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Le foot, un refuge pour les enfants qui cherchent l’asile en Australie

Athmar Habeb, une Irakienne de 16 ans, lance ses instructions dans un anglais parfait, son sifflet autour du cou. Elle semble tout à fait à l’aise dans son rôle d’arbitre lors d’un match de football à Sydney, mais a pourtant fui il y a seulement quatre ans son pays natal déchiré par la guerre.

Quand elle est arrivée en Australie avec sa famille, elle ne connaissait que trois mots d’anglais pour désigner le sel, les pommes et les oeufs. C’est son amour du football qui l’a poussée à frapper à la porte de Football United, une ONG d’aide à l’intégration des réfugiés. Et sa vie a changé.

« Football United m’a donné confiance pour l’anglais et j’ai commencé à ouvrir mon coeur à tous », raconte-t-elle à l’AFP lors d’une « journée de gala » à Sydney, une rencontre amicale entre équipes. « J’ai me suis fait beaucoup d’amis à Football United. Maintenant, la plupart sont mes meilleurs amis. J’adore communiquer avec les gens, surtout les jeunes comme moi. »

Les réfugiés figurent en bonne place dans l’histoire du football australien.

Frank Lowy, l’ex-président de la fédération de football d’Australie, un homme d’affaires milliardaire, est un ancien réfugié juif d’Europe de l’Est arrivé dans les années 1950 avec une seule valise et ne sachant pas un mot d’anglais.

Le journaliste sportif vétéran Lee Murray, aujourd’hui défunt, dont la voix devint synonyme de football en Australie, était, lui, né en Hongrie en 1945 sous l’identité de Laszlo Urge, et avait débarqué dans le vaste pays-continent dix ans plus tard.

– L’inspiration française –

Ces dernières années, plusieurs associations comme Football United sont venues en aide à de jeunes réfugiés comme l’Irakienne Sarah Glaoo, 17 ans, et le Syrien Suliman Alkhateeb, 19 ans. Tous deux sont arrivés à Sydney en 2016 alors que l’Australie octroyait 12.000 places de réfugiés supplémentaires aux personnes fuyant les conflits en Syrie et en Irak.

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La fondatrice américaine du programme Football United, Anne Bunde-Birouste, explique avoir puisé son inspiration dans la Coupe du monde de football 1998: elle vivait alors à Paris et avait été impressionnée par l’euphorie autour de l’équipe de France « black-blanc-beur » victorieuse. « La France a gagné contre tous les pronostics parce que l’équipe était multiculturelle. Cela a rassemblé le pays tout entier », estime-t-elle.

Elle a « voulu voir ce qu’on pouvait faire en Australie pour aider les enfants réfugiés » et lancé ainsi, des années plus tard, l’initiative Football United pour offrir aux jeunes réfugiés l’occasion de pratiquer régulièrement le football. Des milliers d’entre eux s’y sont frottés.

– Faible coût –

L’un des éléments clés est le coût peu élevé pour les familles dans un pays où la pratique du sport en club est chère, explique Natasha Hill, coordinatrice chargée de la communication de l’ONG, qui vit grâce aux dons. Celle-ci permet à des jeunes qui viennent en majorité de Syrie, d’Irak du Soudan et de Birmanie de s’améliorer au foot tout en s’imprégnant de la culture australienne.

« La plupart viennent de familles déchirées », dit Mme Hill à l’AFP. « L’Australie est multiculturelle et quand ils arrivent ici, c’est nouveau pour eux. Avec notre programme, on les aide à s’intégrer aux autres cultures. »

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Honey Thaljieh, directrice de la communication d’entreprise à la Fifa, la fédération internationale du football, a grandi dans les territoires palestiniens. Elle était présente à la « journée de gala » de Football United pour encourager les participants, convaincue que le football a un rôle à jouer pour aider les enfants qui ont enduré un conflit.

« S’ils y croient, leur vie en sera au bout du compte changée – s’ils sont déterminés et s’ils travaillent dur », dit à l’AFP la cofondatrice de l’équipe palestinienne féminine de football. « Le sport en général et le foot en particulier sont le meilleur outil pour les jeunes adultes, pour les enfants, les filles et les garçons. Car le sport, c’est l’inclusion, c’est l’idée de rassembler les gens. »

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