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Pape Diouf, ancien président de l’OM, est mort

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Pape Diouf, l’ancien président de l’OM, est décédé au Sénégal des suites du coronavirus. Il avait 68 ans.

Sa fine connaissance du football et des footballeurs avait contribué à ramener l’Olympique de Marseille sur la voie du succès: le franco-sénégalais Pape Diouf, ex-président du club français, a été emporté par le coronavirus mardi à Dakar, à l’âge de 68 ans.

Il n’y avait qu’un seul Pape à Marseille. Le très populaire dirigeant a succombé à la pandémie avant de pouvoir être rapatrié en France.

Il est la première victime mortelle officielle du Covid-19 au Sénégal, où le président Macky Sall a rendu hommage à une « grande figure du sport » et une « éminence grise du football ».

Son décès est « survenu ce mardi à l’hôpital Fann de Dakar », où sont soignés une majorité des patients ayant contracté la maladie Covid-19 au Sénégal, selon le ministère sénégalais de la Santé.

Pape Diouf devait être rapatrié en avion sanitaire de Dakar à Nice (sud-est de la France), où une place l’attendait dans un hôpital. Mais des complications de l’état de santé de l’ancien président de l’OM, placé sous assistance respiratoire, l’ont empêché de partir.

« Très triste », Jacques-Henri Eyraud, l’actuel président de l’OM, a salué le « parcours exceptionnel » d’un « gamin passé par le Sénégal avant d’arriver à 18 ans à Marseille » et d’y gravir les échelons, a-t-il dit à l’AFP.

« Signe d’une grande volonté », Diouf « est arrivé à un poste difficile, où on ne trouve pas beaucoup d’hommes issus de la diversité », a poursuivi Eyraud.

Diouf « a réussi à tenir son rang et défendre son club bec et ongles, et a gagné les coeurs de milliers de supporters », a ajouté « JHE ».

« Je suis le seul président noir d’un club en Europe. C’est un constat pénible », mais « à l’image de la société européenne et, surtout, française, qui exclut les minorités ethniques », regrettait Pape Diouf dans une interview à Jeune Afrique en 2008.

« Grand président »

C’était surtout un dirigeant avisé. Son grand rival d’alors, le numéro un lyonnais Jean-Michel Aulas, avec qui les joutes verbales furent aiguisées, lui a d’ailleurs aussi rendu hommage.

« Pape a été un grand président », a écrit Jean-Michel Aulas sur Twitter, « très performant, j’avais un profond respect pour lui, je m’associe à la peine de toute sa famille et de tous ses amis ».

Il a dirigé le club de 2005 à 2009, construisant patiemment l’équipe qui allait finir championne de France en 2010.

Mis à l’écart un an plus tôt pour des conflits internes, c’est bien lui qui avait lancé le processus, recrutant notamment le « gagneur » Didier Deschamps comme entraîneur.

« C’était un grand président, mais ce sont des mots pompeux, tout ça, c’était surtout un homme, un vrai, un homme bien », a dit à l’AFP Louis Acariès, conseiller du propriétaire de l’époque, Robert Louis-Dreyfus, qui avait choisi Pape Diouf pour diriger l’OM en 2005.

« Il connaissait le football, les médias, les agents et les joueurs », résume l’ancien promoteur de boxe.

Pape Diouf connaissait et comprenait bien aussi les supporters, qui lui ont rendu hommage par milliers sur les réseaux sociaux.

Le « meilleur d’entre nous »

« Pape restera à jamais dans le coeur des Marseillais et l’un des grands artisans de l’histoire de ce club », écrit l’OM dans un communiqué, annonçant un hommage à venir sur ses médias.

De nombreux joueurs lui ont également adressé un ultime coup de chapeau.

« Il laissera un souvenir unique à Marseille », a écrit sur Twitter une des stars de l’OM d’aujourd’hui, Florian Thauvin, « très triste d’apprendre la disparition de Pape Diouf ».

« Tu étais le meilleur d’entre nous et un modèle pour moi », a tweeté Mamadou Niang, buteur du dernier OM champion de France. « Sache que tu resteras à jamais dans mon coeur Pape. Je t’aime. »

Diouf savait communiquer sa passion pour le foot, dans lequel il a baigné une grande partie de sa vie. Arrivé à 18 ans à Marseille, il était censé embrasser une carrière militaire, comme son père, mais a vite bifurqué.

Après Sciences Po, il travaille à La Poste puis devient journaliste, au quotidien La Marseillaise, et suit assez vite l’OM.

Sa connaissance du milieu du ballon rond s’affine, il devient agent de joueurs, notamment de Didier Drogba, qui enflamme le Vélodrome en une saison (2003-2004), et enfin manager puis président de ce club qu’il aimait tant, et qui reste inconsolable.

Avec la disparition jeudi de Michel Hidalgo, ancien directeur sportif du club, « ça commence à faire beaucoup, s’attriste Eyraud.

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