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Manchester United: la jeunesse au pouvoir

« No sweat, no glory », telle est la devise du Club Bruges, qui va tenter de se qualifier pour le prochain tour d’EL demain à Old Trafford. « Youth, courage, greatness », la devise de Manchester United, fait mention de courage et de grandeur mais surtout de jeunesse.

Manchester United a cerclé de rouge le dimanche 15 décembre 2019. Pas pour son piètre match nul 1-1 contre Everton mais parce que c’était le 4.000e match d’affilée pour lequel un joueur issu de son école figurait sur la feuille de match. Cerise sur le gâteau, c’est Mason Greenwood qui a égalisé après le but contre son camp de Victor Lindelöf, arrachant un point mérité. Le rapide attaquant a été formé par United et on lui prédit un bel avenir. Trois jours avant ce duel, il avait déjà marqué deux buts contre l’AZ, une partie gagnée 4-0 par Manchester.

4.000 matches d’affilée, ce n’est pas rien. CIES, l’entreprise suisse de données qui collecte des statistiques dans le monde entier, place Manchester parmi les meilleurs fournisseurs européens de talents, bien qu’il ait les moyens de transférer les meilleurs joueurs. Si on ne prend en compte que les équipes des cinq grandes compétitions, le 1er octobre dernier, United était quatrième du classement avec 28 professionnels formés par ses soins.

En plus, sept ou huit éléments du cru sont régulièrement actifs en ses rangs. Au niveau international, seuls trois clubs font mieux : le Real Madrid (39), le FC Barcelone (34) et Lyon (30). La société applique les critères officiels de l’UEFA dans sa collecte de données. Selon la définition de la confédération européenne, seuls les footballeurs ayant joué pour l’équipe entre 15 et 21 ans entrent en ligne de compte. En achetant de très jeunes joueurs, un club peut donc améliorer ses stats, sans que ça ne reflète la qualité réelle de sa formation. Malgré tout, c’est éloquent car beaucoup de joueurs du noyau A de United ont été transférés très jeunes.

En plus, ces jeunes jouent. Le CIES a calculé le temps de jeu de cette saison. Cet atlas démographique intègre les chiffres des compétitions domestiques du 1er juillet au 31 décembre. Les jeunes de United ont pris à leur compte 33,4% du temps de jeu total. Bien que United aligne des étrangers pendant 42,4% du temps, il est en tête de la Premier League, devant Chelsea, qui en est à 29,7%, étant interdit de transferts. L’âge moyen du club de Manchester était le plus bas de Premier League en automne : 25,1 ans. La phalange battue à Brighton en novembre n’avait même pas 24 ans et est toujours la plus jeune de cette saison.

Une rude concurrence

À titre de comparaison, les joueurs formés par le Club Bruges ont joué 9,9% du temps, les étrangers 55,1%. Les autres clubs anglais prêtent moins attention à leurs jeunes. Tottenham atteint 19%, les Wolves… 0,6%. À épingler : Lyon, un fournisseur patenté de talents, n’a offert que 21,7% du temps de jeu à ses jeunes et le Real 11,3% seulement. Les élèves de La Masia ont plus de chance au Barça : 34%.

L’étude de notre encadré permet de constater que United produit ou fait percer des talents offensifs : Greenwood, Marcus Rashford, Jesse Lingard, Andreas Pereira. Jusqu’à la blessure de Rashford, les jeunes ont marqué 31 des 34 buts de l’équipe.

United a-t-il dont la meilleure école d’Albion ? Elle est excellente mais la concurrence fait rage. Elle vient, pour commencer de City, qui lui a piqué Jadon Sancho (depuis au Borussia Dortmund) en 2015. D’anciens footballeurs comme Phil Neville ou Robin Van Persie ont inscrit leur fils à City et pas à United, bien que l’académie de City n’ait produit qu’une seule valeur sûre depuis Micah Richards en 2005 : Phil Foden.

C’est Chelsea qui a accompli le plus de progrès, surtout si on tient compte des résultats de la FA Youth Cup. United l’a dominée dans les années ’50, quand les Busby Babes ont éclos en équipe première, puis dans le courant des années ’90, avec les Fergie Babes. La dernière victoire en coupe remonte à 2011. Depuis, Chelsea a remporté six des huit éditions et perdu une finale. City a disputé et perdu quatre finales.

La formation n’en fait pas moins partie de l’ADN de United. Les premiers joueurs du cru ont intégré l’équipe A le 30 octobre 1937 sur le terrain de Fulham. C’était en D2 et United avait perdu 1-0 mais avait titularisé Tom Manley et Jackie Wassall. Depuis, il y a toujours eu au moins un jeune dans l’équipe. Chapeau.

Local boys

L’académie, dirigée jusqu’à l’an dernier par l’ancien joueur Nicky Butt, doit beaucoup au légendaire manager Matt Busby. C’est lui qui a fait remarquer à la direction du club que ses supporters travaillaient dur dans les usines de Manchester et qu’ils n’avaient qu’une distraction : le match du week-end. Busby estimait qu’il était de son devoir de les distraire et de leur montrer que ses joueurs étaient faits du même bois. À une nuance près : ils avaient le privilège d’être footballeurs. Il a jugé qu’en alignant des local boys, il renforcerait le lien du club avec sa base, un point de vue partagé plus tard par Sir Alex Ferguson. Ce sentiment a été renforcé quand il a remporté le triplé 1999 avec de nombreux joueurs du cru.

Youth, courage, greatness, c’est une tradition qu Ole Gunnar Solskjaer soutient aussi. L’approche du Norvégien, son manque de régularité et ses accrocs avec Paul Pogba (transféré à seize ans du Havre et formé deux ans à l’académie) lui valent des critiques, il a dépensé beaucoup en transferts pour combler ces lacunes mais il mise aussi sur les jeunes. C’est d’ailleurs pour ça et son passé au club que United l’a engagé. Solskjaer fait régulièrement appel aux jeunes mentionnés dans l’encadré mais a aussi offert du temps de jeu à d’autres, comme Tahith Chong, James Garner, Ethan Laird, Di’Shon Bernard, Dylan Levitt, Ethan Galbraith, Largie Ramazani et D’mani Mellor.

En décembre, à l’occasion du fameux 4.000e match, le Norvégien a déclaré :  » Offrir leur chance aux jeunes est une tradition qui nous emplit de fierté. C’est ancré dans notre ADN et on le découvre rapidement quand on travaille ici. Les jeunes ne peuvent nous impressionner que si on leur en donne l’occasion. En ce sens, ce 4.000e match est un cap.  »

Le vivier

Mason Greenwood

Petit, il adulait Wayne Rooney, mais Greenwood, un avant droitier, est beaucoup plus rapide que son modèle. À treize ans, il a pulvérisé le record britannique du 100 mètres dans sa catégorie d’âge. Il n’avait que 17 ans et 156 jours la saison passée quand il a effectué ses débuts en équipe première à Paris, contre le PSG, devenant le deuxième plus jeune Mancunien dans une rencontre européenne et le plus jeune de son club en LC.

Axel Tuanzebe
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Axel Tuanzebe

Un défenseur central anglais d’origine congolaise, âgé de 22 ans, qui a été loué à Aston Villa de janvier 2018 à juin 2019 pour acquérir de l’expérience. Son labeur a été récompensé d’une prolongation de contrat. Il a été titularisé dans la moitié des matches de poule d’EL et dans le match contre Arsenal. Il s’est ensuite blessé à la hanche et aux ischio-jambiers. En principe, il devrait concurrencer Victor Lindelöf ou Eric Bailly, qui se rétablit d’une blessure au genou, pour la place à côté de Harry Maguire.

Brandon Williams
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Brandon Williams

Un arrière gauche de 19 ans qui a profité du départ d’ Ashley Young à l’Inter et a dépassé Luke Shaw dans la hiérarchie. Sa mère, Lisa, gère un bistrot sur le marché et il va parfois y manger un toast avec oeufs et saucisse. Il a obtenu un nouveau contrat en octobre.

Jesse Lingard
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Jesse Lingard

Il a éclos sur le tard. On comprend pourquoi en voyant les photos de lui à quinze ans, dans Player’s Tribune, quand il essaie d’obtenir le ballon contre ses adversaires de l’AS Rome. On lui donnerait dix ans et 25 aux joueurs romains. Sir Alex a donc dû faire preuve de beaucoup de patience. Comme Solskjaer maintenant. Sa mère ayant de nombreux problèmes, Lingard doit élever son frère et sa soeur. Plus son propre enfant. Ça requiert beaucoup d’énergie.

Scott McTominay
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Scott McTominay

Un médian axial de 23 ans, privé des matches contre Bruges à cause d’une blessure au genou, encourue pendant les fêtes. Il a éclaté en l’espace de quelques mois sous la direction de José Mourinho. C’est un pilier de l’équipe. Les scouts de United l’ont repéré à l’âge de cinq ans dans un tournoi à Preston et l’ont enrôle à douze ans. Quand il a émergé en équipe première, il a dépeint les valeurs de l’école du club en ces termes :  » Toujours être ponctuel, porter des chaussures noires jusqu’en réserves. Pas de place pour l’ego, pas d’enfants qui portent des bijoux tapageurs. Celui qui pénétrerait ainsi dans le vestiaire s’attirerait des remarques. Et si les autres n’en faisaient pas, je m’en chargerais, à moins qu’un autre joueur de l’équipe première ne s’en charge. Ou le manager s’il le faut. Vous n’imaginez pas à quel point c’est utile. Vous pensez que ce sont des bêtises mais quand j’y repense, je suis convaincu qu’un joueur de United doit respecter ces règles.  »

Andreas Pereira
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Andreas Pereira

À 24 ans, il n’est plus un espoir et cette année, il est titulaire. Enfin ! Il est d’origine belgo-brésilienne, son père a joué dans notre pays. Il a donc d’abord joué à Lommel et est né à Duffel. Le principal problème du médian offensif : ses statistiques et sa pénétration. Peu de buts, peu d’assists. Mais un footballeur agréable à regarder.

Marcus Rashford
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Marcus Rashford

Un attaquant de 22 ans. Polyvalent, fin technicien et très doué sur le plan physique. Sa formidable coordination manuelle lui a permis de se distinguer en athlétisme, en football mais aussi en cricket, en tennis et en tennis de table. Il a rejoint United à onze ans.

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