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Les deux visages du PSG

Depuis l’arrivée des Qataris, le PSG peine à s’imposer sur la scène européenne. En revanche, en France, il ne cesse de gonfler son palmarès en remportant son cinquième titre en six ans.

17 mai 2008 : à cette date, le destin du Paris Saint-Germain aurait pu basculer. Lors de l’ultime journée de Ligue 1, le club de la capitale se déplace à Sochaux et est dans l’obligation de s’imposer pour éviter une mauvaise surprise à l’issue de la partie. Une défaite, conjuguée à des succès de Lens et Toulouse, enverrait les Parisiens en Ligue 2.

À dix minutes du coup de sifflet final, les Toulousains mènent sur leur pelouse et Lens est accroché à domicile. Dans le même temps, le PSG est forcé de se contenter du nul à Sochaux. Il suffit alors d’un but lensois pour envoyer Paris au purgatoire.

L’histoire bascule à sept minutes de la fin de la rencontre : Amara Diané profite d’un service de Grégory Bourillon pour glisser le ballon entre les jambes du portier sochalien. L’international ivoirien assure bien plus qu’une victoire aux siens : ce but est synonyme de maintien.

Celui qui a terminé sa carrière à Tubize devient le héros parisien. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Mais sans Amara Diané, cette eau aurait sans doute fait sombrer le navire et la suite aurait été tout autre.

Des grands noms à la pelle

Trois ans après ce but salvateur, à la fin du mois de mai 2011, le Paris Saint-Germain passe dans une nouvelle dimension. Qatar Investment Authority rachète 70% des parts du club. L’ère qatarie débute avec la venue de plusieurs pointures : Javier Pastore, Alex, Maxwell, Thiago Motta et de Français talentueux : Jérémy Menez, Blaise Matuidi, Kévin Gameiro.

Les objectifs fixés par les nouveaux dirigeants sont clairs : rafler les compétitions nationales avant de miser sur la Ligue des Champions. Le premier exercice sous la présidence de Nasser Al-Khelaifi est en échec. Malgré les 100 millions d’euros dépensés pour renforcer son effectif, le PSG termine la saison sans le moindre trophée.

Les éliminations prématurées dans les deux Coupes françaises et une seconde place en championnat ne peuvent satisfaire les investisseurs. Dès la saison suivante, les bouchées doubles sont mises : Zlatan Ibrahimovic, Thiago Silva, Ezequiel Lavezzi, Marco Verratti, Lucas et David Beckham arrivent.

À la fin de la saison 2013, neuf ans après son deuxième et dernier sacre, le PSG est couronné champion de France. Ce succès marque le début de l’hégémonie des Parisiens en France. Dans les Coupes nationales, l’équipe alors coachée par Carlo Ancelotti s’est à nouveau ratée mais elle se rattrapera rapidement.

Lors des six dernières années, 18 titres – en comptabilisant celui acquis ce dimanche – sont venus remplir l’armoire à trophées : cinq championnats de France (2013, 2014, 2015, 2016, 2018), cinq Coupes de la Ligue (2014, 2015, 2016, 2017, 2018), trois Coupes de France (2015, 2016, 2017) et cinq trophées des champions (2013, 2014, 2015, 2016, 2017).

À la chasse aux records

Et un 19e titre pourrait arriver en mai prochain puisque le PSG est encore en course pour gagner la Coupe de France. À la faveur de ses recrutements faramineux, Paris est quasiment devenu imbattable dans son pays. Cet été encore, les renforts de Neymar, Kylian Mbappé et Dani Alves ont accentué la domination parisienne. Tant et si bien que cette année pourrait être celle des nombreux records.

En effet, à cinq journées du terme de la saison, Thomas Meunier et les siens peuvent encore écrire l’histoire. Les Parisiens ont la possibilité de battre le record du plus grand nombre de points sur une saison. Celui-ci est déjà détenu par le PSG avec 96 unités en 2016. Cette année, il pourrait grimper à 102.

Paris peut également devenir l’équipe à engranger le plus de points à domicile. L’an dernier, Monaco avait empoché 52 unités dans son stade. Cette année, Paris peut encore aller jusqu’à 57. Mais ce n’est pas tout : lors des deux derniers exercices, Parisiens et Monégasques avaient porté leur nombre de victoires à 30. Fin mai, le PSG a encore la possibilité d’atteindre la bagatelle de 33 succès !

Enfin, autre record qui pourrait tomber : le nombre de buts inscrits en une saison. Même si cela paraît compliqué, il est tout de même possible. En 1960, le RC Paris avait alors scoré à 118 reprises. Pour déloger l’actuel détenteur, la troupe d’ Unai Emery devra tourner à une moyenne de 3 buts par match jusqu’à la 38e journée du championnat.

En revanche, il faudra encore patienter pour le plus petit nombre de défaites. En 1995, Nantes s’était incliné une seule fois et Paris compte déjà trois revers cette saison. Il en va de même concernant la meilleure défense : les filets du PSG ont déjà tremblé à plus de 20 reprises depuis août dernier alors que le club possède toujours le record avec 19 buts encaissés en 2016.

Des échecs répétés en Ligue des Champions

Si Paris semble invincible en France, il peine encore à briller sur la scène européenne.  » Nous nous sommes donné cinq ans pour faire partie du top niveau européen et pour gagner la Ligue des Champions. Il nous reste donc trois ans pour y parvenir « , confiait Nasser Al-Khelaifi au quotidien Le Parisien en 2013.

Cinq années plus tard, force est de constater que l’objectif n’est pas atteint. Quatre entraîneurs ont dirigé l’équipe depuis l’arrivée des Qataris et seulement trois ont connu la Ligue des Champions sur le banc parisien – Antoine Kombouaré a été viré en décembre 2011. Carlo Ancelotti, Laurent Blanc et Unai Emery se sont succédé sans jamais réussir à emmener Paris plus loin qu’un quart de finale.

Pire : depuis deux saisons, les joueurs du président Al-Khelaifi ne parviennent plus à dépasser les 8e de finale. En février dernier, le Real Madrid a dominé le club français en s’imposant à Bernabeu (3-1) et au Parc des Princes (1-2). Un an auparavant, Paris était piteusement éliminé à la suite de l’incroyable remontada de Barcelone.

Larges vainqueurs lors de la manche aller à domicile (4-0), les Parisiens avaient craqué de manière incompréhensible au Camp Nou (6-1), face à un Neymar étincelant. Un match qui restera longtemps dans les annales et que le PSG semble encore peiner à digérer.

Cet été, un cinquième tacticien est attendu dans la capitale : fortement pressenti, Thomas Tuchel devrait prendre la succession d’Unai Emery. Sera-ce suffisant pour faire enfin passer ce palier au PSG ?

Sébastien Gobbi

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