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Le périple portugais de Kevin Mirallas : « Au Portugal, il y a une très grosse organisation tactique avec une réelle volonté de jouer »

Alors que d’autres joueurs de sa génération ont préféré ranger les crampons, Kevin Mirallas a décidé de ne pas s’arrêter. Ses valises posées au Moreirense FC, dans la municipalité de Guimarães, en première division portugaise, le joueur prend le temps de nous parler de son adaptation au Portugal et préface la rencontre de Ligue des champions entre Benfica et Liverpool

C’est de son pied qu’avait d’abord failli venir la délivrance face aux Etats-Unis en huitième de finale de la Coupe du monde 2014 au Brésil, avant que Tim Howard ne l’arrête du bout du pied. Monté au jeu, à l’époque, pour dynamiter la défense américaine, il avait largement contribué au succès des Diables ce soir-là même s’il n’avait pas marqué. Depuis lors, il n’a plus participé à une grande compétition internationale mais il a encore joué quelques matchs avec la sélection et a fait son bout de chemin par-ci par-là. Passé par l’Olympiakos, la Fiorentina, l’Antwerp et Gaziantep après son départ d’Everton, il était sans club pendant plusieurs mois, avant de fouler à nouveau les pelouses de Moreirense, sous le soleil portugais. Un départ au Portugal qui est loin d’être des vacances car sa nouvelle équipe joue le maintien. A six journées de la fin, leur nouvel attaquant a la lourde tâche d’aider ses coéquipiers à se sauver d’une situation bien délicate. Derniers avec six points de retard sur le premier non-relégable après leur défaite dans le derby face à Vitoria Guimaraes, la mission de Mirallas et ses coéquipiers s’annonce bien délicate. Libre de tout contrat en fin de saison, il pourra signer où il le souhaite. A 34 ans, le Liégeois ne renonce pas à revenir un jour au Standard, un club qu’il apprécie toujours autant. Chez l’ex-numéro 11 des Diables, la passion pour le football ne s’explique pas, elle se ressent, tout simplement.

Après plus de six mois sans club, tu as finalement rejoint le club de Moreirense, en première division portugaise, à la fin du mois de janvier. Là-bas, tu as retrouvé ton ancien entraîneur de Gaziantep, le sulfureux Sa Pinto qu’on a connu au Standard. Comment se passe ton adaptation dans ton nouveau club ?

KEVIN MIRALLAS: « L’adaptation se passe très bien. J’ai été bien accueilli. C’était plus facile pour moi parce que je connaissais déjà le staff. Les joueurs m’ont très bien intégré. Comme je parlais déjà espagnol, une langue proche du portugais, ça a été plus rapide pour m’adapter. Malheureusement, après un coup reçu à l’entrainement, j’ai été éloigné des terrains mais c’est le seul point négatif. Pour le reste, tout se passe très bien pour moi. »

Tu avais l’occasion de signer pour 18 mois mais tu as préféré signer pour 6 mois, ne sachant pas si le club allait se sauver. Maintenant que tu connais mieux l’effectif penses-tu qu’il est toujours possible de se sauver ?

MIRALLAS:« Ça va être difficile, il faut le reconnaitre. Pas par rapport à la qualité du groupe mais surtout en raison de la première partie de saison compliquée pour l’équipe. La deuxième partie de saison l’est tout autant mais il reste encore plusieurs matchs contre des concurrents directs et ça nous permet d’y croire. On n’est pas encore décroché au classement donc tout reste jouable. »

Que peux-tu dire du niveau de la Primeira Liga, la première division portugaise ?

MIRALLAS:« Je connaissais déjà un peu le championnat parce que je suis un peu le football européen. C’est vrai que c’est différent de ce que j’ai déjà connu. Toutes les équipes sont très tactiques et défendent beaucoup. Il y a une très grosse organisation tactique avec une réelle volonté de jouer. Si on enlève les trois grosses équipes (Porto, Sporting Portugal et Benfica) qui sont injouables pour les autres, il y a un autre championnat qui se crée. Pour l’instant, je n’ai connu que de belles surprises parce que j’ai rencontré des équipes que je ne connaissais pas forcément et il y avait de très bons joueurs avec beaucoup de qualités. »

Si on enlève les trois grosses équipes (Porto, Sporting Portugal et Benfica) qui sont injouables pour les autres, il y a un autre championnat qui se crée.

Kevin Mirallas

De 2012 à 2018, tu as joué à Everton, l’autre club de la ville de Liverpool. C’est là que tu as connu ta meilleure période. Tu as même marqué dans le derby face aux Reds en 2013. C’est comment de jouer face à Liverpool ?

MIRALLAS:« Quand j’étais à Everton, c’était un match vraiment à part pour la ville, les supporters et les gens qui sont de là-bas. Moi quand je suis arrivé, la première chose qu’on m’a dit c’était la date du premier match contre Liverpool. J’ai vraiment senti que ce match était très spécial pour les gens de la ville. Personnellement, je trouve que l’ambiance était plus chaude au Goodison Park que quand on allait jouer chez eux. Quand je suis arrivé à Everton, il n’y avait pas trop d’écart entre les deux équipes mais, depuis quelques années, l’écart s’est creusé. Pourtant, il y a tout pour qu’Everton soit au-même niveau. »

Y-a-t-il une ambiance particulière à Liverpool lors un soir de coupe d’Europe ?

MIRALLAS:« Non, pas plus qu’en Premier League. Il y a tellement de chocs chaque week-end en Angleterre, que l’atmosphère est tout autant agréable un soir de coupe d’Europe. Mais on sait tout de même que les supporters ont de grandes attentes pour les matchs européens en Angleterre. Je pense que Liverpool a à coeur de revenir en finale et de l’emporter. C’est un club qui a de grandes ambitions et a un très gros effectif donc l’atmosphère sera spéciale. »

Kevin Mirallas a porté le maillot d'Everton pendant six années. Il revient sur la situation difficile de son ancien club qui lutte pour éviter la relégation.
Kevin Mirallas a porté le maillot d’Everton pendant six années. Il revient sur la situation difficile de son ancien club qui lutte pour éviter la relégation.© iStock

A Everton, la saison ne se déroule pas très bien pour le moment. Ton ancien club est à la 17e place, à seulement trois points du premier non-relégable et joue le maintien pour la première fois depuis longtemps. Crains-tu de les voir descendre ?

MIRALLAS:« J’étais très inquiet il y a deux semaines. Après, ils ont gagné dans un match en retard qui leur a vraiment fait du bien. Je crois qu’ils ont encore deux de matchs en retard. C’est inquiétant parce que c’est une équipe qui n’est jamais descendu et qui n’est pas habitué à être si mal classé. On ne sait pas comment vont réagir les joueurs parce que, tous ceux qui sont là, sont venus pour jouer le haut de tableau. A Everton, il y a une grosse pression pour toujours terminer dans le top 6. Maintenant qu’ils sont à cette position, ça ne doit pas être évident de jouer face aux supporters parce qu’ils ne doivent pas être contents. Mais ce sont aussi des supporters qui sont toujours derrière les joueurs et ils vont continuer à les soutenir malgré cette mauvaise passe. »

L’Antwerp a validé leur ticket pour les Play-offs ce week-end. Un club dans lequel tu as joué lors de la saison 2019-2020. Que penses-tu de leur parcours cette saison ?

MIRALLAS:« Chaque année, l’Antwerp fait tout pour arriver en Play-offs. C’est leur objectif. Le président met beaucoup d’argent mais de là à dire qu’il le met à bon escient, c’est une autre histoire. Depuis que j’y suis allé, je n’ai pas l’impression qu’il y ait eu une progression dans l’effectif malgré le fait qu’on ait gagné la coupe de Belgique et que le club participe régulièrement à la coupe d’Europe. Chaque année, il y a énormément de départs et d’arrivées dans l’effectif. Avec l’arrivée de Marc Overmars (le nouveau directeur sportif de l’Antwerp), ça va certainement leur faire du bien mais on sait déjà qu’il y aura un nouvel entraîneur dans pas très longtemps. Ce ne sera que le troisième ou le quatrième en deux ans. Certes, c’est un club qui progresse grâce aux investissements du président mais, chaque année, il y a beaucoup de mouvements. »

Certes, l’Antwerp est un club qui progresse grâce aux investissements du président mais, chaque année, il y a beaucoup de mouvements.

Kevin Mirallas

Avant d’arriver à Moreirense, tu t’entraînais au Standard pour garder la forme. Tu as déjà montré ton attachement pour ce club où tu as joué étant plus jeune. Récemment, le club a été racheté par le groupe 777 Partners, que penses-tu de ce rachat ?

MIRALLAS:« C’est une bonne chose parce que le président (Bruno Venanzi) voulait le vendre et ça ne se passait plus bien, sur et en dehors du terrain. J’espère que ce groupe va arriver avec de nouvelles ambitions et qu’ils vont pouvoir recréer l’atmosphère du Standard. J’espère également que les supporters vont y trouver leur compte et, qu’à partir de l’année prochaine, le Standard redeviendra l’Enfer de Sclessin. »

Est-ce que tu te verrais retourner au Standard une dernière fois si tu en as l’opportunité ?

MIRALLAS:« Bien sûr, je ne m’en suis jamais caché. J’ai toujours été honnête avec ça depuis le début de ma carrière. J’aurais pu rejoindre le Standard plusieurs fois mais ça ne s’est pas fait. Je peux encore leur apporter quelque chose maintenant. Ce qui est sûr, c’est que la porte est ouverte de mon côté. On verra au moment du mercato. »

Jan Vertonghen et Kevin Mirallas ont fait partie de l'aventure olympique des Diablotins en 2008. Ils ne sont plus revus depuis un petit moment chez les Diables rouges, mais échangent encore depuis qu'ils évoluent tous les deux dans le championnat portugais.
Jan Vertonghen et Kevin Mirallas ont fait partie de l’aventure olympique des Diablotins en 2008. Ils ne sont plus revus depuis un petit moment chez les Diables rouges, mais échangent encore depuis qu’ils évoluent tous les deux dans le championnat portugais.© iStock

Tu as joué un rôle très important dans le parcours de la Génération dorée avec l’équipe nationale. En novembre, elle jouera son dernier grand tournoi avant de passer le relais aux plus jeunes joueurs de la sélection. Que souhaites-tu pour la Coupe du monde 2022 à cette génération que tu as si bien connue ?

MIRALLAS:« J’espère qu’on va décrocher un trophée parce que c’est ce qu’il nous manque après de très beaux parcours, notamment en 2014 et en 2018, en Coupe du monde. On sent que c’est vraiment l’année ou jamais parce qu’il y a un creux qui s’est fait par rapport à la génération d’avant même s’il y a de très bons joueurs. Je ne pense pas que les nouveaux joueurs sont prêts pour reprendre directement le flambeau mais ça viendra avec le temps. C’est le moment ou jamais. L’équipe a pris beaucoup d’expériences sur les derniers tournois et ils arriveront à gérer au mieux cette Coupe du monde. »

« Je ne pense pas que les nouveaux joueurs chez les Diables rouges soient prêts pour reprendre directement le flambeau mais ça viendra avec le temps.

Kevin Mirallas

Les Diablotins se sont qualifiés pour l’Euro Espoirs 2023 mardi passé. C’est là que tout avait commencé pour vous avec la Belgique en 2007. Tu avais brillé lors de cet Euro en 2007 aux Pays-Bas et tu avais même fait partie des meilleurs buteurs de la compétition avec 2 buts importants. Une coïncidence qui arrive au point nommé pour remplacer la Génération dorée.

MIRALLAS:« Ce serait top. Enfin, une nouvelle équipe va jouer les championnats d’Europe Espoirs. Tant mieux pour le football belge, ça prouve qu’il y a de la qualité chez les plus jeunes. Je ne sais pas si je vois le même facteur que lors de notre participation mais c’est tout le mal que je leur souhaite. Que cette génération-là grandisse et fasse de belles choses pour l’avenir de notre pays. Je pense que c’est ce que tout le monde attend. L’avenir nous dira si ces joueurs arriveront à reproduire les résultats de la génération précédente. »

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