© BELGA (MADS CLAUS RASMUSSEN)

Lukaku: « Contre la France, nous avons payé le prix de notre manque d’expérience »

Entretien avec le Diable rouge, élu Joueur de l’année en Europa League, vendredi dernier.

Romelu Lukaku (27 ans) a toutes les qualités d’un footballeur moderne : une énorme puissance physique, une bonne technique et la personnalité d’un leader. Cette saison, l’Inter veut remporter le titre, mais lui-même veut simplement s’améliorer de jour en jour.

« Chaque matin, je veux être meilleur que la veille »

Vous êtes heureux en Italie ?

ROMELU LUKAKU : Oui. C’est le pays le plus agréable dans lequel il m’ait été donné de vivre jusqu’ici. Je ressens l’amour et le respect. Le football me convient également. Car je suis quelqu’un qui veut sans cesse progresser, et devenir un joueur important.

Quel type d’entraîneur est Antonio Conte ?

LUKAKU : Un mentor, un père. Il comprend qui je suis. Je le comprends également et je lui suis reconnaissant pour tout le respect qu’il m’a toujours témoigné. Il m’avait déjà téléphoné il y a six ans. Lorsque l’on voit la manière dont ses équipes jouent, on comprend directement qu’on peut beaucoup apprendre avec lui.

Après notre défaite en finale de l’Europa League, je n’ai plus parlé à personne pendant quatre jours.

Romelu Lukaku

De quoi avez-vous besoin pour devenir un leader sur le terrain ?

LUKAKU : D’une mentalité positive, de cette volonté de vouloir progresser tous les jours et de vouloir aider ses partenaires à tout moment. Mais aussi d’être prêt à souffrir et à prendre mes responsabilités, dans les bons comme dans les mauvais jours. Une équipe gagne aussi grâce au préposé au matériel et au médecin du club. On gagne et on perd ensemble. Chaque matin, lorsque je me lève, je veux être meilleur que la veille. Parfois je joue bien, parfois je joue mal, mais je donne toujours le meilleur de moi-même, y compris à l’entraînement. Les autres se moquent parfois de moi parce que je m’énerve lorsque quelque chose ne tourne pas comme je l’aurais souhaité à l’entraînement, mais je suis ainsi. Le jour où je ne ressentirai plus cette volonté perfectionniste, j’arrêterai.

Après notre défaite en finale de l’Europa League, je n’ai plus parlé à personne pendant quatre jours. Après, j’ai fini par tourner le bouton. C’est dans les moments difficiles qu’on progresse. Pour gagner, il faut se taire et montrer du caractère. Mais aussi être combatif, se battre et avoir faim de victoire. Il faut accepter la défaite, mais elle doit servir à apprendre comment faire pour gagner.

Quelle attitude adoptez-vous face au racisme ?

LUKAKU : Ce fléau est présent dans tous les championnats. Cela peut paraître absurde, avec toutes les nationalités réunies dans chaque équipe. Dans chaque vestiaire, on trouve un joueur avec une autre couleur de peau, une autre croyance, une autre langue. Tout commence par le respect. Ici, j’ai eu des problèmes avec le racisme. J’ai réagi, et après cela, on m’a laissé tranquille. Je sais aussi que les quelques dizaines de personnes qui m’ont sifflé constituent une minorité face aux milliers de gens qui se comportent correctement. Je pense sincèrement que tout ce côté absurde du racisme disparaîtra bientôt.

On aurait dû gagner l’EURO 2016.

Romelu Lukaku

« Il faut avoir faim »

Quel est le joueur d’entrejeu qui parvient le mieux à vous lancer ?

LUKAKU : Kevin De Bruyne, incontestablement. Je le connais depuis quatorze ans, il est incroyable.

Avec toutes les qualités recensées chez les Diables rouges, n’auriez-vous pas dû gagner davantage ?

LUKAKU : On aurait dû gagner l’EURO 2016, en France. À la Coupe du monde 2018, les Français ont fait ce qu’ils devaient faire. Nous avons payé le prix de notre manque d’expérience au plus haut niveau et avons appris de cette défaite. Aujourd’hui, nous avons compris que l’on gagne des matches en étant déterminé, et pas nécessairement en ayant la plus grande possession de balle ou en pratiquant le meilleur football.

De quel moment, dans votre carrière, vous souviendrez-vous toujours ?

LUKAKU : De mon premier but comme professionnel, à seize ans. C’est le moment où j’ai pris conscience que j’avais atteint un certain cap, que j’allais être capable de changer la vie de ma famille. Un but peut changer votre vie, et c’est ce qu’il s’est passé avec moi.

Si un jeune supporter vous demandait ce que le football représente, que lui répondriez-vous ?

LUKAKU : L’humilité, l’envie de travailler, la faculté à garder la tête sur les épaules. Et avoir faim. Faim de gagner, de travailler pour atteindre un objectif. Il faut manifester cette envie à chaque seconde d’un match.

Walter Veltroni (Gazzetta dello Sport)

« Un bon défenseur rend un attaquant meilleur »

Quelle est la principale différence entre le football anglais et italien ?

ROMELU LUKAKU : En Italie, la tactique occupe une place plus importante. Ici, il faut se montrer malin pour se déplacer le plus judicieusement possible. Il faut aussi être meilleur techniquement qu’en Angleterre, parce qu’il y a moins d’espace. On a à peine le temps de se retourner. Les joueurs les plus dangereux ont toujours trois défenseurs sur le dos lorsqu’ils entrent en possession du ballon. Lorsqu’on joue le samedi, je commence déjà à réfléchir le mercredi à la manière dont je m’y prendrai pour déjouer leur surveillance. J’étudie la façon dont ces défenseurs réagissent à chaque situation. Après l’entraînement collectif, je reste un quart d’heure à m’exercer avec le staff technique sur les solutions que je peux proposer en fonction de chaque adversaire.

Quels sont les meilleurs défenseurs auxquels vous avez été confronté ?

LUKAKU : Kalidou Koulibaly est très solide, Ragnar Klavan de Cagliari également. Ils font tous le maximum pour me mettre dans leur poche, mais la réciproque est vraie aussi : plus un défenseur est costaud, plus je dois me montrer inventif pour prendre le dessus, car je veux toujours gagner. En fait, un bon défenseur rend l’attaquant meilleur, car il l’oblige à trouver de nouvelles solutions.

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