© iStock

Le Real Madrid champion d’Espagne grâce à la patte de lapin de Carlo Ancelotti

Steve Van Herpe
Steve Van Herpe Steve Van Herpe est rédacteur de Sport/Voetbalmagazine.

Le Real Madrid a remporté son 35e titre en Liga ce week-end. Comment la Casa Blanca a-t-elle retrouvé sur le trône d’Espagne ? Explications.

9+1=10. Ces chiffres faisaient la couverture du magazine sportif espagnol Marca voici quelques semaines. Ils correspondaient évidemment à des numéros de maillot, ceux de Karim Benzema et de Thibaut Courtois. Les deux hommes sont sans doute en train de réaliser la meilleure saison de leur carrière. Si un club peut disposer entre ses perches d’un gardien de but qui réalise d’incroyables parades semaine après semaine et d’un attaquant qui marque dans tous les angles possibles, le chemin vers un trophée est déjà plus rapide.

Carlo Ancelotti a également pu s’appuyer sur un milieu de terrain à trois qui évolue à un très haut niveau depuis de nombreuses années et qui affiche toujours un beau dynamisme : Toni Kroos, Casemiro et Luka Modric. Et lorsque la sainte trinité avait besoin de souffler, le technicien italien pouvait encore sortir de son chapeau le jeune prodige Federico Valverde (23 ans) et le polyvalent Eduardo Camavinga (19 ans).

En défense, le transfert gratuit de David Alaba a été un coup dans le mille. En début de saison, beaucoup se demandaient comment serait digéré le départ du duo central en béton Sergio Ramos-Raphaël Varane. Mais Alaba (qui a d’abord joué à l’arrière gauche pendant un certain temps en début de saison) et Eder Militão ont rapidement convaincu les sceptiques. A gauche, Ferland Mendy a confirmé sa saison précédente et à droite, Lucas Vázquez a été le remplaçant parfait d’un Dani Carvajal trop souvent blessé.

Le déclin d’Eden Hazard

Comme vous pouvez le constater, le schéma tactique sur le terrain n’est finalement pas si différent de celui de Zinédine Zidane, le prédécesseur d’Ancelotti. La plus grande réussite de l’ancien coach de l’AC Milan et de Chelsea est d’avoir donné une confiance totale à Vinícius Júnior.

Zidane n’était pas un grand fan de l’ailier brésilien à qui il reprochait de manquer de sens collectif et d’effectuer trop de mauvais choix. Le Français lui préférait Eden Hazard lorsqu’il était en état de jouer. Ancelotti a également commencé la saison avec notre compatriote comme numéro un sur le flanc gauche, mais il n’a pas fallu longtemps pour que Carletto change son fusil d’épaule et abatte la carte du jeune Brésilien. A juste titre d’ailleurs, car ce dernier s’est totalement libéré pour devenir le fournisseur attitré de Karim Benzema. L’efficacité de Vinícius, qui était un problème lors des saisons précédentes, s’est grandement améliorée.

Alors qu’au départ, Hazard faisait encore office de première doublure pour Vinícius, il n’a cessé d’être rétrogradé dans la hiérarchie offensive et est passé derrière Marco Asensio et Rodrygo. L’opération qu’a subie le Belge à la fin du mois de mars lui permettra, je l’espère, d’être plus compétitif dès la saison prochaine. Est-ce que ce sera encore à Madrid ? C’est une autre histoire.

Carlo Ancelotti avec deux des grands artisans du titre du Real Madrid, Karim Benzema et Vinicius Jr.
Carlo Ancelotti avec deux des grands artisans du titre du Real Madrid, Karim Benzema et Vinicius Jr.© iStock

Par le chas de l’aiguille

Le titre de champion du Real Madrid a aussi été favorisé par le faible niveau de ses principaux concurrents qui ont très vite perdu beaucoup de terrain. L’Atlético Madrid, le tenant du titre, a été trop irrégulier et a encaissé plus de 30 buts en une seule saison pour la première fois depuis bien longtemps. Le FC Barcelone, en grande difficulté financière, a semblé pouvoir combler l’écart avec le Real pendant un moment après la démonstration 0-4 au Santiago Bernabéu. Mais depuis l’élimination en Europa League des oeuvres de l’Eintracht Francfort, le soufflé est fameusement retombé avec deux défaites lors des cinq derniers duels.

Quiconque a suivi les matches des merengue cette saison aura également noté que, plus d’une fois, il aura fallu un arrêt fabuleux de Courtois et/ou d’un éclair de génie inattendu de Benzema pour forcer la victoire. Lorsque ce dernier a été écarté pour blessure, le Real a peiné à faire trembler les filets. Chaque fois que l’on a cru que les Blancos allaient craquer, ils ont été capables de se relever. Il faut croire qu’Ancelotti a une patte de lapin géante dans sa poche.

Mais le technicien italien a également renforcé cette dose de chance en faisant revenir au Bernabeu le préparateur physique Antonio Pintus. C’est l’homme qui avait propulsé le Real vers trois titres consécutifs en C1 entre 2016 et 2018. En 2019, Zidane l’avait remplacé par le Français Grégory Dupont, qui s’est surtout fait remarquer à cause d’un nombre record de blessures à la Casa Blanca.

Avec ce titre de champion d’Espagne, Carlo Ancelotti comble un vide dans son immense palmarès. En tant qu’entraîneur, il est devenu champion dans les cinq principales compétitions européennes. Lors de son précédent passage au Real Madrid, il avait certes remporté la Ligue des champions en 2014, mais n’avait pas pris le pouvoir sur le territoire national. Après avoir retrouvé le trône d’Espagne, Carletto pourrait aussi s’offrir une nouvelle finale de Champions League ce mercredi. Ce serait sa cinquième finale en tant que coach (après 2003, 2005 et 2007 avec l’AC Milan et 2014 avec le Real). Un exploit unique, car jusqu’à présent, il partage le record de quatre finales avec Marcello Lippi, Sir Alex Ferguson et Miguel Muñoz.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire