© Reuters

Mondial 2014: Brésil-Allemagne, autopsie d’un naufrage

Stagiaire Le Vif

Une défaite historique ne peut pas s’expliquer uniquement par la force de l’adversaire. Pour réussir à passer 7 buts en demi-finale de la Coupe du Monde, l’Allemagne a tout de même été bien aidée par le Brésil.

Tout avait pourtant bien commencé mardi soir avec un Brésil offensif et conquérant, du moins sur le papier. En titularisant l’ailier du Shakhtar Donetsk, le coach auriverde Scolari a fait mentir tous les pronostics qui le voyaient rester fidèle à ses principes et titulariser Wilian, pour ses qualités défensives en perte de balle. Mais les problèmes du Brésil sont d’abord venus de l’arrière garde.

Thiago Silva a plus manqué que Neymar


Comme nous l’écrivions mardi, Neymar, c’est monsieur 50%. Il était directement impliqué dans la moitié des buts brésiliens. Si sa perte a été un coup dur, c’est surtout celle de Silva, le capitaine et défenseur central, qui a le plus porté préjudice au Brésil. Si David Luiz plaît par ses relances précises et ses raids offensifs, son placement défensif laisse à désirer. Cela s’est vu dès le premier but quand Luiz, au marquage sur Muller, laisse ce dernier seul après s’être encastré dans un coéquipier. Ensuite, le doute s’est installé dans la défense. C’est là qu’un Thiago Silva aurait pu haranguer ses troupes et repositionner ses défenseurs. Mais Luiz, trop dans l’émotionnel depuis le début du match, n’a pas été capable d’endosser ce rôle de patron. En effet, sur le deuxième but, Marcelo est complètement distrait par le ballon et oublie de remonter pour jouer le hors-jeu. Du coup, lorsque l’attaquant Miroslav Klose démarre, il est trop tard et l’arrière madrilène se trouve derrière lui. A partir de là, c’est le black-out total. La défense du Brésil n’existe plus. Les défenseurs auriverde sont totalement déconnectés, à l’image de Fernandinho qui ne sent pas Toni Kroos dans son dos effectuer le pressing. La perte de balle sera suivie du troisième but. La suite, on la connaît.

En attaque ? Un piquet nommé Frederico Chaves Guedes


Soyons honnêtes, on peut comprendre la cohérence de Scolari. En basant son jeu autour de Neymar, il lui fallait un avant-centre de type pivot. Entendez par là, un attaquant relativement grand, costaud et sachant garder le ballon pour servir de point d’appui au joueur derrière lui… Neymar. Il faut reconnaître que sur papier, Fred correspond au profil. Mais la réalité du terrain est tout autre. Non seulement l’entente avec Neymar n’était pas si flamboyante que cela, mais avec Oscar c’était encore pire. Outre la (non)relation entre le meneur et la pointe, c’est le jeu de l’ex-Lyonnais qui était catastrophique. Contrôles ratés, positions statiques, courses indignes d’un attaquant de trente ans. Ce qui a même fait dire aux commentateurs français : « pour l’instant, Fred il fait 15 ans de plus que les attaquants Allemands. » Pour rappel, Miroslav Klose, en face, a 36 ans.

Une pression énorme et unique en football


Jouer à domicile est d’habitude un avantage. Mais dans ce cas-ci, cela s’est avéré être un poids trop lourd à porter. Le fait qu’une équipe qui joue à la maison doive faire appel à un psychologue pour calmer les troupes est assez révélateur de la pression qui pesait sur les joueurs. Pourtant ceux-ci évoluent dans de grands clubs et, de ce fait, devraient être habitués à la supporter. Certes. Cependant cette pression était incomparable par rapport à celle en club. Une Coupe du monde controversée, la rue qui critique l’argent dépensé dans les stades au lieu des besoins primaires (éducation & soins de santé), etc. Tandis que la présidente Dilma Rousseff soutient le Mondial en misant sur les retombées économiques après la compétition.

C’est dans ces conditions particulières que la Seleçao est partie « en mission ». Sachant tout cela, impossible pour les joueurs de se libérer l’esprit. En effet, ils étaient sans doute tiraillés entre d’une part le sentiment que ce sont les hôpitaux et les écoles qui avaient besoin de l’argent dépensé pour le Mondial, et d’autre part la pression politique qui devait les assaillir de toutes parts. Ajoutez à cela la pression purement sportive et vous comprendrez aisément que c’était beaucoup trop pour ces 23 joueurs. Les larmes de Thiago Silva, avant la séance des tirs au but contre le Chili, n’étaient que la secousse précédant le tsunami… Un tsunami nommé Mannschaft.

Eric L. (st.)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire