Mesut dit zut et re-zut

Une chronique de Frédéric Waseige.

On vit une période formidable. Malgré ce virus devenu ennemi public numéro 1 par la faute de la gestion déplorable de nos plus que jamais improbables « décideurs ». Qui en fait ne décident plus de rien. Ils sont devenus des pantins dont les vrais Maîtres du monde tirent les ficelles. Les multinationales, les lobbies et les « mafias », qu’elles soient étatiques ou « familiales », dirigent notre quotidien. Ceci n’a rien à voir avec le fait qu’on va vous parler d’Erdogan. Non, non, quoique…

Déjà parce que celui qu’on surnomme le Sultan est plutôt insultant envers la gent féminine. N’a-t-il pas déclaré que la femme ne pouvait être considérée comme l’égale de l’homme, car son rôle dans la société n’est que de faire des enfants ? Non, on en parle parce qu’on va parler de Mesut Özil. Qui a fait du leader de son pays d’origine son témoin de mariage. Madame a dû être contente… Une vraie caricature. Mais bon, le choix d’Özil ne nous regarde pas et le mec fait ce qu’il veut de sa vie et de ses incohérences.

Soit. Parlons foot. Ou plutôt « nonfoot ». Mesut est un « non-footballeur » bien nourri. Goinfré, même. 370.000 euros par… semaine. Tout ça pour être à disposition des U23 d’Arsenal. Il n’a plus joué pour les Gunners depuis mars. Il ne le fera plus d’ici la fin de son contrat, à la fin de cet été. Sa dernière belle action remonte à quelques semaines, quand il a voulu payer le salaire de Jerry Quy. Jerry qui ? Jerry est le mec qui est dans Gunnersaurus, la mascotte d’Arsenal. Et il fait partie des 55 employés virés par le club suite au désastre covidien. Belle intention, qui ressemble à un coup de com’. Car dans le même temps, le joueur allemand avait refusé de réduire son salaire quand le club demandait un effort à ses stars en forme de Tsars du ballon rond.

Arteta veut des joueurs « costards-salopettes ». Özil ne porte que le costard.

Exit Özil, donc. Le grand gâchis. Non pas de talent gâché parce qu’il faut s’entendre sur ce qu’est le talent. Pour moi, le talent, c’est avoir une ambition et tout faire pour y parvenir. Comme par exemple mettre son « don » au service de son employeur qui, soit dit en passant, allonge 1.540.000 euros tous les mois pour le voir s’exprimer.

Mikel Arteta, son entraîneur, veut des joueurs « costards- salopettes ». Özil ne porte que le costard. C’est son droit. Et là, on peut parler de grand, d’énormissime gâchis. Mesut dit zut et rezut à l’essence même du sport. Tant pis pour lui et tant pis pour nous. Qu’est-ce qu’on l’a aimé quand il nous régalait de son « génie ». Maintenant, il est rentré dans sa lampe. Faudra être riche, très riche pour l’en faire ressortir.

Pendant ce temps-là, il y a un type qui n’a rien demandé, mais qu’on a ressorti de sa retraite bien méritée. Petr Cech est de nouveau gardien de but. Enfin, administrativement. Chelsea l’a intégré à sa liste de joueurs, lui qui a pris sa retraite à la fin de la saison 2018?19. Il a 38 ans et semble toujours fringant et disposé à exprimer son « don ». D’ailleurs, il est plus jeune d’un an que Willy Caballero, autre gardien du noyau de Chelsea. Pas de doute, on vit une période formidable. Surtout que les grands absents de cette même période nous rassurent. Les supporters. Les fans, qui n’en finissent pas de ne pas fâner sous les coups de pesticide des multinationales qui pourrissent la vie, et donc le foot.

Comme par exemple l’industrie du jeu. L’autre, celui qui n’a rien à voir avec le nôtre. Celui que nous chérissons jour après jour. Notre jeu à nous, le football. Sur les 44 équipes de l’élite anglaise (vingt en Premier League et 24 en Championship), 26 ont comme sponsor des sociétés de paris en ligne. Bonjour la cohérence. L’incertitude (supposée) d’un pari au service de l’incertitude (supposée) du sport.

Sans vous, supporters, le foot est de plus en plus difficile à supporter.

Eh bien ces 26 clubs qui ont vendu leur maillot à l’industrie du « peut-être » ont vu leurs ventes de même maillot chuter de 30%. Et donc inquiétude. Les multinationales n’aiment pas les imprévus. Donc enquête. Et celle-ci confirme qu’un supporter anglais sur trois refuse d’acheter le maillot de son club adoré s’il arbore le logo d’une société de paris.

Une fois de plus, la vérité vient des tribunes. Bon, restent quand même deux tiers qui ferment les yeux, mais on se réjouit quand même. La conjonctivite n’a pas éteint le regard de toute l’Angleterre footballistique. Le signal est fort. L’indécence de l’argent n’a pas encore fait baisser les paupières amoureuses de millions de fans. Être trompé est une chose. Faire semblant de ne pas le voir en est une autre.

Et là, on lance un cri. À vous dont les cris nous manquent tellement. Sans vous, supporters, le foot est de plus en plus difficile à supporter. l

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