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Ligue 1: Lille, ou le titre d’un collectif

Prenez un vétéran turc bouillant, une jeune pousse canadienne, une armoire à glace néerlandaise, un portier français infranchissable et une cohésion hors normes. Mélangez le tout et vous obtenez le LOSC champion de France de Christophe Galtier.

1-2 sur la pelouse d’Angers, les Lillois peuvent laisser exploser leur joie. Ils l’ont fait, grâce à cette victoire ils sont sacrés champions de France pour la quatrième fois de leur histoire, dix ans après la bande à Eden Hazard.

Si le sacre est mérité, il n’en reste pas moins aussi surprenant qu’historique. En dix ans ce n’est que la troisième fois que le PSG ne soulève pas le trophée après Montpellier au début de l’ère QSI, en 2011-12, et Monaco en 2016-17. Retour sur les clés du conte de fée lillois.

Un homme a certainement joué un rôle important dans la magnifique saison des Dogues: Christophe Galtier. Embauché pour une mission sauvetage le 29 décembre 2017 alors que Lille est barragiste, le technicien français limitera la casse et finira 17e et premier non relégable pour sa première saison. Deuxième un an plus tard, quatrième à l’arrêt des compétitions l’année dernière, le LOSC a retrouvé des couleurs sous la houlette de l’ancien coach de Saint-Étienne. Au point de décrocher le titre cette saison.

Pour en arriver là, le maître-mot a sans aucun doute été la confiance. La confiance d’un club en son coach et d’un coach en son effectif. Une équipe de guerriers, au sein de laquelle Christophe Galtier a su garder tout le monde concerné, notamment en gérant le temps de jeu des jeunes joueurs comme par Tiago Djalo, Domagoj Bradaric ou Timothy Weah.

Le sultan Yilmaz

Au-delà des jeunes et de la profondeur de son banc, Galtier a également pu compter sur quelques cadres qui ont mené le bateau lillois à bon port. Celui qui a sans doute le plus marqué les esprits est Burak Yilmaz. Arrivé gratuitement, l’avant a claqué seize buts et distribué cinq passes décisives en 28 matches. Suffisant pour être le véritable fer de lance de l’attaque lilloise. Lorsque le LOSC était en difficulté, il a souvent pu remettre son destin entre les mains de l’international turc. Une égalisation à Nice, le but de la victoire à Montpellier, à Nîmes et à Lyon où il inscrit un doublé. En tout, les buts de Yilmaz ont rapporté sept points aux Lillois lorsqu’ils étaient menés ou partageaient l’enjeu. Dans la course au titre, il a également été ultra décisif, inscrivant sept buts lors des sept dernières rencontres. Christophe Galtier reconnaît d’ailleurs l’importance de son buteur dans son groupe: « Il connaît ce genre de rendez-vous, il a été champion dans son pays. C’est un leader, il est froid dans la préparation des matches, mais il est aussi bouillant sur le terrain. Mes joueurs ont besoin de ça. »

Un autre attaquant a également été très important pour les Dogues: l’ancien Gantois Jonathan David. Et la bonne saison de l’attaquant canadien est également à relier à la présence de Galtier sur le banc de touche. Malgré des débuts compliqués, le coach n’a jamais cessé de soutenir son attaquant. Et ça a fini par payer. Lors de la onzième journée, lors de la large victoire de Lille 4-0 face à Lorient, David a enfin débloqué son compteur but. Au total, il a inscrit treize buts pour sa première pige en Ligue 1. Et lorsque Yilmaz a été absent pour blessure pendant neuf rencontres, David a porté l’attaque lilloise sur ses épaules avec sept réalisations. Et tout comme son compère en attaque, l’ancien Buffalo a inscrit des buts importants: le but de la victoire à la 91e minute face à Reims, l’unique pions lors du déplacement à Rennes, un doublé face à Nantes (0-2) et face à Marseille (2-0). Sur le plan offensif, les Lillois n’ont donc pas trop souffert du départ de Victor Osimhen, vendu pour plus de septante patates au Napoli.

Le mur Maignan

Impossible de passer sous silence les points gagnés par Mike Maignan. Le portier lillois a réalisé une saison hors norme et affiche notamment 21 clean sheets en 38 matches, et paraît clairement avoir passé un cap. « Il y a quelques années, Mike pouvait être très bon et si quelque chose se déréglait dans l’équipe via un fait de match, une décision de l’arbitre ou l’erreur d’un partenaire sur un but encaissé, il n’avait pas encore cette maturité pour rester dans le match. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas « , expliquait Christophe Galtier en conférence de presse.

Mais résumer la bonne forme défensive des Lillois au seul Maignan serait un crime de lèse-majesté. La charnière centrale du LOSC a elle aussi été impériale. L’expérience de José Fonte mêlée au physique de Sven Botman, voilà la formule gagnante de Christophe Galtier. Formé à l’Ajax, le défenseur central transféré cet été est également doté d’une belle relance et a rapidement fait oublier le départ de Gabriel, parti à Arsenal. Un bon gardien, une axe central solide, le résultat, c’est seulement 23 buts encaissés, soit le meilleur bilan des cinq grands championnats.

Si l’on a parlé de l’attaque et de la défense, il faut également rendre hommage au milieu de terrain et notamment au discret mais important Benjamin André, véritable métronome de cette équipe nordiste. Travailleur de l’ombre, il a permis à Lille de garder le cap dans les moments difficiles. À ses côtés, on a retrouvé par intermittence un certain Renato Sanches. Révélation de l’EURO 2016, le Portugais a lui aussi été bien géré par Galtier. Parfois aligné dans l’axe, parfois sur un côté, il a également souvent goûté au banc, mais s’est montré décisif lorsqu’il était sur la pelouse.

Finalement c’est un collectif qui a émergé et des joueurs comme Yusuf Yazici, Jonathan Bamba, Jonathan Ikoné, Luiz Araújo, Xeka et Zeki Çelik ont également joué un rôle important dans les bonnes performances des Lillois cette saison. La récompense de cette équipe aussi bien équilibrée que gérée, ce sont ces 83 points, soit sept de plus que lors de leur dernier sacre en 2010-11 (76 points). Mais ce Lille-là est également invaincu contre tous ses concurrents, réalisant un quatre sur six contre Monaco, Lyon et le PSG, et ne s’inclinant qu’à trois reprises, à Brest et contre Angers et Nîmes.

Mais une fois liesse du titre apaisée, il se pourrait que de nombreux joueurs aient des envies d’ailleurs. Le premier à quitter le navire sera d’ailleurs être le coach Christophe Galtier lui-même. Son contrat se termine à la fin de la saison, et il a annoncé dans les colonnes de L’Équipe qu’il ne prolongerait pas l’aventure une saison de plus dans les Hauts-de-France.

Par Jérôme Jordens

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