l’aile, Arsenal continue de décevoir en termes de résultats et l’exercice écoulé symbolisera sûrement le début du point de non-retour entre PEA et ses couleurs. Mikel Arteta, le nouveau coach espagnol, n’est sans doute pas étranger à ce refroidissement des relations. Malgré le port du brassard, Aubameyang ne s’épanouit plus autant sous la direction de l’ancien joueur des Gunners formé à l’école de Pep Guardiola dont il était l’adjoint à Manchester City. Plus souvent blessé, infecté au coronavirus, on le dit aussi réfractaire au vaccin, un point sur lequel Arteta se montre inflexible.« De toute évidence, cela limitera certains aspects s’ils ne se font pas vacciner, car nous ne voulons pas nous exposer à certaines choses », avait déclaré le technicien basque. « Par exemple, voyager. S’ils ne sont pas vaccinés et qu’ils voyagent ou socialisent dans certaines situations, le risque augmente évidemment beaucoup. Nous ne voulons pas de cette exposition avec aucun de nos joueurs. Parce qu’à la fin, l’équipe et le club en paieront le prix. ». Toutes ces raisons expliquent en partie pourquoi Aubameyang connaît une saison 2020-21 compliquée, ne joue que 29 matches au lieu de 36 lors de chacun des deux derniers exercices et surtout ne trouve plus le chemin des filets qu’à dix reprises. Le Gabonais est sur la pente déclinante.

TATOUAGE, RETARDS, BLESSURES ET VACCIN

Capitaine, Aubameyang restait cependant une valeur sûre au nord de Londres en début de saison. Mais c’est un énième problème disciplinaire qui va acter le divorce entre l’attaquant et Arsenal. Autorisé à se rendre au chevet de sa mère malade en France, il rentre plus tard que prévu. Dans un contexte sanitaire tendu avec les protocoles extrêmement rigides de la Premier League, ce retard a de lourdes conséquences. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de Mikel Arteta, un homme qui n’aime déjà pas de base les joueurs ne vivant pas à fond pour leur métier. Il n’inscrit alors plus le nom de la Flèche sur ses feuilles de matches. Déjà en mars dernier, il avait relégué son attaquant sur le banc pour le duel contre Tottenham en raison d’un retard à l’entraînement et le mois d’avant, c’était pour un tatouage qui l’avait contraint à violer les règles sanitaires qu’il avait déjà été rappelé à l’ordre. « Nous avons été très constants sur le fait que certaines règles ne sont pas négociables au sein de l’équipe. Aujourd’hui, il n’est pas assez concerné par la ligne de conduite que nous nous sommes fixée. », avait justifié le manager d’Arsenal pour expliquer la mise à l’écart d’Aubameyang.

Sous contrat jusqu’en 2023 avec Arsenal, Aubam‘ pèse lourd sur les finances du clun avec l’un des salaires les plus importants de la Premier League. The Times pense savoir qu’il palpe 1,7 million d’euros par mois. Une fortune pour un élément qui agace plus qu’il ne marque de buts. En 2021-22, la fiche de stats du Franco-gabonais ne renseignait plus que 4 petites roses en 14 duels. Les dirigeants londoniens on rapidement fait leur calcul et se sont rendus compte que lâcher 8,3 millions d’euros, soit l’équivalent de six mois de salaire, pour mettre un terme immédiat à sonc contrat serait la meilleure des solutions aussi bien pour le joueur que pour son entraîneur. Sans compter les 20 millions d’économie pour la prochaine saison qui pourront être réinvestis dans un nouveau numéro neuf.

Désormais libre, Pierre-Emerick Aubameyang en profite pour régler ses comptes avec son ancien T1.« Personnellement, je n’avais pas de problème avec Arsenal. Je pense que c’était un problème entre lui et moi », a déclaré la Flèche lors de sa présentation. « Nous n’étions tous les deux plus heureux. Je pense que la situation est mieux comme cela avec ce transfert. » La réponse du principal intéressé ne s’est pas faite attendre: « Quand les choses changent, quand le contexte change, vous devez prendre des décisions. Nous avons tous pris la décision que la meilleure chose à faire était de passer à autre chose et maintenant il joue pour le Barca. Nous avons eu différentes réunions et la décision a été prise collectivement entre le joueur, le club et l’agent« , a rétorqué Mikel Arteta. Le divorce peut donc être acté.

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UN CONTRAT LONGUE DUREE QUI PEUT ÊTRE ECOURTE

Les problèmes cardiaques qui ont contraint Sergio Agüero à mettre un terme prématuré à sa carrière et les prestations insuffisantes d’un Luuk de Jong qui n’était manifestement pas à sa place au Camp Nou ont forcé les Catalans à chercher un joueur capable d’occuper le poste de numéro 9 dans une équipe qui s’était auparavant renforcé sur ses ailes avec les venues de Ferran Torres et d’Adama Traore. Mais encore fallait-il pouvoir s’offrir un Aubameyang dont le salaire londonien était bien confortable.

Pour avoir le droit d’endosser la célèbre liquette blaugrana, le natif de Laval a dû consentir à un bel effort en étant moins exigeant financièrement. Toutes les sources espagnoles s’accordent à le dire. En revanche, PEA bénéficie d’un contrat jusqu’en 2025 avec le Barça. Un engagement plutôt long quand on sait que le nouvel arrivant soufflera ses 33 bougies le 18 juin prochain. Il en aurait donc 36 à la fin de son bail au Camp Nou. Mais les Blaugranas ont prévu le coup puisqu’une clause pourrait en effet rompre le contrat dès 2023 si les dirigeants n’étaient pas satisfaits de ses prestations. Une clause libératoire de 100 millions d’euros a aussi été insérée, sans doute plus pour concéder quelque chose à l’égo du joueur, vu qu’on imagine pas vraiment un club débourser une telle somme pour un joueur âgé et en perte de vitesse. Même si plus rien ne nous étonne dans le milieu du football.

Si lors de ses 30 premiers mois à l’Emirates Stadium, Pierre-Emerick Aubameyang avait secoué les filets à 52 reprises en 85 rencontres, il n’a depuis lors plus trouvé la faille que 14 fois sur les 43 duels disputés en championnat anglais lors des 18 derniers mois. Une baisse de niveau assez nette alors qu’il doit remettre sur le droit chemin une équipe qui ne vit pas spécialement ses meilleures heures depuis quelques saisons.

Le 4 janvier dernier, le capitaine des Panthères gabonaises participait à une rencontre amicale contre la Mauritanie (1-1), en guise de préparation pour la Coupe d’Afrique des nations. Cette dernière a finalement été écourtée par des querelles internes et des problèmes cardiaques, même s’ils ne seraient pas aussi graves que ceux connus voici peu par Kun Agüero. Mais à l’exception de cette joute amicale, il n’avait plus joué de rencontre officielle depuis le 2 décembre avant de refouler la pelouse du Camp Nou ce dimanche pour 29 minutes contre l’Atlético Madrid. Combien de temps lui faudra-t-il pour retrouver le rythme dont a besoin un titulaire régulier à la pointe de l’attaque d’un club aussi prestigieux.

Est-ce que le Barça aurait eu l’espace d’une seconde dans la tête de relancer son ancien compère à Dortmund Ousmane Dembélé, tombé en disgrâce à Barcelone, en attirant Aubameyang ? Il n’est apparemment pas dans les plans de Xavi de faire encore appel aux services de l’international français dont le contrat arrivera à son terme en juin prochain, sauf nécessité extrême.

UN ATTAQUANT QUE XAVI NE VOYAIT POURTANT PAS AU BARCA

La venue de Pierre-Emerick Aubameyang aurait-elle été un souhait de Xavi qui recherchait exactement ce profil pour son attaque ? Rien n’est moins sûr si l’on se souvient des déclarations de l’icône du club catalan en mai 2020, il est vrai dans un costume d’entraîneur d’Al Sadd. Il estimait alors que le natif de Laval n’avait pas le profil idoine pour évoluer dans le jeu de possession et de position qui est la marque de fabrique des Cules. « Mané et Aubameyang peuvent vous détruire quand ils ont de grands espaces, mais Barcelone a besoin de joueurs qui se déplacent bien dans les petits espaces. Il n’est pas facile de trouver des joueurs qui se sont bien adaptés au Barça« , expliquait-il dans les colonnes de Metro UK.

Aubameyang rentre dans l'arène du Camp Nou à la place d'une autre recrue de l'hiver, Adama Traoré.
Aubameyang rentre dans l’arène du Camp Nou à la place d’une autre recrue de l’hiver, Adama Traoré.© iStock

Les journalistes n’ayant pas la mémoire courte n’ont pas manqué d’interpeller l’ancien milieu de terrain de la Roja sur ces propos. L’intéressé s’est défendu en expliquant que ses propos n’avaient pas été bien compris : « Je n’ai jamais dit d’Aubameyang qu’il n’était pas bon pour le Barça, j’ai dit qu’il n’avait pas toutes les conditions mais c’est un joueur qui peut nous donner beaucoup, beaucoup de pression devant… Il nous faut profiter de ses vertus« , avait-t-il précisé avant le match contre l’Atlético Madrid.

De la profondeur, de la pression, voilà ce que le nouvel attaquant devra apporter au onze de Xavi, mais il pourrait aussi dépanner sur l’aile gauche où Ansu Fati a vu sa saison être ralentie par pas mal de blessures.

« J’ai un peu parlé avec Xavi et il me voit jouer en 9. Je suis prêt à jouer en 9. Si un jour il a besoin de moi sur l’aile, il n’y aura pas de problème car je suis prêt à jouer à ces deux postes », a affirmé Aubameyang qui était heureux après premières minutes avec le Barça. « Porter ce maillot pour la première fois, quelle sensation incroyable ! Solide performance d’équipe et énorme victoire pour nous aujourd’hui. », a-t-il posté sur Instagram.

« Il est entré dans un moment très difficile de la rencontre et il nous a beaucoup aidé avec son sens du sacrifice. Si on a des joueurs solidaires comme lui, tout sera plus facile. », estimait Xavi après la rencontre. Ce dernier n’envisagerait plus seulement l’ultra-possession au Barça mais aussi d’autres armes dans le jeu du club de son coeur ? En tout cas, contrairement à ses deux précédentes apparitions sous les couleurs de ces deux derniers clubs, le Franco-gabonais n’a pas trouvé la faille. Un signe qu’il n’est peut-être plus en mesure d’apporter ce qu’il a pu faire jadis et qu’il devra désormais jouer avec d’autres vertus comme celles soulignées par son nouveau coach.

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